Pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Fanny Zambon, j’ai vingt ans et je suis espoir deuxième année. Ah oui, et je suis originaire du Rhône-Alpes, de Cluses.

Quand avez-vous commencé le vélo ?

J’ai débuté à l’âge de cinq ans, et je me suis mise directement au vélo de route. J’ai pris ma licence au club mixte de Cluses-Scionzier. Mon père en est actuellement le président d’ailleurs. J’ai directement accroché, ça m’a plu tout de suite.

Vous avez sûrement couru avec les garçons à vos débuts ? Vous n’avez jamais changé de club ?

Oui, j’ai participé aux mêmes courses que les garçons jusqu’en cadettes J’ai toujours choisi de rester dans ce club, ça fait maintenant treize ans que j’y suis licenciée. Mais je cours également avec la sélection de Rhône-Alpes pour participer aux manches de Coupe de France.

Est-ce qu’il y a un coureur que vous admiriez quand vous étiez plus jeune ?

Oui, j’adorais Ivan Basso (rires) ! C’était un bon grimpeur, je n’aimais pas Lance Armstrong, et lui était juste derrière…

Quel genre de progression avez-vous connu ? C’est un sport très dur, quelque soit le niveau, mais vous vous êtes accrochée…

Je me suis réveillée sur le tard. J’ai toujours à peu près tenu dans le peloton. Mais c’est à partir de ma deuxième année de cadette que j’ai commencé à bien tourner les jambes, et à avoir des résultats. J’ai toujours bien aimé, c’est une histoire de famille le vélo chez moi. J’aime le fait que ce soit dur, qu’il faille persévérer, ne jamais rien lâcher… C’est ce que j’ai fait et je pense que c’est en train de payer aujourd’hui.

Revenons sur votre saison 2016. En êtes-vous satisfaite ?

J’ai connu un début de saison compliqué, parce qu’avec mes études en parallèle ce n’était forcément pas simple. J’avais fait du championnat de France à Vesoul mon objectif. Là-bas, je finis troisième du contre-la-montre, et je finis quatrième sur route. Sur les coupes de France je me suis un peu montrée, j’ai pris part à beaucoup d’échappées, mais ça n’a pas trop fonctionné. J’espère continuer d’évoluer.

Comment vous définiriez-vous ?

Avant j’étais plutôt grimpeuse, mais j’aime beaucoup les parcours vallonnés maintenant. Et je deviens également une bonne rouleuse.

Qui vous entraîne ? Est-ce que vous êtes aidée ?

Julien Guiborel, qui s’occupe de l’équipe de France juniors dames, m’entraîne depuis deux ans. Il me fait rouler avec un capteur de puissance depuis, et je vois ma progression. Sur route je roule sur Specialized, et en contre-la-montre sur un Scott. C’est grâce a la Fondation Grenoble INP que j’ai pu me payer ce vélo. Je fais mes études là-bas, et dans mon école ils aident certains sportifs de haut-niveau financièrement.

Que faites-vous comme études ?

J’ai terminé ma prépa de deux ans, et je suis rentrée en école d’ingénieurs, en génie industriel à Grenoble. Ça risque d’être compliqué pour faire du vélo pendant les trois prochaines années à venir, je suis actuellement en train de réfléchir si je souhaite dédoubler ma première année ou pas, mais je pense que j’ai déjà un peu pris ma décision (l’interview a été réalisée au moment du Tour de l’Ain cyclo, avant la rentrée ndlr).

Et cette décision, quelle est-elle ?

Je pense que je vais dédoubler. J’ai envie de continuer de rouler, sans ça ça aurait été très compliqué. Là j’aurais cours vingt heures par semaine, mais au moins j’aurais le temps de m’entraîner.

Vous comptez rester dans la sélection rhônalpine ?

Oui, je pense. Mais avant la fin de mes années espoirs, j’aimerais intégrer une équipe de filles. Les belles structures comme celle de Vienne Futuroscope, où quelques unes de mes copines courent, ça donne forcément envie.

Dernière question, est-ce que vous sentez que le cyclisme féminin est en train d’évoluer ?

On n’est pas beaucoup de filles, je le vois quand sur des cyclos ou épreuves mixtes, je me fais énormément encourager du coup. Après, c’est un budget, un sacré même. Quand on est une fille, on a moins de résultats et surtout moins de visibilité que les hommes, alors ce n’est pas simple non plus avec les sponsors. Mais c’est en train de changer. Je le vois dans mon club, on a donne leur chance à des filles qui avaient moins de résultats, mais qui grâce au soutien de l’équipe, arrivent désormais à tenir le peloton en Coupe de France. Je pense que c’est en accompagnant les filles qu’on fait progresser le cyclisme féminin. On a le même esprit de compétition que les hommes, c’est ça qui nous donne envie de nous entraîner.