Clément DupuyClément Dupuy | © CCF

Sur le podium de la Coupe de France pour la quatrième année d’affilée, le Chambéry Cyclisme Formation, pouponnière d’AG2R La Mondiale, s’est une nouvelle fois montré étincelant cette saison. Son directeur sportif, Clément Dupuy, qui entamera l’an prochain sa cinquième saison dans le costume de DS, s’est confié sur cette saison 2018, plus qu’aboutie.

Clément, quel bilan tirez-vous de cette saison 2018 ?

Notre bilan global est plutôt positif. Pour la quatrième année consécutive, nous terminons sur le podium de la Coupe de France. Un indicateur important de la valeur collective d’une équipe. Côté scolaire, beaucoup de satisfaction également. Depuis quatre ans, nos coureurs ont cent pourcent de réussite aux examens scolaires. Sportivement, je retiens de belles victoires, même si, quantitativement, il nous manque quelques succès supplémentaires. Ce n’est pas suffisant. Nous devons travailler dans ce secteur.

Quel est votre plus beau souvenir de la saison ?

Pour moi, c’est la victoire d’Aurélien sur Annemasse-Bellegarde, pour sa dernière année avant de rejoindre les professionnels. En bas de chez lui, sur l’une des plus vieilles classiques françaises, où des grands noms sont inscrits au palmarès. Un grand moment cette saison.

Quel regard portez-vous sur Clément Champoussin, étincelant en fin de saison ?

Clément n’a pas eu le rendement qu’il souhaitait en début de saison. Il a parfois connu un peu de malchance, notamment sur Liège-Bastogne-Liège, où il casse son vélo. Il n’a pas eu de résultats au début. Mais pendant l’été, il y a eu comme un carrefour dans sa saison. Son rendement en fin d’année a été exceptionnel. Il a été très fort sur la fin en signant des résultats sur de nombreuses courses.

Clément représente l’un de vos plus grands espoirs pour le futur…

Absolument. Physiquement, il est capable de grandes choses. Il lui manque encore un peu de régularité sur l’ensemble d’une saison. Il lui faudra franchir ce cap s’il veut rejoindre les rangs des professionnels. Un coureur doit prouver par sa régularité. Mais s’il réitère sa fin de saison sur l’ensemble de la prochaine, il aura des perspectives très favorables. Je n’ai pas de doutes là-dessus.

Nicolas Prodhomme n’a pas été pas en reste non plus, tout comme Anthony Jullien…

Nicolas s’est montré régulier tout au long de la saison. Il a aussi intégré l’équipe de France lors des Championnats du monde, ce qui est assez rare pour une première saison à ce niveau. Anthony, lui, a remporté une grande victoire sur le Tour de Côte d’Or. Il est très important pour le groupe. Le fait de voir ces coureurs réussir de si belles performances est très encourageant pour la suite.

Les pensionnaires du CCF lors du Tour de Savoie Mont-BlancLes pensionnaires du CCF lors du Tour de Savoie Mont-Blanc | © CCF

Un mot sur les mouvements à l’intersaison ?

Nous avons recruté six coureurs. Aloïs Charrin, Paul Lapeira et Valentin Retailleau viennent de la filière Btwin AG2R La Mondiale U19. Nous avons de très bons liens avec cette filière. Nous suivons les coureurs toute l’année et ces derniers n’auront aucun mal à s’intégrer dans notre effectif. Thomas Delphis, lui, possède de grandes qualités dans les chronos. Nous avons aussi recruté deux étrangers. Un Australien, Elliot Schultz et un Américain, Matteo Jorgenson. Il faudra être patient avec eux. Mais ils ont beaucoup de potentiel.

Est-il toujours aussi facile de nos jours de séduire les jeunes coureurs ?

Notre projet, singulier, est une chance pour nous. Il nous permet d’attirer de jeunes coureurs, surtout avec l’image d’une équipe professionnelle derrière nous. Nous n’avons pas de difficultés pour attirer des jeunes. Tous les ans, nous renouvelons près d’un tiers de l’effectif. Et nous recevons chaque année près de quatre-vingt candidatures pour seulement six ou sept places. Il nous arrive de recruter des coureurs venus de l’étranger et du monde entier. Parfois, ces derniers ont du mal à s’adapter. Quitter son pays si jeune pour rejoindre la France est un changement fort, parfois brutal.

Avez-vous toujours cette volonté de former les futurs espoirs du peloton professionnel ?

Bien-sûr. L’objectif, avant tout, est d’envoyer des coureurs performants, formés sur et en dehors du vélo, chez Vincent Lavenu, à AG2R La Mondiale.

Quels seront les grands objectifs la saison prochaine ?

Comme chaque année, nous voulons bien figurer sur les courses importantes en montagne comme le Tour de Savoir Mont-Blanc et la Ronde de l’Isard. La Coupe de France sera aussi un objectif, évidemment. Notre calendrier sera sensiblement le même. Mais on espère gagner plus de course que cette année.

Ne craigniez-vous pas une baisse des subventions trop importantes dans les années à venir ?

Comme toutes les équipes, nous cherchons des idées. On essaye de diversifier nos ressources en organisant notamment des stages cyclistes à destination du grand public. Nous encadrons les personnes voulant faire du vélo, en les préparant, sur de nombreuses formations. Les subventions sont en baisses, c’est un fait. Nous sommes donc contraints de trouver de nouvelles ressources, tout le temps.

Propos recueillis par Romain Boisaubert