Alban Comparat, à seulement 25 ans vous êtes déjà l’un des directeurs sportifs d’une équipe de division nationale féminine, la DN BioFrais. Comment en êtes-vous arrivé là ? Parlez-nous de votre parcours.

J’étais licencié au VC Saint-Julien en cadet et junior. Ensuite j’ai fait plusieurs saisons en première catégorie en DN1 et DN2 sans pour autant me séparer complètement du club. En 2015 j’ai commencé la formation DEJEPS à Poitiers et c’est tout naturellement que j’ai demandé au club s’ils pouvaient m’épauler pendant la formation, car il y a tout dans cette structure pour découvrir le milieu de l’encadrement : école de vélo et son équipe féminine DN BioFrais. J’ai appris beaucoup de choses grâce à eux et une fois mon diplôme en poche j’ai continué comme directeur sportif adjoint. J’ai arrêté de courir il y a maintenant un an et je partage mon temps de travail entre le vélo club Annemasse, où je suis salarié, et le VC Saint-Julien et sa DN Dames BioFrais. J’arrive à me répartir les tâches sans problèmes car les deux clubs s’entendent très bien, je les remercie pour cela d’ailleurs. Je ne suis pas esseulé dans l’un ou dans l’autre club, c’est bien plus gérable ainsi et je continue d’apprendre beaucoup de choses grâce à un staff très compétent et expérimenté?.

Quel principal bilan gardez-vous de cette saison : la 2ème place par équipes au classement général de la Coupe de France où les places d’honneur individuels avec deux athlètes dans le top 5 et la victoire au général chez les espoirs ?

Oui, une belle saison, avec également deux victoires sur des manches de Coupe de France. Nous avons également tenu notre rang sur les courses UCI : 8 top 15 cette saison, que ce soit sur des courses où l’équipe a été invitée ou d’autres que nos filles ont fait sous le maillot de l’équipe de France. Forcément, on se dit parfois qu’on n’est pas passé loin du titre par équipe sur la Coupe de France, car plus d’une fois nous avons été privés d’une ou plusieurs filles (sélections en équipe de France) pour défendre nos chances sur les manches. Mais bon, le règlement était ainsi, et nous ne sommes pas passés à côté de notre saison, loin de là. Et puis nous avons quand même deux filles de l’effectif 2017 qui seront dans des équipes UCI l’an prochain.

Selon vous, quels sont les points à améliorer pour être encore meilleur en 2018 ?

Difficile de comparer 2017 et 2018 car les 2/3 de l’effectif sont des nouvelles. La cohésion d’équipe est notre premier objectif d’avant-saison. Il est essentiel que l’équipe travaille ensemble dès les premiers rendez-vous de la saison. Nous continuons de travailler de très bonne façon avec tous nos partenaires, depuis plusieurs saisons maintenant, pour mettre les filles dans les meilleures dispositions et étoffer notre calendrier de courses. Par exemple, nous manquions de constance sur le Tour d’Ardèche en fin de saison. Il faut que nous fassions plus de courses de ce niveau pour devenir capables de jouer les premiers rôles sur chaque étape. Nous irons ainsi plus souvent à l’étranger l’an prochain. Mais nous ne dénigrons pas les courses françaises. Nous aurons même l’occasion de participer à de nouvelles épreuves : le Tour de l’Ain, le Kreizh Breizh, le GP de France et le GP d’Isbergues notamment. Le niveau devrait ressembler à celui d’une coupe de France, mais sans le même enjeu, donc peut-être des courses moins stéréotypées. De plus, la plupart d’entre elles se courent sous la forme d’une course d’attente avant les pros hommes. Il y aura plus de public, plus d’exposition…ça devrait motiver l’ensemble du peloton féminin et ainsi relever le niveau global.

Vous avez réalisé un gros recrutement en allant chercher des filles un peu partout en France, avec notamment trois pistardes, des filles d’expérience et des jeunes, pourquoi ce choix ?

Durant l’été, on s’attendait à avoir une bonne partie de l’effectif à renouveler : deux arrêts, une maternité et plusieurs filles en contact avec des équipes UCI. Nous avions une seule Junior et elle sera Espoir en 2018…Il nous fallait des Juniors pour garantir un effectif sur plusieurs années, surtout que la formation fait partie de notre identité. C’est vrai que nous nous n’avons pas hésité à voir au-delà de notre région pour avoir un effectif toujours plus compétitif, car nos ambitions sont plus grandes année après année. Pouvoir courir plus souvent à l’étranger a séduit pas mal de filles avec qui nous étions en contact. Mais il ne faut pas comparer le rayonnement de l’effectif d’une équipe DN hommes ou femmes…Chez les gars, le calendrier est plus fourni, le peloton plus dense, donc c’est assez facile de boucler un effectif avec des « locaux », surtout qu’il y a pas mal de grandes épreuves dans la région. Chez les femmes, la plupart des courses sont assez éloignées de chez nous, donc avoir des filles qui habitent loin n’est pas forcément un problème.

Rendez-vous demain pour la suite de l’interview où vous retrouverez le programme de courses prévisionnel, les ambitions 2018 de l’équipe et les activités hivernales des filles.

Par Maëlle Grossetête