L’énorme fête populaire qu’engendre la tenue des Championnats du Monde à Copenhague cette semaine a donc commencé hier, au cours d’une première journée marquée par le couronnement des rouleurs des antipodes : déjà deux titres mondiaux pour l’Australie. La première des six journées de compétition a aussi permis au Danemark, le pays hôte de ces Mondiaux, d’entamer sa semaine du bon pied. Rencontré le week-end dernier, le chef du service presse de l’Union Cycliste Danoise Kenneth Møller Christensen plaçait les ambitions de l’équipe nationale à deux médailles. L’argent conquis hier par Rasmus-Christian Quaade a déjà permis aux Danois de remplir la moitié de leurs objectifs, alors que l’autre chance la plus tangible de podium se présente ce matin avec la course chronométrée des Juniors garçons.

Sur un circuit citadin de 13,9 kilomètres à parcourir deux fois pour une distance de 27,8 kilomètres, les Juniors ont encore peu de repères les uns vis-à-vis des autres ce matin. Il leur a peu été donné l’occasion de se mesurer tout au long de la saison à pareil niveau, tant et si bien que l’ordre de départ des cinquante-cinq candidats au titre mondial ne reflète pas fidèlement les chances des uns et des autres. Le Néo-Zélandais James Oran en fait la démonstration. Parti dans la première des cinq vagues tôt ce matin, il établit le premier temps de référence en 35’11″79, soit à la moyenne stupéfiante de 47,391 km/h, ce que seuls quatre Espoirs ont réussi à accomplir hier sur un parcours à peine plus long. Le ton est donné, la barre est fixée. Et elle haute, cette barre, tellement haute que James Oran, les jambes enveloppées dans une chaude couverture (il fait 13° ce matin), va camper sur le fauteuil de leader une bonne partie de la matinée.

Ses adversaires sont prévenus. Pour enfiler le maillot arc-en-ciel ce midi, il va leur falloir rouler sur les bases imposées par James Oran. A cette vitesse, les monuments historiques du centre-ville sont traversés sans même un regard. En favori local qu’il est, Mads Wurtz-Schmidt les a de toute façon déjà visités. Pour lui, ne compte que le défilement de l’asphalte auquel se substituent par endroits quelques pavés de ville. Porté par un public danois surchauffé, le jeune homme arrache les meilleurs chronos à chaque pointage intermédiaire. Et c’est à la moyenne de 47,483 km/h qu’il coupe la ligne d’arrivée en 35’07″68. C’est 4″11 de mieux que James Oran, qui cède sa place sur le fauteuil installé après la ligne d’arrivée à Mads Wurtz-Schmidt. Le Danois va alors assister nerveusement au passage des quatorze concurrents partis après lui. Une éternité.

C’est que, au fur et à mesure des arrivées, personne ne parvient à s’approcher du temps canon signé par le coureur du Danemark. Aux chances de podium qui se concrétisent se tisse progressivement un maillot arc-en-ciel. En fait, seul un homme va provoquer une ombre sur le visage blond de Mads Wurtz-Schmidt. L’Australien David Edwards représente rapidement une menace, pointé à 4″55 seulement du Danois après la première des deux boucles. Mais il recule brusquement sur le second tour de circuit, perd 7 secondes en autant de kilomètres. Sur son fauteuil, Wurtz-Schmidt s’agite. Il commence à y croire : le rêve d’un titre mondial prend forme. Et quand David Edwards en termine, il échoue non seulement pour le titre mais aussi pour la médaille d’argent, que s’octroie James Oran. L’Australien se console en conservant un pied sur le podium, à 21 secondes de Mads Wurtz-Schmidt, sacré champion du monde à domicile !

Côté français, c’est la désillusion. Cité au rang de favori et parmi les trois derniers à partir, le vice-champion d’Europe de la spécialité Alexis Gougeard, qui avait épaté les plus grands sur le chrono des Championnats de France de l’Avenir il y a un mois, commet une erreur d’appréciation. Il part trop vite sur un parcours exposé au vent, signe le 3ème temps au premier intermédiaire (à 8″12 après 6,7 kilomètres) puis commence à reculer constamment. Le titre s’envole, le podium ensuite, le Top 10 enfin… Pas à l’aise sur ce parcours plat – celui d’Offida aux Championnats d’Europe comprenait une bosse – et venteux, Alexis Gougeard se classe 11ème à 56 secondes, déçu, comme il nous le raconte en interview (lire par ailleurs). Le champion d’Europe sur route Pierre-Henri Lecuisinier s’en tire un brin mieux sur ce tracé. Il finit 9ème à 49 secondes.

Classement :

1. Mads Wurtz-Schmidt (Danemark) les 27,8 km en 35’07 » (47,483 km/h)
2. James Oram (Nouvelle-Zélande) à 4 sec.
3. David Edwards (Australie) à 21 sec.
4. Markus Faglum-Karlsson (Suède) à 33 sec.
5. Juriy Vasyliv (Allemagne) à 39 sec.
6. Casper Von Folsach (Danemark) à 40 sec.
7. Kristopher Jorgenson (Etats-Unis) à 47 sec.
8. Jon Dibben (Grande-Bretagne) à 48 sec.
9. Pierre-Henri Lecuisinier (France) à 49 sec.
10. Sondre Enger (Norvège) à 50 sec.