Axel, quel sentiment t’a procuré ta victoire au Prix de Buxerolles, première manche de la Coupe de France Look des Clubs ?
Ça s’est plutôt bien passé. Etant donné que je gagne, on ne va pas dire le contraire ! Au départ, je me sentais bien. Et comme j’avais un peu froid, j’ai décidé de lancer les hostilités. J’ai fait un tour devant avec trois autres coureurs. Je ne suis généralement pas très bien sur le plat donc je me suis dit qu’en partant avec un coup d’avance, je serais bien en cas de bordures à l’arrière. C’était à mon avantage. Mais on s’est fait revoir, il s’est mis à pleuvoir et je n’avais pas assez mangé. J’étais à la limite de la fringale. J’ai donc beaucoup mangé mais j’avais très froid et j’ai eu envie de bâcher à 50 bornes de l’arrivée. J’étais vraiment très mal mais je me suis accroché, même si j’ai sauté deux fois.

Qu’est-ce qui t’a poussé à t’accrocher comme ça ?
Je voyais que j’arrivais à rentrer quand les autres pétaient, alors j’ai insisté. Je pensais aussi aux points de la Coupe de France, il fallait que je termine dans les 30. A quatre tours de l’arrivée, quand le soleil est revenu, le ravitaillement a fait son effet. J’ai commencé à me sentir mieux. J’ai retrouvé la force, j’ai revu l’avant de la course et j’ai davantage pris les choses en main.

Gagner à Buxerolles, ça reste une surprise au final ?
Bien sûr ! J’aurais pu gagner en me sentant vraiment bien et en attaquant au pied de la bosse, mais de là à penser gagner au sprint sur une telle arrivée… Je suis sensé être grimpeur mais, je ne sais pas pourquoi, j’ai senti le sprint. Quand j’ai lancé le sprint à 200 mètres je pensais me faire déborder. C’est ce qui m’arrive en général. Je suis toujours dépité de voir des mecs me doubler à 100 mètres de la ligne. Cette fois je voyais que je creusais. Quand j’ai passé la ligne, je n’ai pas compris ce qui m’arrivait. J’ai gagné la plus belle course de ma jeune carrière !

Comment as-tu abordé ce sprint justement ?
Je l’ai joué à l’intox. Dans le dernier kilomètre, j’ai cessé de rouler. Je pensais attaquer dans la bosse, mettre un gros sac et essayer de lâcher tout le monde, mais je ne l’ai pas senti. Instinctivement, j’ai senti que ce n’était pas ce qu’il fallait faire. J’ai bien fait d’attendre le sprint. Yoann Paillot m’a emmené, j’étais en 2ème position, et quand j’ai vu la ligne se rapprocher à 200 mètres j’ai fait la différence.

Ta victoire permet au Chambéry Cyclisme Formation de prendre la tête de la Coupe de France, c’est une double victoire ?
C’est génial en effet. L’année dernière nous avions fait 6èmes, nous étions contents car bien placés. Là, on part avec de bons points d’avance. Maintenant, on va essayer de garder cette première place, tout du moins rester sur le podium !

Penses-tu que l’équipe est suffisamment armée pour défendre cette première place ?
Nous avons une très bonne équipe cette année. Nous avions de bonnes individualités l’an passé, mais cette saison le groupe est vraiment fort, beaucoup plus homogène. Je pense que nous avons moyen de faire des choses bien. On dit que les manches de la Coupe de France sont plutôt planes, mais nous avons gagné à Buxerolles et pris la tête du classement général. Des grimpeurs qui prennent l’avantage sur du plat, c’est bon signe ! Et puis nous avons de bons rouleurs : Gabriel Chavanne, Jauffrey Betouigt-Suire et Jules Pijourlet vont vite sur le plat. Les grimpeurs se donnent aussi. On peut arriver à faire quelque chose.

Buxerolles, ce n’était quand même pas votre terrain ?
Non, ça ne l’était pas trop ! C’était une course dure mentalement qui s’est faite à l’usure. A Chambéry, on est des guerriers donc il n’y a pas eu de soucis. Nous ne sommes pas nombreux à l’arrivée. C’était très exigeant. Comme je le disais, il s’en est fallu de peu pour que j’abandonne. Il aurait suffi que je ne rentre pas sur un coup de bordure et je m’arrêtais là. C’est arrivé à beaucoup de coureurs. Je n’étais peut-être pas le plus fort mais j’ai réussi à m’accrocher pour tirer mon épingle du jeu dans le final.

Jusque-là, comment s’était passé ton début de saison ?
Très bien. On a attaqué au Circuit du Bédat en Auvergne. J’avais de très bonnes sensations. Nous sortions de deux stages de cinq jours avec Chambéry. Au Bédat nous ne savions pas trop comment nous allions être or nous étions très bien. Personnellement j’étais très bien aussi, j’ai fait toute la course en tête pour finir 8ème. Après j’ai couru le Tour d’Ardèche Méridionale par chez moi. Je ne suis pas passé loin de la gagne sur une étape, très déçu d’être revu à 200 mètres de la ligne après 15 bornes tout seul. Je n’ai quasiment pas quitté le Top 10 depuis le début de la saison.

Etrangement tu avais beaucoup peiné samedi à la Durtorccha et tu t’imposes dimanche au Prix de Buxerolles…
Le circuit était très dur en Auvergne. Ça montait, ça descendait. Au total, j’étais vraiment mal. Je finis 17ème mais à plus de huit minutes du vainqueur. C’était un petit coup dur car j’étais sur mon terrain et sensé aller gagner. A Buxerolles, j’avais plus pour ambition de sauver les meubles et finalement ça s’est inversé.

Quels sont tes rapports avec l’équipe Ag2r La Mondiale ?
Plutôt bons. J’ai été stagiaire dans l’équipe l’an dernier. Je pense qu’ils ont été assez contents de moi. Maintenant ils attendent de moi des victoires. Je n’avais plus gagné depuis les rangs Juniors or je suis Espoir 4. Ça commençait à se faire attendre. J’avais besoin de victoires, de franchir un palier. J’ai démontré de belles choses l’année dernière mais il faut que je prouve que j’ai le niveau pour passer pro. La saison est longue et je ne vais pas m’arrêter là-dessus. J’ai 21 ans donc je me laisse encore deux ou trois ans maxi pour passer pro.

Propos recueillis à Buxerolles le 20 mars 2012.