Les Championnats du Monde 2011 fêtent les sprinteurs. C’était déjà ce que tout le monde pressentait à la découverte du circuit de Rudersdal, dans la périphérie nord de Copenhague, et c’est ce qu’a confirmé ce matin la première des cinq courses qui s’y disputeront jusqu’à dimanche. Sur un tracé de 14 kilomètres ne présentant pour seules difficultés que deux légères élévations en début de circuit, la perspective d’un sprint massif a la cote dans toutes les catégories. Bernard Bourreau, l’heureux entraîneur national de l’équipe de France Espoirs, qui lui a offert cette année encore la victoire finale en Coupe des Nations, ne s’y est d’ailleurs pas trompé. Au Danemark, il s’est entouré d’un groupe de six routiers-sprinteurs au talent confirmé. Six garçons plein d’avenir qui incarnent presque autant de chances de voir les Bleus rafler le titre mondial.

La vedette de cette savoureuse équipe nationale, c’est évidemment Arnaud Démare. Le coureur du CC Nogent-sur-Oise, numéro un au classement Vélo 101 et futur pro à la FDJ, vit une saison faste. Onze succès jusqu’alors, la majeure partie au sprint, des places au niveau international et même un flirt avec un premier succès pro au Tour du Poitou-Charentes alors qu’il n’était que stagiaire avec sa future équipe. A 20 ans, c’est lui la star d’une équipe de France dont il avait déjà honoré le maillot l’année passée à Geelong, 5ème de ses premiers Championnats du Monde Espoirs. Avec le néo-pro de Cofidis Adrien Petit pour poisson-pilote, tel que les rôles ont été définis entre les deux sprinteurs, et des équipiers comme Romain Delalot, Rudy Molard, Angelo Tulik et Emilien Viennet, les Bleus sont cités au rang des favoris dans ce Mondial Espoirs long de 168 kilomètres décomposés en douze boucles du circuit boisé et ensoleillé de Rudersdal.

Toutes les idées seront les bienvenues pour prendre à contrepied les nations, nombreuses, qui ont misé sur un sprint massif. Attaquer de bonne heure relève toutefois de la mission impossible, pour ne pas dire suicide. C’est pourtant ce que fait le Brésilien Carlos Manarelli en s’extrayant d’un peloton lancé dès le départ sur les chapeaux de roue. Le coureur sud-américain tient avant tout à faire honneur au maillot de la Seleçao. Un seul coureur va saisir l’enjeu en venant lui prêter main forte dans le troisième tour, l’Italien Gianluca Leonardi. Si tôt, le peloton ne semble pas décidé à interdire la formation d’un duo d’attaquants matinaux. Le tandem Manarelli-Leonardi creuse ainsi l’écart, qui atteindra 4’45 » peu avant la mi-course. Ce sera le maximum autorisé avant que les choses ne commencent à bouger et que la poursuite ne s’organise.

Deux ans après le sacre de Romain Sicard, la Marseillaise retentit de nouveau au Mondial Espoirs.

Ça commence en effet à s’agiter dans le peloton, au sein duquel plusieurs coureurs pressés de fausser les plans des nations de sprinteurs s’impatientent. Il est temps de créer une course de mouvement, pensent ceux-là, et les multiples accélérations recensées en tête de peloton mènent à un regroupement général à 35 kilomètres de l’arrivée. Carlos Manarelli et Gianluca Leonardi se serrent la main puis se rendent, leur contrat d’amuseurs de galerie rempli. A un peu plus de deux tours du but, ils laissent six nouveaux coureurs occuper les avant-postes : Eugenio Alafaci (Italie), Maxat Ayazbayev (Kazakhstan), Natnael Berhane (Erythrée), Christopher Juul-Jensen (Danemark), Philip Lindau (Suède) et Louis Meintjes (Afrique du Sud). Juste de quoi occuper les suiveurs jusqu’au son de la cloche, qui sonne le glas des six hommes de tête à 14 kilomètres du but et annonce le dernier tour de circuit pour un peloton massif et imposant.

Restés discrets mais vigilants, les coureurs de l’équipe de France remontent soudain d’un cran. Emilien Viennet et Angelo Tulik contrôlent les dernières accélérations tandis qu’Adrien Petit pilote déjà Arnaud Démare dans un peloton nerveux. L’équipe d’Australie presque toute entière se place bientôt en tête pour mener le train. D’autres nations suivent. Cette fois la porte est verrouillée, plus aucun attaquant ne sera autorisé à se manifester. Aux Australiens se frottent successivement les Allemands, les Italiens et les Anglais. Les Bleus, eux, choisissent la discrétion en second rideau, d’où ils gardent une vision globale du déroulement des opérations. Ils ne se porteront devant qu’au moment opportun, dans la ligne droite finale bâtie en faux-plat montant et conduisant tout droit au graal, le maillot arc-en-ciel de champion du monde Espoirs !

Ce sont les Britanniques qui lancent le sprint pour Andrew Fenn, mais le sprinteur d’An Post-Sean Kelly est lâché trop tôt et ne va pas peser lourd dans le sprint, que les Français font tourner à leur avantage à 200 mètres du but. Parfaitement bien emmené par Adrien Petit, le Beauvaisien Arnaud Démare prend les rênes au centre de la chaussée. Il est irrésistible à Rudersdal, où il franchit la ligne dans un cri de joie, son copain Adrien Petit asseyant la domination de l’équipe de France Espoirs en s’offrant la médaille d’argent, devant Andrew Fenn. Deux ans après le sacre de Romain Sicard, la Marseillaise retentit de nouveau dans un Championnat du Monde Espoirs. La France se découvre surtout deux grands sprinteurs appelés à rivaliser dans un proche avenir avec les plus rapides finisseurs du monde. Un somptueux doublé mondial qui vient couronner les grands espoirs fondés sur nos athlètes tricolores pour les années à venir.

Classement :

1. Arnaud Démare (France) les 168 km en 3h52’16 » (43,4 km/h)
2. Adrien Petit (France) m.t.
3. Andrew Fenn (Grande-Bretagne) m.t.
4. Rudger Selig (Allemagne) m.t.
5. Marco Haller (Autriche) m.t.
6. Filippo Fortin (Italie) m.t.
7. Wouter Wippert (Pays-Bas) m.t.
8. Alexey Tsatevitch (Russie) m.t.
9. Tosh Van Der Sande (Pays-Bas) m.t.
10. Andris Smirnovs (Lettonie) m.t.