Sous le soleil ardent de juillet, dont les rayons se réverbèrent sur le macadam fondant de la chaussée, la foule s’amasse le long de la route. Apportant couvertures, mets et boissons pour passer une agréable journée en famille, elle forme le temps de quelques heures un long serpentin humain, sillonnant le paysage, parcourant les territoires de l’Hexagone. L’air est à la douceur de vivre, à la joie de se réunir, à l’ivresse de l’été. Pour cette fête bien particulière, les premiers instants sont placés sous le signe de la patience. Attendre, encore et encore, l’animation, gardant fièrement une place de luxe acquise à la bonne heure, offrant un splendide point de vue sur le passage sacré. Le vent souffle, les grillons chantent et les gens rient. Le temps est suspendu par la magie de l’évènement, réunissant la France entière, la rassemblant aux mêmes endroits aux mêmes moments, pour célébrer ensemble cette récréation collective dans un univers de soucis. Pour en profiter, attendre il faut. Attendre encore et encore. Attendre doucement avant d’entrevoir la torpeur de la furie merveilleuse. Attendre, avant de connaître ces poignées de secondes, ces quelques minutes, qui offrent baume au cœur et sourires aux lèvres. Attendre, toujours, avant d’être saisi d’une vague d’enthousiasme, d’extase et d’euphorie, à l’intensité incomparable. Attendre, attendre, attendre. Soudain, la silhouette d’un être démiurge apparaît à l’horizon. Progressivement, elle s’approche, au fur et à mesure que les cris des enfants et les applaudissements des parents élèvent leur volume. Au fil de ces quelques secondes suspendues, la forme de ce mastodonte ambulant se dessine et s’affermit. Par-delà les mirages du soleil et les nuées de chaleur, il émerge de toute sa splendeur, fendant la foule, ouvrant le chemin au défilé divin, véritables Panathénées des temps modernes. Figure de proue de la caravane publicitaire, allégorie de la conquête du Graal ultime de la Petite Reine, elle exhibe aux spectateurs la tunique suprême suscitant l’âpre bataille qui suit : le maillot jaune. Ce mardi, nous vous proposons donc le portrait de la metteuse en scène de ce moment hors du temps, la responsable du partenariat entre LCL et ASO, sponsorisant notamment le maillot jaune. Voici le portrait de Sophie Moressée-Pichot.Sophie Moressée-PichotSophie Moressée-Pichot | © LCL 

Son parcours :

Née en 1962 en Picardie, Sophie Moressée-Pichot cède rapidement aux sirènes du sport, à défaut d’être instantanément séduite par le charme de la Petite Reine. En effet, si le Tour suscite de temps à autres des sorties familiales, ou anime les étés de son grand-père belge, l’énergie débordante de cette enfant hyperactive la conduit à se tourner davantage vers la pratique d’autres sports plutôt que le suivi du cyclisme. Progressivement, elle plonge et s’immerge ainsi dans cet univers fantastique de glorification de l’effort, canalisant les ardeurs des petits, divertissant les grands. Surtout, la native de Sissone ne s’investit pas seulement dans une seule discipline, mais embrasse bien le domaine dans la globalité. A ce propos, elle aime d’ailleurs se remémorer ces Jeux Olympiques miniatures organisés au sein de la caserne de son père, militaire de profession. L’expérience s’avère en effet particulièrement plaisante pour la jeune fille, se rêvant alors en participante du véritable évènement. Cet horizon la fascine et l’inspire, la poussant de ce fait à redoubler d’ardeur dans la pratique du sport.

