Les épreuves chronométrées ont passionné l’assistance en début de semaine dans le centre-ville bouclé pour l’occasion de Copenhague. Et tandis que se profile la fin de la semaine, ce sont les courses en ligne qui débutent ce matin. Les Championnats du Monde ont pris leurs quartiers à Rudersdal, une commune située à 15 kilomètres au nord de la capitale du Danemark, et autour de laquelle a été dessiné un circuit de 14 kilomètres qui prête à débat. Depuis que les délégations de chaque nation ont pris connaissance du tracé, on entend dire partout que ce parcours des Mondiaux 2011, privé de difficulté digne de ce nom, fera les yeux doux aux meilleurs sprinteurs du monde. Mais il convient d’attendre la première des cinq courses pour en avoir le cœur net, car comme toujours ce sont les coureurs qui décideront que faire de ce circuit.

La course du matin, qui réunit une grosse soixantaine de filles issues de la catégorie Juniors, n’est sans doute pas la plus représentative, mais elle va largement suffire à se faire une idée de l’absence d’intérêt d’un tel circuit. Il est agréable, ce parcours en campagne sur des routes au parfait revêtement. A vrai dire c’est un très joli endroit pour rouler, surtout par temps ensoleillé comme il l’est ce matin. Mais quant à y distribuer des titres mondiaux, la question mérite vraiment d’être soulevée… Le circuit de Rudersdal est un boulevard de 14 kilomètres à travers la campagne boisée du Danemark. De longues lignes droites et planes sur une chaussée large et abritée, que deux petits monticules placés en début de circuit ne permettent même pas aux coureurs de se mettre en danseuse. Le premier des cinq tours (pour un total de 70 kilomètres) couvert par les filles est révélateur : plus de 38 de moyenne sans à-coups. Un vrai tapis roulant.

Il ne faudra pas non plus s’en remettre aux caprices de la météo pour durcir un peu cette course promise d’avance à un sprint massif. Un franc soleil illumine les routes de Rudersdal, sur lesquelles les filles s’élancent en manches courtes malgré un départ bien matinal. Le premier tour accompli sans heurt, il convient encore d’examiner les chances d’une échappée sur ce parcours. C’est Amy Roberts (Grande-Bretagne) qui s’y colle la première en démarrant à l’entame du deuxième tour. La première attaquante reste constamment en point de mire du peloton, même avec 20 secondes d’avance. Derrière cet enseignement s’en cache un autre : l’équipe de Grande-Bretagne est une candidate très sérieuse au titre mondial. Elle essaie d’appliquer une tactique défensive pour protéger la concurrente échappée, mais tout se regroupe.

Au moment de fournir son effort, Lucy Garner manque de s’accrocher avec Jessy Druyts !

A l’évidence, il sera difficile de s’échapper et surtout de résister à un retour du peloton, toujours présent dans le sillage des différentes attaquantes isolées qui se manifestent. Les unes après les autres, les plus intrépides tentent leur chance. L’Italie met notamment le feu aux poudres au cap de la mi-course, mais ces diverses actions permettent uniquement d’éliminer quelques concurrentes en queue de peloton. L’autre tentative sérieuse de la matinée est menée par la Néerlandaise Thalita De Jong, un moment prise en chasse par cinq poursuivantes. Mais comme toujours le peloton n’est jamais loin. L’écart oscille entre 10 et 20 secondes et un regroupement, encore un, s’opère à 20 kilomètres de l’arrivée. Ayant constaté l’échec des différentes attaquantes, les favorites moins à l’aise au sprint se doivent tout de même de tenter leur chance. Et c’est ce que va faire brusquement la championne italienne Rossella Ratto, très attendue.

La championne d’Europe route et contre-la-montre, médaillée d’argent aux Mondiaux d’Offida il y a un an derrière Pauline Ferrand-Prévot, passe à l’attaque ! Elle entame le tour final avec 6 secondes d’avance sur un peloton duquel s’extrait l’Allemande Mieke Kröger, impressionnante dans le chrono lundi, qu’elle a conclu avec la médaille de bronze autour du cou. Les deux filles sont d’excellentes rouleuses et elles ne mettent pas longtemps à s’entendre. Derrière, les équipes d’Allemagne et d’Italie cherchent judicieusement à freiner la progression du peloton. L’écart atteint 35 secondes, le plus gros enregistré ce matin, puis retombe dans les kilomètres finaux. En cessant curieusement de collaborer avec Mieke Kröger à plus de 2 kilomètres du but, Rossella Ratto condamne l’échappée, qui est absorbée à 350 mètres du but.

Le peloton regroupé, c’est donc l’inévitable sprint qui clôt ce Championnat du Monde sur le faux-plat montant menant à la ligne. La Britannique Lucy Garner est dans son élément, et elle se fait une grosse frayeur au moment de porter son effort décisif à 150 mètres de l’arrivée. La Belge Jessy Druyts, en déboîtant légèrement sur la droite, manque en effet d’accrocher Lucy Garner, qui se ressaisit rapidement pour se propulser en tête de peloton et franchir la ligne en lauréate incontestable. Elle s’impose devant Jessy Druyts et la Danoise Christina Siggaard. La championne de France et lauréate de la Coupe de France Juniors 2011 Manon Souyris réalise une belle remontée dans ce sprint pour costaudes en faux-plat montant, mais elle manque de peu la troisième marche du podium et doit se contenter du 4ème rang. Nous voilà en tout cas prévenus pour la suite des événements : ce circuit danois est bel et bien taillé sur mesure pour les sprinteurs.

Classement :

1. Lucy Garner (Grande-Bretagne) les 70 km en 1h46’17 » (39,5 km/h)
2. Jessy Druyts (Belgique) m.t.
3. Christina Siggaard (Danemark) m.t.
4. Manon Souyris (France) m.t.
5. Christina Perchtold (Autriche) m.t.
6. Sheyla Gutierrez (Espagne) m.t.
7. Lisa Kullmer (Allemagne) m.t.
8. Beatric Bartelloni (Italie) m.t.
9. Kelly Markus (Pays-Bas) m.t.
10. Silvija Latozaite (Lituanie)