Kevin, tu viens de t’adjuger deux manches du Circuit des Plages Vendéennes. Laquelle des deux te rend le plus fier ?
J’avais coché la course de Chantonnay depuis déjà trois mois, dès ma signature avec le CM Aubervilliers 93. C’était une idée de mon directeur sportif Yves Prévost. Il voulait que je la gagne et il me l’avait mis comme premier objectif de la saison. Je suis plus puncheur que grimpeur, les bosses de Chantonnay qui grimpent sur 800 à 1000 mètres étaient idéales pour moi. Et pour le coup ça a bien fonctionné. Mais celle que j’ai remportée trois jours plus tôt à Sainte-Flaive-des-Loups me tient au final plus à cœur car elle restera ma première victoire en Elite. C’est celle qui m’a servi de déclic.

D’où t’es venu ce déblocage ?
J’ai réalisé l’an dernier avec le Team Peltrax-CS Dammarie-lès-Lys ma véritable première année Elite, et j’ai mis cet hiver pas mal de choses en place pour réussir. Je collabore avec un bon entraîneur depuis l’intersaison et j’ai pris un petit temps partiel au boulot, ce qui me permet de consacrer une demi-journée de plus au vélo chaque semaine. Et puis surtout mon arrivée à Aubervilliers m’a permis de franchir un cap.

Quel nouvel environnement as-tu découvert au CM Aubervilliers 93 ?
C’est vraiment une autre dimension dans le vélo. Même si je sors de DN2 et qu’Aubervilliers évolue en DN3, on sent qu’on est tout de suite dans un fonctionnement professionnel tout en étant amateurs. J’ai rejoint la structure à la demande d’Auber, qui m’a appelé et expliqué le projet 2016, différent des autres années avec un budget moins restreint. C’était aussi pour moi une aubaine en matière de proximité. Il y a des départs club d’Aubervilliers et de Melun. J’habite désormais à même pas un quart d’heure du point de rendez-vous, c’est idéal pour moi qui travaille 34 heures par semaine.

A l’évidence, tu as tout de suite pris tes marques au sein du club ?
Je connaissais déjà pas mal de gars. En plus de tous les entraînements d’hiver et du rassemblement organisé en Vendée pour les Plages, nous avons réalisé un stage au mois de janvier. La mayonnaise a bien pris.

Comment organises-tu tes semaines d’entraînement en parallèle de ton activité professionnelle ?
Je travaille en tant que préparateur méthodiste dans l’aéronautique, à la Snecma, à raison cette année de 34 heures au lieu de 38. J’ai pris ce petit temps partiel pour consacrer un peu plus de temps au vélo. Bien sûr, si j’avais pu prendre plus, je l’aurais fait, mais financièrement c’était compliqué. Si l’on parle de semaine-type, en préparation hivernale, c’est trois heures le jeudi, quatre heures le samedi, quatre heures le dimanche, et désormais quatre heures le mardi après-midi grâce à ma disponibilité. J’ai ajouté à cela deux semaines de congés en Martinique au mois de janvier pour vraiment faire mon socle hivernal dans des conditions optimales, au chaud et sans avoir à craindre des douleurs au genou.

Un genou qui t’a longtemps handicapé…
J’ai dû arrêter le vélo presque quatre ans à cause de problèmes au genou. Je me le suis fracturé puis ça a été une série de problèmes. J’ai fini par abandonner le vélo en 2010. Quand j’ai voulu reprendre, j’ai mis toutes les chances de mon côté en utilisant des semelles adaptées, en réalisant des études posturales. J’ai voulu repartir sur quelque chose de sérieux. Et aujourd’hui tout va pour le mieux.

Que t’apporte le travail réalisé depuis cet hiver avec un entraîneur ?
Je n’avais pas eu d’entraîneur jusqu’alors. Je roulais aux sensations, un peu comme je le sentais, or je découvre aujourd’hui que j’étais loin de la réalité. Il n’est plus question d’aller rouler beaucoup quand je me sens bien et de ne pas toucher au vélo quand je me sens moins bien. Désormais, mon entraînement est beaucoup plus structuré. Nous avons une vision sur le long terme. J’ai appris à cibler un objectif et je travaille notamment avec un capteur de puissance. J’ai en outre freiné un peu le cyclo-cross cet hiver, en commençant la saison tard pour l’arrêter très tôt. L’idée, c’était vraiment de préparer la route au mieux.

Quels objectifs te fixes-tu cette saison ?
Je vais principalement miser sur les Coupes de France DN3, qui tiennent à cœur au club et aux coureurs, nous qui ambitionnons de monter en DN2 la saison prochaine. Il ne faudra pas se manquer sur ces rendez-vous. J’entends également marcher sur les belles Elites Nationales et les Championnats de France, si nous pouvons en être.

La Coupe de France DN3 s’articulera cette année autour de cinq manches au lieu de trois. Cela rendra-t-il le classement final moins aléatoire ?
Il est clair que la régularité sera davantage récompensée sur cinq manches que sur trois. Avec trois courses, il suffisait d’en louper une pour que le classement général soit plié. C’est ce qui s’est passé pour Auber l’an dernier. Ils étaient bien placés après les deux premières manches mais n’ont marqué aucun point sur la dernière épreuve et ont dégringolé au classement général. Cette année, avec cinq manches, la régularité sera davantage mise en avant. La première manche interviendra vite maintenant, en fin de semaine prochaine à la Vienne Classic.

Il y a aura probablement une ou deux places à prendre chez les pros de HP BTP-Auber 93 la saison prochaine, en fais-tu un objectif ?
Je n’en fais pas un objectif à part entière, ma vie étant déjà construite à côté du vélo, avec un travail. Je ne me mets donc pas la pression quant à cela mais si ça doit se faire et qu’on m’en donne l’opportunité je saisirai ma chance sans aucune hésitation. Je ne me fais pas forcément d’illusions mais si ça doit se faire ce sera oui sans hésiter.

Propos recueillis le 25 février 2015.