C’est à quelques semaines de sa majorité que nous sommes allés à la rencontre de notre premier portrait. Née le 30 juillet 2002, Marie-Divine Kouamé Taky a vu sa carrière de cycliste décoller l’été dernier où elle a décroché sur l’épreuve du 500m, le titre de Championne du Monde. Native de Créteil en région parisienne, c’est par hasard qu’elle a rencontré le cyclisme et toutes les spécialités qui en découlent via le club Jeunesse Cycliste Coudraysienne (JCC). Faisant ses débuts sur route, elle se spécialise finalement dans les vélodromes où elle parvient à exploiter au mieux ses qualités physiques. Guidée par Patrice Lerus elle se dirige vers le sprint. Rencontre avec la sociétaire du Pôle France de Bourges et future membre du Pôle Olympique de Saint Quentin en Yvelines (SQY) pour 2020.  

Marie Divine Taky Kouamé en arc-en-cielMarie Divine Kouamé Taki en arc-en-ciel | © Diffusport

« Sur quelles épreuves peut-on te voir en piste ? Peux-tu nous les décrire ?  

Je suis présente uniquement sur les épreuves de sprint.  Parmi ces épreuves, il y a la vitesse individuelle, avec des matchs en une contre une. Ensuite la vitesse par équipes, c’est l’occasion de courir à deux, avec une démarreuse et une finisseuse. Puis sur le 500m où là nous sommes seul face au temps. Et enfin, sur le keirin où nous sommes 6 derrière un burdin qui nous lâche à 3 tours de l’arrivée. Sur toutes ces épreuves, il y a plusieurs manches.  

Quelles sont selon toi les qualités requises pour être une bonne « sprinteuse » sur piste ? 

Les qualités requises pour être une bonne sprinteuse sont d’abord les qualités physiques, c’est-à-dire la force, l’explosivité et la vélocité. Mais aussi les qualités mentales, la détermination l’ambition et la confiance en soi.

Championne du Monde l’année passée à Francfort, comment avais-tu vécu cette journée ?  

La journée de mon titre a été rempli d’émotion avec le matin les qualifications où je réalise le 2e meilleurs temps. Après cela, nous avons tout de suite changé de braquets car j’étais sûre de pouvoir aller plus vite en mettant plus gros : c’était une prise de risque vraiment stressante. L’après-midi, je n’avais plus qu’une seule envie : gagner. J’étais plutôt détendue avant la course et après, ce fut que des larmes de joie et de bonheur !  

Malgré ton jeune âge, tes résultats peuvent te faire espérer une participation aux Jeux Olympiques. Selon toi, dans quoi dois-tu encore progresser pour décrocher ton billet ? 

C’est vrai que le report des JO de Tokyo peut être une opportunité pour moi. C’est physiquement qu’il va me falloir progresser pour espérer rivaliser dans la cour des grandes. Il me manque encore de la force.  

T’entraînes-tu souvent avec Mathilde Gros ? Échangez-vous lors des gros rendez-vous sur la tactique, la gestion du stress..?  

J’ai eu l’occasion de m’entraîner avec Mathilde lors de certains stages. On a aussi été Championne de France de vitesse par équipe ensemble. Effectivement elle est de bon conseil vu qu’elle a déjà vécu les différentes échéances. Elle me donne des conseils par rapport à son expérience personnelle.  

Alors que cette année de junior 2 devait être l’année de concrétisation pour Marie-Divine, elle a dû s’adapter à la crise sanitaire pour continuer de progresser et limiter les pertes. Après avoir aménagé son garage en salle de sport, elle a pu s’entraîner dans les meilleures conditions en alternant les séances de musculation et d’home-trainer. D’ici la fin 2020, Marie-Divine, poussée par son entraîneur Alexandre Prudhome, espère participer rapidement aux compétitions internationales avec les élites afin de prendre un maximum d’expérience en vue des JO de Paris. Une chose est sure, la future étudiante en Sciences Politique à Paris est donc prête à retourner dans les vélodromes.

