La deuxième étape du triptyque que représente le Tour du Piémont Pyrénéen constitue sans aucun doute le jour J de la compétition. Le peloton, réduit d’une bonne vingtaine d’unités, reliera la capitale du Haut-Béarn, Oloron, à la localité de Laruns, au pied de l’Aubisque (127 km). Mais c’est un autre col qui sera le juge de paix : celui de Marie-Blanque (9 km à 7,7 %), un classique du Tour de France, à escalader par Escot, le versant le plus pentu. Le menu du jour est donc particulièrement éprouvant pour les organismes !

Au parking des équipes, la chaleur est déjà de la partie (plus de 34° sur le macadam) et ne manquera pas d’ajouter à la difficulté du jour. La lutte pour la victoire finale semble se circonscrire aux six coureurs ayant fini devant vendredi. Le porteur du maillot jaune Anthony Perez (AVC Aix-en-Provence) est clairement désigné comme l’adversaire à abattre par ses pairs. « Il est à l’aise et en confiance, pour moi c’est l’homme fort du week-end », estime le combatif de la veille Jérôme Mainard (Armée de Terre), 6ème à 3 seconde. « Anthony va être dur à détrôner car il est facile sur tous les terrains, néanmoins il ne faut écarter personne », avertit le dauphin au général Romain Campistrous (GSC Blagnac-Vélo Sport 31).

La course s’annonce donc très ouverte et les parties de manivelles débutent dès l’entame sur des larges portions de route. Lancés à 60 km/h, bon nombre de coureurs portent l’estocade sitôt Oloron derrière eux. Parmi les audacieux, citons François Bidard (Chambéry Cyclisme Formation), sans doute inspiré par l’atmosphère montagnarde du tracé, lui qui s’entraîne en Savoie. A l’inverse, et c’est une surprise, le vainqueur de l’édition 2011 Stéphane Reimherr (EC Trélissac Coulounieix Chamiers 24) pioche à l’arrière du convoi et finira loin (80ème à 32 minutes du vainqueur). Ces premiers faits de course ne sont que les prémices d’une journée captivante.

Alors que l’on approche du Pays Basque, la sélection s’opère dans la côte de Barcus (km 40). C’est dans un décor verdoyant mais suffocant que les hommes en bleu de Blagnac se mettent à l’ouvrage pour leur meneur d’équipe Campistrous. A la bascule, l’épreuve s’est décantée avec un groupe de onze hommes en tête. Les Espagnols Jon Larrinaga et Julen Mitxilena emmènent dans leurs roues Campistrous, mais aussi Yoann Barbas (Armée de Terre), Thomas Girard (Creuse Oxygène) ou encore Mickaël Larpe (Girondins de Bordeaux), soit autant de rivaux dangereux pour le Maillot Jaune. Ce dernier reste dans un peloton qui résiste mais vacille sous les relais appuyés des trois Blagnacais à l’avant. Dans les véhicules suiveurs, on loue l’esprit d’équipe et le flair du groupe sportif dirigé par David Escudé.

Sur les routes menant vers le Béarn, Julien Liponne (UC Aubenas/Bourg-en-Bresse AC) ne se fait pas prier pour passer en tête en haut des deux Grands Prix de la Montagne précédant Marie-Blanque. L’écart grandit lentement mais sûrement alors que le moment-clé du jour se profile à l’horizon : il est de 1’20 » au pied de la montée.

Les choses sérieuses débutent vraiment après plusieurs kilomètres de faux-plat montant. Puis, au passage d’une rivière, la déclivité atteint rapidement les 10 %. Les deux gregarii de Campistrous se sont à peine écartés que Barbas place une attaque. Le groupe explose littéralement, c’est le sauve-qui-peut. Les cyclistes tentent de trouver un second souffle en ouvrant leur tunique. Nouvelle sensation : Larpe comble son retard, mètre par mètre, alors que la pente frise les 13 % ! L’impression de facilité est déconcertante chez ces deux hommes. Le nouveau duo est encouragé par une foule non négligeable lors des derniers hectomètres d’ascension. Pour un peu on se croirait sur la Grande Boucle !