A l’heure fatidique des choix d’orientation, cet instant à l’enjeu glacial où la vie bascule, Sophie Moressée-Pichot s’engage alors dans la voie de l’effort physique, s’inscrivant en sport-études. Forte de sa polyvalence dans l’exercice et appréciant avant tout la pluridisciplinarité, elle entame alors un cursus en pentathlon-moderne, dont elle entrevoit vite son potentiel dans la matière. C’est également à cette époque qu’elle se dévoile une passion pour l’escrime, découvrant ce sport issu d’un autre temps, formant les mousquetaires du monde contemporain. Alliant force physique et précision du toucher, elle s’entrevoit des talents dans ce jeu d’adresse, comptant également sur la musculature aguerrie de son corps pour tenir la longueur de l’affrontement. Très vite, elle progresse dans l’art de l’épée, entamant sa longue ascension des marches de l’escalier des catégories.

Si ces sports ne bénéficient pas d’un grand développement au niveau professionnel, et encore moins dans leur section féminine, la picarde peut profiter d’une convention ministérielle pour vivre pleinement son rêve d’athlète de haut-niveau. Guichetière puis chargée de clientèle dans la petite agence LCL de Noyon le matin, elle a en effet le luxe d’avoir ses après-midis réservés aux entraînements, profitant également des week-ends ou des vacances pour partir en stage ou en compétition. Ce statut tout à fait atypique dans l’entreprise bancaire lui permet aussi d’être détachée durant les périodes précédant les grands évènements, tels les Jeux Olympiques d’Atlanta et de Sydney, qu’elle prépare exclusivement pendant 8 mois.

En effet, de rêve, l’évènement suprême du monde du sport s’avère être réalité. Brillant en escrime et excellant en pentathlon moderne, la jeune athlète multiplie en effet les titres d’envergure internationale dans les deux disciplines à partir de 1986. Médaillée d’or par équipe et d’argent en individuel aux mondiaux de Pentathlon moderne cette année-là, elle enfile par perles les breloques au cours des années suivantes. En tout et pour tout, elle se présente dans la cité américaine en 1996 avec une collection impressionnante de cinq médailles en pentathlon moderne et six en escrime. Pourtant le meilleur est encore à venir. Accompagnée de Laura Flessel et de Valérie Barlois, elle conquiert le titre olympique d’escrime par équipes, goûtant ainsi à la saveur inégalable de l’or de l’évènement. Deux ans plus tard, les compères renouvellent leur exploit aux mondiaux d’escrime de la Chaux-de-Fonds, confirmant ainsi leur suprématie dans la discipline.

Après une seconde olympiade à Sydney en 2000, moins réussie que la première, Sophie Moressée-Pichot sent alors l’heure de la retraite sportive venue, et abandonne les salles et les gymnases pour se concentrer exclusivement sur son activité professionnelle chez LCL, où ses exploits lui ouvrent la porte du service de sponsoring sportif, constituant en effet une formidable ambassadrice pour la banque dans le domaine. Petit à petit, la picarde découvre un univers jusqu’alors inconnu, qu’elle apprend à aimer. Le cyclisme, le Tour de France, sa ferveur et la passion qui unissent ses millions de téléspectateurs, l’ambiance unique qui règne dans les villages départs et dans les aires d’arrivées. Et puis ses légendaires champions, Bernard Thévenet, Bernard Hinault, Jean-Pierre Deanguillaume… Autant de mythes de la Petite Reine qu’elle rencontre los d’un dîner, achevant ainsi un processus de séduction déjà bien entamé. Si la native de Sissone n’avait connu jusque-là que les tournois d’escrimes et les compétitions de pentathlon moderne, elle apprivoise ce nouveau monde avec son histoire, ses récits et ses coutumes propres, avant d’y vivre et d’y agir avec aise. Si bien qu’en 2004, elle se voit promue au poste de responsable sponsoring sportif, récompensant ainsi une reconversion et une adaptation réussie. 

