Laurie, quel bilan dresses-tu de la saison sur piste qui vient de s’écouler et notamment des Mondiaux ?
Le bilan est positif aux Championnats du Monde et surtout pour l’ensemble de la saison. Nos objectifs en poursuite par équipe étaient une qualification dans les huit et de battre notre record. Même si nous aurions pu faire un peu mieux en terme de chrono, le contrat est rempli. En américaine, c’était un peu plus dur. À charge de revanche ! Mais le bilan est surtout positif pour l’ensemble de l’équipe de France. Sans parler du bilan des médailles qui a été très bon, nous n’avons jamais été aussi soudés et c’est de très bon augure pour la suite.

Tu n’as pas participé aux Omniums de Coupe du Monde après les Jeux. Pourquoi ?
Cette saison post-JO, j’avais besoin de me lancer de nouveaux défis, de voir autre chose. J’ai intégré l’équipe de poursuite aux Championnats d’Europe et je m’éclate dans cette discipline. De même pour l’américaine.

Comment as-tu perçu les évolutions de la discipline depuis le mois d’octobre ?
Je trouve que cette nouvelle formule fait perdre son caractère polyvalent à l’omnium. Quand il y avait six épreuves, il s’agissait d’être bon partout, aussi bien en sprint qu’en endurance. On pouvait la comparer au décathlon en athlétisme, c’était une épreuve de guerrier ! Je ne dis pas que la nouvelle formule est plus facile, elle est juste moins complète.

Le fait que l’omnium ait écarté les deux épreuves de vitesse (le 500 mètres et le tour lancé) joue-t-il à ce point en ta défaveur ?
Il est vrai que ces deux épreuves étaient mes points forts, mais j’ai travaillé pour qu’elles le deviennent. Quand j’ai commencé l’omnium en 2013, je ne me classais pas en haut du tableau dans ces disciplines. Bien entraînée par Samuel Rouyer, les temps sont descendus, mais j’ai progressé aussi dans les quatre autres épreuves. Il s’agit maintenant d’adapter mes entraînements au nouveau format de l’omnium et j’adore les défis !

Dès lors considères-tu que l’omnium constitue encore ton avenir ?
On ne connaît pas l’avenir… mais l’envie est bien présente.

La poursuite par équipes a été délaissée depuis plusieurs années. L’écart qui sépare aujourd’hui la France des meilleures nations mondiales est-il irrémédiable ?
Nos temps depuis le mois d’octobre n’ont cessé de diminuer et nous sommes, pour la première année, dans le coup. Nous sommes passés de 4’31 » en octobre à 4’25 » en avril. Il est évident qu’à l’heure actuelle nous ne sommes pas capables de faire 4’10 », comme l’ont fait les Britanniques aux Jeux Olympiques. Je dis juste qu’il ne faut pas oublier que nous partons de très loin ! L’arrivée de Steven Henry et l’élargissement du staff endurance ont fait beaucoup de bien à l’équipe de France. Beaucoup de choses ont été mises en place cette année : de nombreux stages piste, des stages au sein de l’équipe de France route. Grâce à tout cela, les deux poursuites par équipes, masculine et féminine, ont progressé en terme de chronos, mais aussi techniquement. Notre but est de continuer cette progression avec un objectif commun : les Jeux de Tokyo en 2020. D’ici là il ne faut pas griller les étapes, et les coureurs tout comme le staff, l’ont bien compris !

Ta 10ème place aux Jeux Olympiques doit-elle être considérée comme une déception ?
Il serait faux de dire le contraire. Je suis de nature assez positive alors la déception a vite été remplacée par l’envie de m’entraîner encore plus dur pour revivre d’autres Jeux Olympiques dans quatre ans. Avec le recul, j’ai pris conscience de ce qui n’avait pas fonctionné

Quels aspects as-tu modifiés pour cette saison post-olympique ?
C’est sûr, cette année post-olympique a été beaucoup moins stressante que les deux années pré-olympiques. L’année des JO, tu as l’impression de jouer ta vie sur chaque épreuve (elle rit). Le moindre petit point est précieux pour la qualification. D’autant plus qu’avant la dernière saison, la France n’était que la 10ème nation européenne. À titre d’exemple, ça fait un moment que j’avais envie d’intégrer la poursuite par équipe. Mais avec la préparation de l’omnium qui était assez complexe et prenante, je ne pouvais pas me permettre de m’éparpiller. Ayant vécu une Olympiade et surtout une préparation olympique, je sais maintenant à quoi m’attendre les trois années à venir et je suis surtout contente de pouvoir partager mon expérience avec ceux et celles qui ne l’ont pas encore vécue.

Changes-tu tes habitudes alimentaires quand tu en es un peu forcée lors de tes déplacements en Asie ou en Amérique du Sud par exemple ?
Il existe une contrainte particulière en Asie et Amérique du Sud. Il faut éviter les viandes rouges car les animaux ont été nourris au clenbuterol qui est, pour les cyclistes, une substance dopante. Mais le choix au buffet est généralement assez large, donc ce n’est pas vraiment un problème.

Le nouveau président de la FFC est issu de ton comité, comment as-tu vécu ce changement de présidence ?
Michel Callot a été un très bon président pour le comité Rhône-Alpes et je suis sûre qu’il sera un excellent président de la FFC. Je pense aussi que Marie-Françoise Potereau qui a été compétitrice et qui est maintenant en charge du haut niveau et du cycliste féminin va faire énormément de bien à notre fédération !