Alain, le Conseil Fédéral d’Appel de la Fédération Française de Cyclisme a prononcé la relégation du CC Nogent-sur-Oise en Division Nationale 2. Quel en est le motif ?
Il est d’ordre financier. Nous avons fait l’objet d’un contrôle fiscal en décembre 2012 qui a débouché sur un redressement de 129 268 euros. La presse en a fait l’écho et cela nous a porté préjudice alors que nous avions acquis un camion de 70 000 euros à l’aube de la saison 2013. De fait la banque nous a refusé un prêt bancaire. Nous sommes intervenus auprès d’une seconde banque qui nous a accordé le bien dans le cadre d’un crédit-bail. Avec un prêt bancaire, nous aurions pu étaler le remboursement du camion sur cinq ans en dotation aux amortissements, ce qui aurait généré moins de charges comptables. Or un crédit-bail nous a contraints à une dépense mensuelle sur deux ans, avec des mensualités obligatoirement beaucoup plus fortes. Rembourser le camion sur deux ans au lieu de cinq a porté préjudice à notre comptabilité, ces finances ont entraîné du déficit plutôt qu’un équilibre des comptes, mais la fédération n’a pas voulu en tenir compte.

A combien s’élève le déficit du club ?
Nous avons fini la saison 2014 avec un bilan comptable négatif de 45 000 euros, pour lequel a été absorbée notre réserve de 20 000 euros, ce qui nous a fait partir au 1er janvier 2015 avec 25 000 euros de déficit. 12 000 euros se sont ajoutés à ce déficit en 2015, soit un total de 37 000 euros à la fin de l’année. Je suis intervenu auprès du maire de Nogent-sur-Oise, qui nous a alloué une subvention exceptionnelle de 10 000 euros. Nous partons donc cette saison avec un déficit de 27 000 euros contre 25 000 l’an passé. Sur un budget de 600 000 euros, ça ne fait pas une grosse différence.

Comment est financé ce budget ?
Le budget est essentiellement financé par les collectivités (ville, département, région). Nous recevons également des subventions de la part de la Direction Départementale de la Jeunesse et des Sports (DDJS) par le biais du Centre National pour le Développement du Sport (CNDS). Auxquelles s’ajoutent les cotisations, les dotations des partenaires, les mécènes et quelques partenaires privés. C’est une enveloppe de 600 000 euros qui intègre l’école de cyclisme, les Minimes, les Cadets, les Juniors, les Pass’Cyclisme et l’équipe première, sans oublier nos organisations de courses cyclistes puisque nous sommes organisateurs d’une dizaine d’épreuves et de deux cyclo-cross. Le CCNO, ce sont 153 licenciés, ce qui représente le premier club cycliste de Picardie, toutes disciplines confondues, sur un total de 82 clubs picards.

Et l’un des premiers clubs de France si l’on tient compte des résultats que vous affichez depuis une dizaine d’années…
Malheureusement la fédération n’a pas tenu compte des résultats sportifs de notre structure. Trois des six coureurs de l’équipe de France Espoirs à Richmond ont été formés au CC Nogent : le champion du monde Kevin Ledanois, le médaillé de bronze Anthony Turgis et Marc Fournier (NDLR : respectivement pros cette saison chez Fortuneo-Vital Concept, Cofidis et FDJ). Arnaud Démare, quand il devient champion du monde Espoirs en 2011, portait nos couleurs. Voilà dix-huit ans que nous évoluons en DN1, et huit années que nous concluons la Coupe de France dans le Top 5, avec deux victoires en 2006 et 2011.

Quelles mesures avez-vous prises après le refus de la FFC d’engager le CCNO en DN1 en première instance ?
Nous avons fait appel de la décision émise, et avons étudié toutes les lignes budgétaires, ce qui nous a permis de faire une rectification de près de 50 000 euros. J’ai été reçu par le Conseil Fédéral d’Appel le 27 janvier. Mais je suis alors tombé devant trois « gendarmes » : un avocat, un commissaire aux comptes et un expert comptable. Et ils ont refusé chacune des propositions que nous avions formulées, estimant que les pièces fournies étaient arrivées après le délai imparti.

Dès lors, il ne vous reste plus qu’une alternative pour conserver votre place en Division Nationale 1 : celle de faire une demande de conciliation devant la Conférence des conciliateurs du Comité National Olympique et Sportif Français…
Tout à fait. Notre avocat a fait partir notre demande hier matin. Nous espérons recevoir une convocation en début de semaine prochaine dans la mesure où la première manche de la Coupe de France DN1 se tiendra le samedi 20 février à Aix-en-Provence ! Nous espérons dès lors qu’une décision sera prise rapidement.

La Coupe de France démarre samedi en huit. Comment le concevez-vous ?
Je vois trois cas de figure. Ou bien nous sommes fixés définitivement la semaine prochaine, auquel cas nous prendrons le départ si nous sommes maintenus en DN1 – le bulletin d’engagement a été réalisé. Ou bien nous ne ferons pas le déplacement si nous sommes relégués en DN2. Ou bien la décision est prise ultérieurement, et nous serons privés de la première manche de la Coupe de France, ce qui nous sera de toute façon préjudiciable pour les points si nous sommes conservés en DN1.

Quid de la cinquième manche de la Coupe de France que vous organiserez le dimanche 8 mai dans le cadre du Grand Prix de Nogent-sur-Oise ?
C’est bien simple : si le CCNO conserve sa place en Division Nationale 1, nous organiserons le Grand Prix de Nogent ; si nous sommes classés en DN2, il ne faudra pas compter sur nous. Il est hors de question que je regarde les dix-neuf clubs de DN1 passer chez nous pendant que nos gars restent à la maison. S’il faut faire des éconmies, c’est par ici que nous commencerons à les faire, sachant que l’enveloppe destinée à couvrir les frais de déplacement de l’ensemble des équipes est de 8000 euros. Je resterai ferme sur ce point. Si la fédération estime que nous ne sommes pas assez bons pour courir en DN1, nous ne le serons pas non plus pour organiser à ce niveau.

Comment les garçons du CC Nogent-sur-Oise vivent-ils la période actuelle ?
Pour l’instant, c’est un point d’interrogation pour tout le monde. Nous avons dit aux coureurs que nous étions en train de nous débattre pour savoir si nous resterions en DN1 ou si nous serions reclassés en DN2. Tout le monde est un peu inquiet pour l’instant mais le choix ne nous appartient pas. Cette décision sera prise au-dessus de nous.

Quel avenir prêtez-vous au CCNO s’il devait évoluer en DN2 cette saison ?
L’équipe est formée depuis l’été dernier. Nous avons pris nos dispositions dès le mois de juillet sachant que deux coureurs allaient passer chez les professionnels, Marc Fournier à la FDJ, Félix Pouilly à Roubaix Métropole Européenne de Lille, et que d’autres allaient nous quitter. Pour maintenir le niveau de l’équipe, nous avons pensé au recrutement dès juillet. Tout est en place pour courir en DN1. Mais indépendamment des huit manches de la Coupe de France DN1, nous sommes retenus pour chaque organisation nationale ou internationale pour laquelle nous avons déposé une candidature, exception faite du Tour de Bretagne. Quelle que soit notre catégorie, nous serons sur ces épreuves.

Propos recueillis le 11 février 2016.