Les jeunes champions éclosent de plus en plus prématurément. Prenez seulement l’exemple de Peter Sagan, dont le palmarès est exceptionnel à seulement… 23 ans. Pour des talents de ce calibre, il n’a nul été besoin de faire ses classes chez les Espoirs. Aussi, la catégorie Juniors devient-elle une véritable référence. Ceux qui s’y démarquent sont promis à un bel avenir professionnel. Tant mieux pour le cyclisme français, qui a fait du Championnat du Monde Juniors sa chasse gardée avec quatre titres en dix ans : Arnaud Gérard en 2002, Johan Le Bon en 2008, Olivier Le Gac en 2010 et Pierre-Henri Lecuisinier en 2011. Les chances de voir encore un Bleu couper la ligne le premier ce matin sur le circuit de Florence, en Italie, sont réelles. Elles reposent en partie sur les épaules du champion d’Europe Juniors Franck Bonnamour.

A 18 ans, le Breton va bien tutoyer le titre mondial dans le final, en étant celui qui provoquera la course des favoris, une fois les derniers rescapés de l’échappée matinale rattrapés. C’est que la course de 139,7 kilomètres (57,2 kilomètres en ligne au départ de Montecatini Terme, puis cinq tours du circuit de 16,6 kilomètres) démarre vite sous l’impulsion d’une échappée de quinze coureurs qui se forme en plusieurs temps à compter du 9ème kilomètre. De multiples nations sont représentées devant avec Pietro Andreoletti et Seid Lizde (Italie), Piet Allegaert (Belgique), Facundo-Olaf Crisafulli (Argentine), Jaap De Jong (Pays-Bas), Daniel Fitter (Australie), Mathias-Rask Jeppesen (Danemark), Marco Konig (Allemagne), Kristjan Kumar (Slovénie), Daniel Martinez (Colombie), Zeke Mostov (Etats-Unis), David Rivière (France), Michal Schlegel (République Tchèque), Marius-Rognsoy Sylta (Norvège) et Dzmitry Zhyhijnou (Biélorussie).

Les échappés rentrent sur le circuit florentin avec 4’50 » d’avance sur le peloton, qui s’évertue à boucher le trou. La succession des difficultés, le Fiesole (4,4 km à 5,2 %) et le Via Salviati (600 mètres à 10,2 %), facilite le retour des poursuivants en même temps qu’elle désorganise le large groupe d’échappés. Le Tchèque Michal Schlegel tente sa chance en solitaire loin du but, puis il est éclipsé par le tandem italo-colombien Seid Lizde-Daniel Martinez. Déjà, la menace d’un retour du peloton se fait plus pressante. Dans l’avant-dernière escalade du mur de Salviati, le Colombien Daniel Martinez joue son va-tout. Il abandonne son dernier compagnon d’échappée mais se voit rejoint par le premier éclaireur du paquet : Franck Bonnamour ! Le champion d’Europe vient de passer à l’attaque à 20 kilomètres de l’arrivée. La bagarre est déclenchée !

Franck Bonnamour et Daniel Martinez entament le dernier tour crédités d’une avance de 14 secondes sur le peloton. Mais la longue montée du Fiesole est propice à tous les retournements de situation. Si le leader de l’équipe de France insiste seul, il sent le retour oppressant de ses adversaires, à commencer par le Néerlandais Mathieu Van Der Poel. Le double champion du monde de cyclo-cross a démarré dans le Fiesole, et il met à profit la section descendante pour boucher le trou sur Bonnamour. Sans transition, on enchaîne avec la brève mais rude escalade du Via Salviati. Mathieu Van Der Poel n’a plus besoin d’allié, il attaque Franck Bonnamour et franchit le sommet avec une vingtaine de secondes d’avance sur ses premiers poursuivants. Il ne reste alors plus que 5 kilomètres à tenir pour le coureur hollandais.

Agé de 18 ans, Mathieu Van Der Poel est en train de terminer son parcours chez les Juniors sur une note fantastique. Révélé dans les sous-bois où il domine son monde depuis deux ans, celui qui n’est autre que le petit-fils de Raymond Poulidor, ce qui en ferait presque un coureur français, une langue qu’il manie aussi bien que sa langue maternelle, ajoute un troisième titre mondial dans sa besace, son premier sur la route, lui qui avait remporté le Trophée Centre Morbihan en août. La différence faite dans le final, Mathieu Van Der Poel rallie la ligne d’arrivée en triomphateur, savourant chaque mètre pour finalement terminer sa parade sous les yeux du peloton, que règle au sprint le Danois Mads Pedersen devant l’Albanais Iltjan Nika. Au premier rang des Français, Franck Bonnamour, qui n’aura pas démérité, se classe 20ème.

Classement :

1. Mathieu Van Der Poel (PBS, Pays-Bas) les 139,7 km en 3h33’14 » (39,3 km/h)
2. Mads Pedersen (DAN, Danemark) à 3 sec.
3. Iltjan Nika (ALB, Albanie) m.t.
4. Logan Owen (USA, Etats-Unis) m.t.
5. Lorenzo Rota (ITA, Italie) m.t.
6. Lucas Eriksson (SUE, Suède) m.t.
7. Scott Davies (GBR, Grande-Bretagne) m.t.
8. Artem Nych (RUS, Russie) m.t.
9. Sergey Shemyakin (KAZ, Kazakhstan) m.t.
10. Benjamin Brkic (AUT, Autriche) m.t.