Son statut aujourd’hui :

Désormais, Sophie Moressée-Pichot est héritière d’un partenariat s’étalant sur près de 40 ans d’Histoire. En effet, dans les années 80, alors que d’autres banques s’étaient déjà investies dans le rugby ou le tennis, le Crédit Lyonnais avait quant à lui choisit la popularité du Tour de France pour s’engager financièrement dans le milieu sportif, marqué par la convivialité exceptionnelle caractérisant l’épreuve, souhaitant s’associer à l’effervescence provoquée par la caravane publicitaire, ainsi que l’engouement et la fascination suscités par le maillot jaune. Depuis, la banque a signé un contrat avec ASO pour être présent sur l’ensemble des épreuves françaises organisées par la société du groupe Amaury, allant de Paris-Nice à Paris-Tour en passant par le Paris-Roubaix, le Critérium du Dauphiné et l’incontournable Grande Boucle.La Caravane LCL sur le Tour de FranceLa Caravane LCL sur le Tour de France | © Bruno Bade

De plus, LCL jouit d’une situation atypique dans l’univers des partenaires. En effet, au fil des années, la banque a internalisé la plupart des éléments du sponsoring, lui permettant notamment de choisir elle-même ses hôtels sur les courses. A ce titre, un renfort saisonnier de stagiaires est justement destiné à préparer la Ronde de Juillet. Pendant cette période, LCL mobilise une quarantaine de personnes dont 20 exclusivement pour la caravane publicitaire. Quant à Sophie Moressée-Pichot, la préparation des actions de LCL sur l’ensemble des épreuves partenaires l’occupe l’ensemble de l’année, en compagnie de son adjoint Yan Duhamel. Par conséquent, si la picarde possède toujours le statut d’une employée de banque, l’essentiel de ses actions s’inscrivent dans le secteur de l’évènementiel.

A ce propos, la banque est véritablement omniprésente dans le monde du vélo et en particulier la Grande Boucle, dans les villages et sur les routes, sur les dispositifs VIP comme dans les espaces relations publiques, mais surtout sur le podium protocolaire du maillot jaune, qualifié de « graal du Tour » par l’axonaise. Si la banque ne souhaite ni communiquer la somme investie dans le contrat de ce partenariat « total », ni l’estimation du retour sur investissement, il est certain que le vélo lui offre une formidable visibilité auprès de la clientèle et du public. Le Tour étant une grande fête caractérisée par sa gratuité fondamentale, les bénéfices n’ont pas lieu au niveau de la billetterie, mais se situent amplement dans la féérie de la caravane, dans cette pluie de centaines de milliers de goodies et de cadeaux distribués à la foule chaque année, dans une atmosphère heureuse et joviale.Raymond Poulidor, emblème de LCL sur le Tour de FranceRaymond Poulidor, emblème de LCL sur le Tour de France | © Vélo 101

Surtout, jusqu’à son tragique décès à l’automne dernier, LCL pouvait profiter de la popularité inégalée de Raymond Poulidor dans les villages départs pour organiser de grandes séances dédicaces sous le signe de l’enseigne. Mais au-delà de l’aspect financier et publicitaire, c’est une véritable communion avec le public que s’attache à décrire Sophie Moressée-Pichot, racontant comment « l’éternel second » avait servi en toute simplicité un verre de vin à des personnes mises en larmes par la rencontre de l’idole de leur enfance. En effet, si le Tour de France est une immense machine médiatique et sportive, c’est aussi un évènement doté d’une proximité unique entre personnalités et public, où chacun est en mesure de s’adresser à son héros. A ce sujet, la picarde se souvient encore très bien comment LCL avait pu réaliser le souhait d’un vieil homme vainqueur d’un concours organisé par une autre société partenaire, en lui permettant de partager quelques instants avec Raymond Poulidor, réalisant ainsi le rêve d’une vie. Alors que ce Monsieur est disparu très peu de temps après la Tour, Sophie Moressée-Pichot évoque avec beaucoup d’émotions la lettre de remerciements adressée à la banque par son fils, reprenant également cette voix gorgée de peine pour faire part de sa douleur quant au décès du mythique « Poupou ». Preuve que derrière les accords financiers, il y a surtout des histoires d’hommes.

Par Jean-Guillaume Langrognet