Alors que l’on plonge dans la vallée d’Ossau, la hiérarchie est chamboulée. Les rescapés de l’échappée se mêlent désormais à des hommes sortis du peloton en contre. Ainsi, dans la descente, deux minutes après les premiers, Liponne et Campistrous sont rattrapés par De Almeida (US Montauban 82), Sentucq (CC Périgueux Dordogne) et Bidard. On peut en déduire que le col de Marie-Blanque a joué un rôle prépondérant dans le déroulement de l’étape, d’autant plus qu’il n’était situé qu’à une trentaine de bornes de la fin. Les organisateurs du Lescar Vélo Sprint peuvent être félicités pour avoir imaginé un tel tracé propice à l’attaque !

Dans la vallée menant au circuit de Laruns, les éléments isolés s’insèrent dans des groupes qui ne parviennent pas à réduire leur déficit. A l’avant des voitures suiveuses, les petits arrangements entre alliés de circonstance se produisent. Logiquement, et pour que tout le monde y trouve son compte, le duo devrait collaborer jusqu’à l’arrivée, avec le gain de l’étape pour Larpe et le maillot jaune pour Barbas. C’est effectivement ce qui se produit quelques minutes plus tard, même si une ultime péripétie vient perturber le bon déroulement des événements. Barbas, dans la montée vers Eaux-Bonnes, connaît soudainement un passage à vide ! Atteint par des crampes (deux longues échappées en deux jours), il démontre son sang-froid en s’hydratant et se frictionnant les jambes, pour au final ne perdre que 9 secondes sur le vainqueur !

« Nous avions tout intérêt à nous entendre, explique Barbas. Je voulais me donner à fond jusqu’au bout afin de prendre autant d’avance que possible, car on ne sait jamais de quoi demain sera fait. Malheureusement j’ai eu un coup de chaud, je me suis relevé et les jambes sont revenues. » Une gestion de crise salutaire pour le coureur de l’Armée de Terre, qui préserve ainsi une avance d’une minute et demie au général sur François Bidard, auteur d’un beau retour dans le final. « J’essaye de profiter de ma bonne forme du moment, avoue le nouveau leader. Nous pensions que Aix-en-Provence allait contrôler la course jusqu’au pied de Marie-Blanque (Perez finit 24ème à près de sept minutes), or le peloton a un peu pris l’eau. Pour ne pas prendre de risques j’ai préféré me porter à l’avant. Dans le col je savais qu’il fallait esseuler mes rivaux : contrat rempli ! »

Lors des éditions précédentes, le Tour du Piémont Pyrénéen s’est souvent joué à coup de secondes. Il sera ardu de battre Barbas lors de la dernière étape à disputer sur un parcours casse-pattes entre Serres-Castet et Montardon. Mais comme le dit si bien le nouveau Maillot Jaune : « tant que la ligne n’est pas franchie il faudra rester vigilant… » – Medhi Casaurang

Classement 2ème étape :

1. Mickaël Larpe (Girondins de Bordeaux) les 127,3 km en 3h21’54 » (37,8 km/h)
2. Yoann Barbas (Armée de Terre) à 9 sec.
3. Julien Liponne (UC Aubenas/Bourg-en-Bresse AC) à 1’23 »
4. François Bidard (Chambéry Cyclisme Formation) à 1’38 »
5. Romain Campistrous (GSC Blagnac-Vélo Sport 31) à 2’01 »
6. Guillaume De Almeida (US Montauban 82) à 2’15 »
7. Florent Sentucq (CC Périgueux Dordogne) m.t.
8. Flavien Maurelet (GSC Blagnac-Vélo Sport 31) à 3’26 »
9. Mathias De Witte (BEL, VL Technics-Experza-Abutriek) à 3’28 »
10. Loïc Herbreteau (CC Marmande) à 4’06 »

Classement général :

1. Yoann Barbas (Armée de Terre) en 6h26’16 »
2. François Bidard (Chambéry Cyclisme Formation) à 1’29 »
3. Mickaël Larpe (Girondins de Bordeaux) à 1’42 »
4. Romain Campistrous (GSC Blagnac-Vélo Sport 31) à 1’52 »
5. Guillaume De Almeida (US Montauban 82) à 3’57 »
6. Thomas Girard (Creuse Oxygène) à 4’16 »
7. Jérôme Mainard (Armée de Terre) à 4’19 »
8. Florent Sentucq (CC Périgueux Dordogne) à 5’19 »
9. Julien Liponne (UC Aubenas/Bourg-en-Bresse AC) à 6’20 »
10. Anthony Perez (AVC Aix-en-Provence) à 6’39 »