Jean-Philippe, vous managez le Team Pro Immo Nicolas Roux, quel bilan tirez-vous de cette saison 2017 ?

Dans l’ensemble, la saison a été bonne, peut-être juste un petit manque de régularité dû au sous effectif. L’arrêt de Pierre-Henri Lecuisinier et la blessure d’Alexis Carlier nous ont pénalisés, les plages de récupération n’étant pas suffisantes par rapport à notre programme. Mais, nous terminons tout de même la saison avec une quarantaine de victoires.

Quelles ont été vos satisfactions et, à contrario, vos déceptions cette année?

Les victoires de Sébastien Fournet-Fayard au Championnat Auvergne Rhône Alpes et au Tour de Guadeloupe resteront les moments forts de la saison. Quant à la déception, il s’agit de l’arrêt prématuré du Pirre-Henri Lecuisinier qui, à la base, devait être notre leader…

Sur quels points avez-vous performé, et sur quels autres avez-vous déçu ?

Le collectif était très fort, par contre, sur les coupes de France, qui se courent différemment, nous n’avons pas toujours trouvé nos marques.

Comment avez-vous trouvé le niveau des coupes de France cette saison ?

Le niveau était très élevé cette année.

Quels coureurs vous ont particulièrement impressionné cette année, chez vous et chez vos adversaires ?

Chez nous, Sébastien Fournet-Fayard m’impressionne, il devrait être chez les pros. Ensuite, Benoît Cosnefroy, Yoann Paillot étaient aussi vraiment très forts.

Pensez-vous que la coupe de France, les coupes de France même, devraient être mieux mises en valeur ?

Oui, médiatiquement, la coupe de France n’est pas du tout mise en valeur. Moi même qui suis directeur sportif, je ne peux pas vous donner les 3 premières équipes sans réfléchir, ce n’est pas normal.

Trouvez-vous que les parcours sont représentatifs de toutes les qualités que l’on peut attendre d’un coureur et d’une équipe ?

Non, il devrait y avoir un CLM individuel, un CLM par équipe, une épreuve de montagne, une manche pour sprinters, et une manche pour baroudeurs. 5 manches seraient suffisantes.

Combien coûte une saison pour vous et combien de kilomètres avez-vous effectué à titre personnel ?

Le budget de l’équipe avoisine les 400 000 €. Cette année, j’ai encadré 92 jours de course, j’ai passé 97 nuits à l’hôtel et parcouru 80 000 km en voiture pour l’équipe.

Beaucoup réclament une clarification du monde des amateurs, calendrier, montées… Qu’attendez-vous du président Lappartient là-dessus ?

Les meilleures DN1 françaises devraient avoir le label Continental afin que certaines classes 1 nous soient ouvertes. On nous oblige à nous professionnaliser de plus en plus, mais on nous laisse végéter en amateur alors que nous sommes mieux structurés que les trois quarts des équipes Continentales étrangères. Cela me dérange vraiment.

Côté partenaires, ont-ils répondu à vos attentes ? Et, côté collectivités locales, pressentez-vous un reflux, compte-tenu des désengagements de l’Etat ?

Pour le Team Pro Immo, il n’y a pas trop de problème car 90 % de notre budget vient du privé. Par contre, pour mes collègues de DN1, la situation est très inquiétante. On veut les JO à Paris en 2024, mais on coupe la tête aux clubs formateurs. Comment former les futurs médaillés sans nous offrir un minimum de moyens ? La gestion sportive est totalement incohérente.

En inter saison, poussez-vous vos coureurs à faire du cyclo-cross ?

Suivant leur saison routière, je gère au cas par cas afin qu’ils récupèrent. Mais, dans la mesure du possible, le cyclo-cross, comme la piste d’ailleurs, est un point de passage obligatoire dans la formation des coureurs.

De votre côté, avez-vous des coureurs qui travaillent à plein temps, mi-temps, qui sont étudiants ?

J’ai quelques étudiants, et des gars qui travaillent à plein temps, mais c’est très difficile pour qu’ils fassent des saisons pleines. Encore une fois, on nous demande de faire preuve de professionnalisme avec des amateurs… J’admire le courage de certains de mes coureurs qui arrivent à associer vie professionnelle et vie sportive. Ils ont vraiment du mérite.