Samuel, tu as beau avoir fêté tes quarante ans samedi dernier, tu continues de te montrer performant. T’attendais-tu à afficher un tel niveau de forme dès le début de la saison sur l’Essor Basque avec cinq Tops 10 dont deux victoires ?
Je me suis bien entraîné tout l’hiver, mais je suis tombé malade dix jours avant le début de l’Essor Basque. Je n’ai que très peu roulé et le premier week-end, je ne m’attendais pas à des miracles. Je savais que j’allais manquer un peu de rythme. Mais les trois premières épreuves m’ont permis de me mettre dans l’allure. C’est pourquoi je m’attendais à être nettement mieux le deuxième week-end. Ça s’est concrétisé avec deux victoires à la Ronde du Pays Basque et au Trophée de l’Essor.

Ta préparation hivernale avait pourtant été perturbée.
J’avais dû arrêter ma saison mi-septembre au GP de Machecoul car je ressentais à nouveau des douleurs au genou. Ce sont des douleurs récurrentes depuis mon accident de la circulation de 2010 duquel je suis ressorti avec une triple fracture du genou. Je suis entré en rééducation à la fin du mois de septembre et j’y ai passé tout l’hiver à compter de trois demi-journées par semaine. Tout cela m’a pris pas mal de temps et m’a beaucoup fatigué. Comme j’avais moins de temps, j’ai moins roulé en quantité, mais j’ai plus roulé en qualité. Au bout du compte, la préparation n’a pas été si mauvaise que cela.

Dès lors comment as-tu adapté tes séances d’entraînement ?
Je ne roulais pas sur les journées que je passais en rééducation. J’ai essayé de le faire quand mon genou allait mieux. Mais on s’est vite rendu compte que les charges de travail étaient trop imposantes et que les entraînements déclenchaient à nouveau les douleurs. Les médecins qui me suivaient m’ont alors dit de me calmer.

Malheureusement, après l’Essor Basque tu as connu un vrai coup d’arrêt.
J’étais encore très bien la semaine qui suivait l’Essor Basque, mais je suis tombé malade avant le Tour du Pays Roumois le 28 février. Je suis allé rouler à la veille de l’épreuve, mais quand je suis rentré chez moi, je me suis senti courbaturé, malade. J’ai tout de même été courir, mais c’était une erreur. Je suis resté quatre jours au lit avec de la fièvre. Je n’ai pas du tout roulé la semaine dernière. Je n’ai recommencé à rouler que lundi et ce n’est toujours pas la forme. Je ne suis plus malade, mais je sens que cette infection pulmonaire m’a vraiment affaibli et j’ai du mal à m’en remettre. Je dois disputer la Classique Le Poinçonnet-Limoges samedi. Ça ne sera sans doute pas terrible, mais ça pourrait me remettre dans le bain. Si j’étais en bonne forme, je devais faire la Durtorccha le 19 mars, mais ça remet tout en question.

Tu as annoncé la fin de ta carrière à la fin de cette année. Tes performances peuvent-elles t’inciter à pousser pour une saison supplémentaire ?
Tout d’abord, je n’ai pas dit qu’il s’agirait de ma dernière saison, mais qu’il s’agirait de ma dernière saison à ce niveau. Ensuite, je pense que ça ira plutôt dans l’autre sens. J’ai quarante ans. Rester à ce niveau exige beaucoup de sacrifices. Si je continue, je vais sans doute moins courir et faire davantage de petites courses. Je pense simplement qu’il est temps de passer à autre chose, de diminuer. Je voudrais aussi passer plus de temps avec ma famille.

Tu possèdes l’un des plus beaux palmarès du cyclisme amateur français. Qu’est-ce qui te motive encore aujourd’hui ?
L’esprit de compétition. Ça a toujours été comme cela. J’ai toujours l’envie de gagner des courses. La passion du vélo est l’autre source de ma motivation. Je n’ai toujours fait que cela. C’est quelque chose que j’aime. Je ne vais pas à l’entraînement à reculons. C’est la raison pour laquelle j’ai duré dans le temps.

Ne crains-tu pas que cela te manque l’an prochain ?
Ce sera certainement le cas, mais il faut bien passer à autre chose. Étant toujours classé dans les meilleurs Français, je ne pourrais pas descendre de catégorie. Je ferai sans doute moins de courses Elites, je m’entraînerai moins l’hiver et je m’accorderai plus de breaks avec des week-ends sans courir. Tout cela sera décidé en concertation avec mon club.

Le Team Peltrax-CS Dammarie-les-Lys aspirait à monter sur le podium en Coupe de France DN2 l’an dernier. L’objectif restera-t-il le même cette saison ?
Tout à fait, monter sur le podium fait toujours partie des souhaits du club. Je pense que nous en avons les moyens. Mais une Coupe de France reste très aléatoire. Il y a peu d’épreuves et il suffit de passer à côté d’une manche pour tout remettre en question. L’an dernier, les gars avaient très bien marché sur les premières épreuves. Je n’étais pas là, n’ayant recommencé à courir qu’à la fin du mois d’avril. Nous étions bien classés, mais nous sommes passés au travers d’une manche et nous avons rétrogradé au classement général pour terminer à la 8ème place.

Le calendrier de cette année n’autorise aucun faux pas en mai avec trois manches sur les cinq en moins d’un mois. La préparation a-t-elle été pensée pour atteindre un pic de forme à ce moment précis de la saison ?
Me concernant, je me suis surtout préoccupé de mon genou cet hiver et je prends les courses les unes après les autres. En revanche notre directeur sportif José Gouère voulait que les gars n’en fassent pas trop en début de saison pour arriver avec un minimum de fraîcheur à cette période où se dérouleront le Tour du Périgord-A Travers les Bastides (1er mai), les Boucles Nationales du Printemps (14 et 15 mai) et les Boucles de la Marne (28 mai).

Sur ces épreuves, tu ne pourras pas porter le maillot de champion du monde Masters que tu as remporté en septembre dernier au Danemark et que tu as porté sur l’Essor Basque. Pourquoi cet imbroglio ?
A l’intersaison, j’avais demandé si j’avais bien le droit de porter ce maillot de champion du monde aux personnes qui s’occupent de ces dossiers à la Fédération. On m’a confirmé que je le pouvais sauf sur les épreuves où des points UCI sont distribués, c’est-à-dire les épreuves de Classe 2. À partir de là, mon équipementier m’a fourni une tenue de champion du monde qui ne sert finalement pas à grand-chose puisque la Fédération a informé mon club après l’Essor Basque que je n’avais pas le droit de le porter sur les courses Elites. En revanche, ils m’autorisent à le faire sur les épreuves 1,2,3 et régionales. C’est contradictoire.

Quel est le motif qui t’a été donné ?
Ils se basent sur le fait qu’il n’existe aucun point de règlement à l’UCI. Peut-être n’ont-ils pas pensé qu’un coureur de quarante ans pouvait toujours courir en Elite Nationale ! Mais l’Union Cycliste Internationale est elle même allée dans mon sens en m’autorisant à porter le maillot sur toutes les courses, sauf celles de Classe 2. J’attends des réponses de l’UCI, mais pour le moment ça remet tout en question. Avant cette nouvelle, j’avais envie d’aller défendre mon titre en Australie. Mais à l’heure actuelle je ne me vois pas aller de l’autre côté de la planète pour défendre un maillot que je n’aurai pas le droit de porter.

Propos recueillis le 9 mars 2016.