On aurait pu se contenter de leur palmarès puisque les boyaux Hutchinson Pro Tour  sont ni plus ni moins lauréats de neuf des dix derniers Tours de France (avec Lance Armstrong et Alberto Contador) et ont été mis en avant dans les cols de la dernière Grande Boucle par le porteur du maillot à pois Thomas Voeckler. Produits d’exception, ils nous ont néanmoins incités à les essayer. Avec le boyau, on entre dans un autre univers, celui de la manufacture. A l’inverse des pneus, les boyaux sont faits main et ne sortent pas des chaînes. Leur rendu a été à la hauteur de leur réputation.

Les cadeaux de fin d’année approchant, les Pro Tour sont livrés dans des coffrets-cadeaux en édition limitée. Vous avez alors le droit à deux boyaux et deux tubes de colle offerts dans une petite valisette avec poignée. Un coffret-cadeau très classe ! La valve, qui fait 35 millimètres, est démontable. Vu qu’on utilisera souvent ce boyau sur des jantes carbones hautes, il faudra ajouter un prolongateur de valves, d’où la possibilité de démonter la valve.

Nous avons pesé ces boyaux à 258 grammes, sachant qu’un boyau, comme le bon vin, se bonifie avec le temps, et donc change de poids. Un boyau neuf va perdre entre 5 et 10 grammes en séchant. Il s’agit là d’une matière vivante et non d’un simple pétrole modifié comme l’est un pneu. Le rapport avec des roues à boyaux sera donc différent de celui avec des roues à pneus. Plus fragiles, nos roues à boyaux mériteront d’être dorlotées.

Ces boyaux sont faits main, avec des chambres en latex et une carcasse en polycoton. C’est vraiment le nec plus ultra. Ils bénéficient d’un renfort anti-crevaisons et ne crèvent effectivement pratiquement pas. Les équipes pros qui l’utilisent ont très peu de crevaisons à déplorer (une seule crevaison pour l’équipe Europcar sur la totalité du Tour de France contre dix à vingt pour certaines équipes). Ultra performants, ces boyaux sont aussi ultra résistants et possèdent une bonne longévité. Quand certains boyaux, à l’image des pneus, ne font que 1000 kilomètres, ceux-là en font beaucoup plus.

Vendus 320 euros la paire (ils ne sont pas vendus à l’unité), les Pro Tour d’Hutchinson sont les plus chers du marché mais le rendement n’a rien à voir avec des pneus. Ce n’est effectivement pas la même sensation, pas le même bruit non plus, avec un petit sifflement caractéristique. Avec un boyau, on gonfle avec une plus grosse pression, jusqu’à 10 bars allègrement. Mieux vaut ne pas trop dépasser toutefois sous peine de perdre en adhérence, surtout sur le mouillé (plus on gonfle, moins on a de surface avec le sol). Côté rendement, on se rend très vite compte qu’il n’y a pas mieux. On est là sur un produit légèrement supérieur à tout ce qui se fait en pneumatique, même si le tubeless gomme un peu l’inconvénient d’un pneu tout en se rapprochant du rendement d’un bon boyau.

Côté look, c’est important aussi de le relever, les flancs sont noirs, sans mention de la gamme Pro Tour ou indication de section, comme sur les boyaux prototypes. Seul le nom d’Hutchinson apparaît avec sa date de fabrication. Un boyau est en effet millésimé. Il faut le laisser sécher un peu, donc pas forcément l’utiliser dans l’année de sa fabrication, le rendement en sera meilleur, mais ne pas l’utiliser après dix ans, sans quoi le latex sera plus poreux et le boyau craquellera puisque trop sec. Un boyau, ça adhère mieux s’il est jeune mais c’est plus performant s’il est vieux !

Pour les budgets plus petits, le Carbon Comp est proposé à 95 euros l’unité. Nous l’avons également testé. Bien que moins cher, il s’agit tout de même d’un excellent boyau, pesé d’ailleurs à 260 grammes, soit à 2 grammes près le poids du Pro Tour. Sa structure en revanche n’a rien à voir et sa chape est slick, donc lisse. C’est un très bon boyau, légèrement en-deçà du Pro Tour en termes de rendement et de crevaison. Mais il bénéficie également d’une belle longévité. Nous sommes parvenus à venir à bout d’un boyau arrière après 2500 kilomètres !

A  l’avant, la longévité d’un boyau est forcément doublée. A l’arrière, tout dépend de l’utilisation qu’on en fait. Ces boyaux sont réservés à la course. On s’entraîne peu avec. Si on court des critériums avec des relances et des freinages, on les usera évidemment beaucoup plus que sur une cyclo.

Plus d’infos sur Hutchinson sur www.hutchinsontires.com. Pour toute question sur ce test matériel, vous pouvez nous contacter directement par email : testvelo101@velo101.com.