Pendant le Rhône Alpes Isère Tour, Tom Bossis (Chambéry Cyclisme Formation), dossard 151, nous confie son carnet de route au cœur de la course.

Mon étape.  « Aujourd’hui, pour la dernière étape qui se disputait dans ma région, je m’étais mis en tête de prendre la première échappée. Je savais que le challenge allait se montrer délicat, mais à ce point ! Dans la première heure, nous avons parcouru 49,1 kilomètres, avec vent et dénivelé quasi nul. J’ai tenté ma chance à de nombreuses reprises, en lâchant tout ce qu’il me restait. À chaque fois que je me refaisais la cerise, je remontais immédiatement filocher en tête de peloton. Aucun groupe n’est jamais parvenu à prendre 100 mètres d’avance dans la première heure. Au 40ème kilomètre se disputait une prime sèche dont le vainqueur remportait une montre Tissot d’une valeur de 500 euros. Je termine second. Par conséquent, je ne gagne rien.

Au terme de cette heure et quart de course folle, la course atteignait les coteaux du Beaujolais. Dès le pied de la côte de Pommiers, la première difficulté, une chute s’est produite en milieu de peloton. Comme beaucoup de coureurs, je n’ai plus jamais revu la tête : cela bataillait encore devant, car l’échappée n’était pas encore partie. C’était le pire scénario qui pouvait se dessiner pour moi : une course de mouvement folle et interminable qui a condamné beaucoup d’entre nous. Je me suis retrouvé dans un petit groupe de quatre, avec un Autrichien qui ne savait pas descendre, un local de Charvieu-Chavagneux qui s’est arrêté parce qu’il avait mal au genou et un Tchèque qui n’avait qu’une obsession : demander à chaque moto s’il pouvait s’accrocher. J’ai rallié l’arrivée tant bien que mal, mais pour cela, il m’a fallu traverser la plaine de l’Ain tout seul. Lorsque j’ai franchi la ligne pour la première et dernière fois, les premiers, et notamment Clément Venturini (Cofidis), vainqueur de l’étape, avaient déjà couvert les trois tours du circuit de quatre kilomètres et étaient arrivés depuis huit minutes, alors qu’il restait encore une dizaine de coureurs derrière moi. »

Mes impressions. « J’ai sans doute connu aujourd’hui l’heure de course la plus rapide que je n’aie jamais courue. 49,1 kilomètres en une heure ! Un peloton complètement fou, sur les faux-plats et les lignes droites interminables de la Dombes. Pour autant, il ne faut pas croire que ce soit forcément l’heure la plus difficile. J’y ai laissé beaucoup de plumes, mais c’est parce que je suis constamment retourné de mon plein gré à la bagarre devant. Dans le peloton, à cette vitesse, l’aspiration est telle que s’il n’y a pas de relance, on se maintient simplement à une allure endurance. Bien entendu, il n’en va plus de même à partir du moment où le vent se lève, où le parcours est sinueux, où le profil devient escarpé. Mais en quatrième jour de course, ce genre de stats laisse perplexe malgré tout. Vu de l’intérieur, c’est assez impressionnant. Dans le peloton, j’ai eu la même discussion avec beaucoup de coureurs : « bon, elle part, cette échappée ? » Pourtant, il y avait toujours quelqu’un pour relancer. Moi y compris.

À présent, la dernière ligne d’arrivée franchie, je suis complètement épuisé. Éric Bouvat, le médecin que l’on partage avec le groupe pro, a coutume de répéter qu’on entend souvent les coureurs dire : « il n’aurait pas fallu un jour de plus ! », à l’arrivée des courses par étapes. Mais qu’en réalité, c’est faux, parce que s’il y avait eu un jour de plus, on serait retourné à la barre, comme la veille, ni plus ni moins. J’ai terminé le Tour de Nouvelle-Calédonie l’année dernière, sur 11 jours consécutifs, même si les étapes étaient bien moins longues et moins éprouvantes. Pourtant, à chaud, je suis bel et bien persuadé que je n’aurais pas pu soutenir un jour de plus.

Quoi qu’il en soit, et avec soulagement, il s’agissait de mon dernier compte-rendu. J’espère que ces quatre billets ont été intéressants. De mon côté, j’ai pris du plaisir à partager mon expérience. Même si pour le moment, je n’ai qu’une seule envie : manger, dormir, prendre une douche froide, une glace et quelques oranginas ! Oups, ça fait plusieurs… »

Classement 4ème étape :

1. Clément Venturini (Cofidis) en 4h16’18 »
2. Romain Combaud (Armée de Terre)
3. Sébastien Hoareau (VC Caladois)
4. Renier Honig (Team Voralberg)
5. Cristobal Olavarria (CHI, Bourg-en-Bresse AC)
6. Julien Stassen (BEL, Wallonie-Bruxelles)
7. Martijn Tusveld (PBS, Rabobank Development Team)
8. Nico Denz (ALL, Chambéry Cyclisme Formation)
9. Tom Dernies (BEL, Wallonie-Bruxelles)
10. Maximilian Werda (ALL, Team Stölting)

80. Tom Bossis (Chambéry Cyclisme Formation) à 29’16 »

Classement général :

1. Matija Kvasina (SLO, Team Gourmetfein Simplon Wels) en 17h06’01 »
2. Julien Guay (Sojasun Espoir-ACNC) à 50 sec.
3. Corrado Lampa (ITA, Team Differdange) à 1’07 »
4. Jure Golcer (SLO, Team Gourmetfein Simplon Wels) à 1’35 »
5. Nicolas Edet (Cofidis) à 1’47 »
6. Patrick Konrad (AUT, Team Gourmetfein Simplon Wels) à m.t.
7. Lasse Bochmann (DAN, Cult Energy Vital Water) à 1’55 »
8. Silvio Herklotz (ALL, Team Stölting) à 2’17 »
9. Julien Liponne (Bourg-en-Bresse AC) à 2’24 »
10. Maximilan Werda (ALL, Team Stölting) à 2’44 »

79. Tom Bossis (Chambéry Cyclisme Formation) à 1h27’49 »