A Vesoul, au cœur du village départ, un Australien est assis au bord d’un stand et prend l’atmosphère de la Grande Boucle, un café à la main. Le jeune homme est anonyme pour la plupart des personnes présentes sur l’événement. C’est pourtant l’un des tout meilleurs Elites depuis la début de la saison, mais visiblement Tour de France ne rime pas avec cyclisme amateur. Ce garçon de 28 ans s’appelle Benjamin Dyball et défend chaque week-end, depuis deux saisons, les couleurs de l’Amicale Cycliste Bisontine. L’occasion pour nous de le rencontrer et d’en savoir un peu plus sur son début d’année et de sa future expérience de stagiaire au sein de la formation Delko Marseille Provence KTM.

« C’est la première fois que je viens sur le Tour de France, raconte Dyball. C’est Joël Pellier, mon entraîneur, qui m’a amené sur l’événement. » Une découverte que l’Australien aurait vraisemblablement préféré effectuer sur son vélo, mais sa carrière en a décidé autrement. Car après plusieurs expériences dans ses jeunes années au sein d’équipes australiennes, le jeune homme n’a jamais eu l’occasion de passer le cap et de devenir professionnel. Titiller Christopher Froome sur l’Herald Sun Tour en 2016 n’a pas suffit, alors à 27 ans, il se décide à venir en France pour tenter sa chance. Et c’est en Franche-Comté qu’il atterrit, à Besançon. Mais son objectif n’a pas pu se réaliser immédiatement. « L’année dernière j’étais à Besançon pendant cinq mois, ça s’est très bien passé mais je n’ai pas réussi à avoir de contrat professionnel. »

Ses qualités de grimpeur font pourtant rapidement la différence, en atteste sa victoire sur le difficile Tour du Chablais l’an passé. C’est bien simple, dès que la route s’élève, il ne peut s’empêcher de tenter quelque chose. Mais sa troisième place au championnat d’Australie contre-la-montre en début de saison montre aussi que le garçon possède des qualités dans l’effort solitaire. « Je suis sûrement meilleur grimpeur que coureur contre-la-montre, tranche le natif de Blacktown. »

Le revoilà donc dans le Doubs quelques semaines plus tard, prêt à se donner une dernière chance pour enfin réaliser son rêve. « Je suis revenu en France cette année pour devenir professionnel. Cette année est probablement ma dernière chance pour y arriver donc je suis revenu pour essayer. » Et vu la saison énorme de l’Australien, c’est presque naturellement qu’il passera la fin d’année avec l’équipe Delko Marseille Provence KTM en tant que stagiaire.

La France était donc sa chance. Il parvient enfin après un an et demi dans l’hexagone à voir le monde professionnel s’ouvrir à lui. « Delko a été la première équipe à me contacter pour devenir stagiaire, c’est pour ça que j’ai accepté. » Et il se pourrait bien que dès ses débuts, Dyball trouve un terrain à sa convenance. « J’espère que ma première course sera le Tour de l’Ain. » Connue pour ses routes escarpées, l’épreuve est traditionnellement l’occasion de découvrir ces nouveaux éléments. Mais peu ont 28 ans, peu sont Australiens dans des formations françaises, et peu arrivent déjà à maturité dans le peloton. Un parcours atypique pour un coureur qui saura à coup sûr passer à l’offensive pour se montrer, et pourquoi pas surprendre plus d’un de ses concurrents. – Adrien Godard