« Le Galibier est un emblème par lequel tout le monde passe au moins une fois dans sa vie. En voiture, en camping-car, en bus… Mais le faire à vélo, c’est quelque chose d’unique. » Directeur de l’Office de Tourisme de Valloire depuis quinze ans, Gérard Ragone a pris dès son arrivée toute la mesure du géant rendu célèbre par le Tour de France depuis 1911 et au pied duquel s’est bâti le charmant village savoyard de Valloire, qui a su préserver toute son authenticité. Située au centre de la vallée de la Maurienne, sur la route des Grandes Alpes entre le col du Télégraphe et le mythique col du Galibier, la station est un point de passage obligé pour tous ceux qui souhaitent un jour toucher la légende du bout des doigts.
Chaque année, plusieurs dizaines de milliers de cyclistes se frottent aux pentes du Galibier. Valloire, le village par lequel tout commence, en recueille les bénéfices. Quand la station, réputée pour bien marcher l’hiver, réalise 800 000 nuitées l’hiver, elle en accomplit 200 000 l’été, dont 60 à 80 000 sont liées au passage par le Galibier. C’est ce que Gérard Ragone désigne comme une « économie de passage lié au col ». A Valloire, la montée du Galibier génère 20 à 40 % de l’économie. Et le vélo représente environ 45 % de ces passages.
Au pied du Galibier, à 1405 mètres d’altitude, la station s’est donc mise au diapason du cyclisme, dont le flux monte en puissance. Quand on arrive à Valloire, les possibilités pour faire du vélo sont multiples. Trois magasins de cycles y sont implantés. Ils proposent la location de vélos et assurent la réparation. Les hébergements, eux, proposent des garages à vélo et l’Office de Tourisme est compétente pour répondre à toutes les questions qu’un cycliste peut se poser. « Encore que ceux qui viennent gravir le Galibier sont préparés, précise le directeur. Il est rare de voir quelqu’un se présenter avec un vélo vétuste et déglingué pour gravir le Galibier. Les gens sont donc assez autonomes. »
Se mesurer au Galibier, c’est aussi se confronter au chronomètre. En cela, plusieurs systèmes ont été mis à l’œuvre à Valloire, de la banale fiche cartonnée – qui a peu marché – jusqu’aux Smartphones et aux applications diverses en passant par le système Timtoo – dont la station admet louer finalement très peu de puces depuis l’apparition des applis.
Pour valoriser sa destination et ne plus figurer seulement comme un point de passage sur la carte cycliste, le village savoyard n’a pas hésité à s’engager financièrement en faveur de l’accueil d’événements. Il s’est doté d’un grand chapiteau et de petits chalets style village de Noël, d’une sono presque professionnelle, d’un podium roulant… « Nous possédons cette grande structure municipale capable de se déployer quand les événements viennent chez nous, explique Gérard Ragone, qui a tout de suite saisi l’importance de l’emblème du Galibier. Nous maîtrisons nos infrastructures, ce qui nous permet de proposer un tel accueil. » Coût de la logistique : 80 à 100 000 euros. Un vrai plus pour des organisations comme Climbing for Life, une manifestation belge qui a réuni il y a deux ans 3400 cyclistes.
Ces dix-huit derniers mois, deux grands événements cyclistes ont été accueillis par Valloire : le Tour de l’Avenir en août 2012 et le Tour d’Italie les 19, 20 et 21 mai 2013. Des événements qui n’ont pas été faciles à organiser mais qui ont néanmoins démontré tout le potentiel de la station. « Avec le Giro, nous avons eu les pires conditions qui puissent exister : la météo, les empêchements administratifs, les oppositions, la période creuse puisque en mai nos commerces sont fermés… Malgré tout nous y sommes parvenus. Recevoir le Tour de France, désormais, ne devrait pas être plus dur que ce que nous avons vécu en termes de logistique ! »
Pour la course rose, tout Valloire s’est impliqué. La station compte une centaine de commerces qui ont ouvert pour l’occasion. Et toutes les résidences et hôtels ont ouvert (1000 à 1200 personnes ont logé à Valloire durant le passage du Giro). 200 bénévoles se sont impliqués dans le passage de l’épreuve italienne, qui a représenté 50 à 100 000 euros de budget pour la station.
Si le vélo de route prime historiquement sur les routes du Galibier, le VTT n’a pas été oublié dans la station de la Maurienne. 135 kilomètres de sentiers balisés et 11 itinéraires VTT sont adaptés aux différents niveaux, permettant à tous de se ressourcer complètement. Le Bike Park Valloire-Galibier a également vu le jour. Pour des retombées estimées moins importantes que la route : « le VTT est un marché plus réduit, plus pointu, évalue Gérard Ragone. Physiquement il ne s’adresse pas à tout le monde. Et ses multiples disciplines sont assez spécifiques. Le vélo de route, à l’inverse, tout le monde peut en faire à son niveau. »