 

Notre deuxième portrait est lui aussi une étoile de la piste et a déjà décroché son billet pour les prochains jeux olympiques de Tokyo. Benjamin Thomas a commencé le vélo avec son frère ainé au club de son père à Lavaur. Champion du monde dans les rangs juniors sur la course aux points, il se spécialise finalement en omnium où il décroche 2 titres mondiaux. Brillant aussi sur route, il intéresse vite l’équipe continentale Armée de terre et décroche son premier contrat professionnel. Trois ans plus tard, il parapha un contrat avec l’équipe Groupama-FDJ de Marc Madiot et depuis, Benjamin ne cesse de surprendre. Rencontre avec le dernier Champion de France du CLM.

Benjamin Thomas Champion du Monde de l'Omnium en mars dernierBenjamin Thomas Champion du Monde de l’Omnium en mars dernier | © FFC

« A 19 ans tu signes ton premier contrat pro au sein de l’Armée de terre. Que t’ont apporté ces 3 années ? Comment as-tu vécu l’arrêt de l’équipe ?  

Dès ma 2eme année espoir j’ai accédé au rang de l’Armée de terre, une vraie aubaine pour moi. Cela m’a permis de me construire, progresser et apprendre le métier de coureur cycliste car je ne suis quasiment pas passé par la case amateur. Au final ces 3 années m’ont apporté énormément et je remercie les gens qui m’ont aidé à évoluer dans cette structure qui aurait méritée de continuer. Son arrêt a été un choc pour un peu tout le monde car il y avait un projet de passer en 2ème division et l’équipe a été fermé en un coup de vent.. 

Membre de l’équipe de France sur piste, tu alternes entre les deux disciplines. Comment gères-tu cela ? Comment caractériserais-tu les 2 domaines ?

J’alterne entre la route et la piste assez facilement. Mon calendrier est fait un peu sur mesure grâce à mon équipe, mon entraîneur et l’équipe de France. J’apprécie les deux domaines même si pour moi la piste reste vraiment un jeu, ma première passion. Je suis toujours excité à l’idée de prendre le départ d’une course sur piste ! Un peu moins excité au départ d’une étape de montagne avec 4000m de dénivelé.. Mais le plaisir sur la route est aussi là même si les résultats sont plus difficiles à obtenir. Le travail d’équipier procure aussi une certaine satisfaction, surtout à la Groupama FDJ où ce travail est reconnu. 

Quelques semaines avant la crise sanitaire, tu es sacré Champion du Monde de l’omnium du côté de Berlin. Peux-tu nous raconter ta journée et les émotions ressenties ? 

L’omnium de Berlin reste mon meilleur omnium jamais réalisé, j’avais préparé cette journée au millimètre et tout s’est déroulé comme prévu. La sensation à la fin de la journée était une satisfaction énorme d’avoir accompli ce que je recherchais et d’avoir pris autant de plaisir, c’est vraiment des émotions uniques. 

Les Jeux-Olympiques reportés, quel impact cela aura sur ta préparation, la saison à venir et 2021 ?  

Le report des JO et plus globalement la crise du coronavirus a bouleversé le monde et celui du sport. Bien sûr les objectifs ont été revus pour cette saison et je préparerai spécifiquement les JO l’an prochain. 

Champion de France du CLM en 2019, comment travailles-tu cet exercice avec ton entraîneur ?  

Avec Anthony Bouillod mon entraîneur, on travaille cet exercice depuis 2018 avec des exercices précis, souvent derrière moto pour simuler au mieux l’effort, la position et aller chercher le petit cran supplémentaire pour faire des résultats. C’est une discipline que j’aime car elle me rappelle la piste. »

A seulement 24 ans, Benjamin Thomas a encore tout l’avenir devant lui. Ce qu’il souhaite c’est poursuivre sa progression et exploiter ses capacités à 100% notamment sur les Grands Tours. C’est du côté des Pyrénées qu’il a réalisé son confinement avant de rejoindre l’Italie pour reprendre l’entraînement le 4 mai. Même si son calendrier est encore flou, Benjamin souhaite disputer un troisième Grand Tour après les deux Giro qu’il a déjà réalisés.