Agé de 20 ans, le Normand Fabien Taillefer (Team Véranda Rideau 72) demeure l’un des espoirs du cyclisme français. Chez les Juniors en 2007, il avait tout raflé ou presque. Un titre de champion de France du contre-la-montre, une médaille d’argent au Championnat d’Europe, et puis deux succès de grande envergure sur Paris-Roubaix Juniors et à la Classique des Alpes Juniors. Ces bons résultats lui ont permis d’endosser très vite l’habit de coureur professionnel, dès l’an passé au sein de l’équipe continentale Roubaix Lille Métropole. Malheureusement, des soucis de santé dès le début de la saison l’ont écarté des pelotons et privé d’une saison à la hauteur de ses espérances. Sagement, Fabien Taillefer a donc choisi de redescendre à l’échelon inférieur afin de retrouver le plaisir et de tenter de hisser son équipe chez les pros.

Fabien, tu as choisi de te relancer cette saison à l’échelon amateur après une première expérience chez les pros de Roubaix. Quel enseignement tires-tu de cette année pro ?
Ca a été une belle expérience. En 2008/2009, j’avais fait un bel hiver. Je me sentais prêt à rejoindre les professionnels. J’ai découvert ce niveau-là au Grand Prix La Marseillaise, que j’ai terminé 16ème. J’ai vécu là les plus beaux moments de ma saison. J’ai découvert le monde des pros. Malheureusement, j’ai dû me faire opérer deus fois d’un kyste à la cuisse au cours de l’année. J’ai été arrêté six mois au total. J’ai raté tout le début de saison, je suis passé à côté des bases. Si bien qu’en reprenant le vélo au mois de juin, je n’étais vraiment pas dans l’allure. Il valait mieux pour moi redescendre chez les amateurs, de mon plein gré, plutôt que d’être forcé de le faire. J’ai fait un an sans trop courir, avec seulement trente jours de course. C’était trop peu. Je suis vraiment motivé pour cette nouvelle saison.

Redescendre au niveau amateur était donc un choix personnel ?
L’équipe Roubaix Lille Métropole n’était pas trop favorable pour me garder. Elle ne me sentait plus trop motivé mais c’est parce que, au fond de moi, je savais que je voulais redescendre. J’aurais pu négocier avec d’autres équipes mais je ne pensais pas qu’il était bon de refaire une année chez les pros si c’était pour devoir redescendre chez les amateurs un an plus tard parce que je n’y aurais pas marché. Chez Véranda Rideau, je vais refaire les bases, me refaire plaisir en espérant pouvoir repasser chez les pros bien motivé.

En quoi le projet de l’équipe Véranda Rideau Sarthe t’a-t-il attiré ?
C’est tout neuf, tout beau. C’est une nouvelle équipe, un nouveau maillot à défendre, un projet que nous allons être les premiers à découvrir. Nous allons être les premiers à tâcher de gagner, les premiers à faire connaître ce nouveau partenaire. C’est un nouveau départ pour tout le monde, avec le même objectif commun à l’ensemble de l’équipe qui est de passer chez les professionnels.

Dès la fin de l’année 2010 ?
Oui, j’espère qu’on pourra rejoindre la catégorie supérieure dès l’an prochain. Après, tout dépendra de nos résultats, de comment se passe la saison, de l’ambiance au sein du groupe et de la volonté des sponsors.

Dans ta décision de retrouver le peloton amateur, as-tu été approché par d’autres clubs durant l’intersaison ?
Oui, plusieurs clubs m’ont contacté, à commencer par mon ancien club, l’US Sainte-Austreberthe Pavilly-Barentin. Mais c’est la proposition de Véranda Rideau 72 qui me plaisait le plus. Le directeur sportif Mickaël Leveau est quelqu’un que je connais bien. Il habite pas loin de chez moi, il a couru avec mon père. C’est quelqu’un de confiance et ça me fait plaisir qu’il soit venu vers moi.

Quelles vont être tes ambitions personnelles cette saison ?
Mon ambition va être de gagner des courses, me faire plaisir. Au mois de mai, il y a des courses qui me tiennent à cœur alors je vais essayer de faire un beau mois de mai. Je pense au Grand Prix du Muguet, le chrono individuel de la Coupe de France. Je pense aussi au Tour du Haut-Anjou, au Tour de Franche-Comté et à Paris-Roubaix Espoirs. J’espère être à 100 % tout au long du mois de mai.

On te sent revanchard après la saison 2009…
Oui, je suis super motivé. Je vais couper trois semaines après la saison de cyclo-cross. Je pense qu’on me verra peu devant en début de saison, mais ce sera un mal pour un bien. Je vais ronger mon frein et quand je serai en forme, je saurai le montrer.

Comment s’est déroulée ta saison de cyclo-cross ?
Disons que ça ne s’est pas trop mal passé. J’ai terminé 7ème du Challenge National Espoirs, avec une 5ème et 6ème place sur les manches en dépit de quelques problèmes. Au Championnat de France, je pense que j’étais en forme pour décrocher le podium, malheureusement sur le verglas j’étais vraiment raide sur mon vélo et j’ai chuté plusieurs fois. J’ai préféré abandonner à un tour de l’arrivée.

Le cyclo-cross, c’est une discipline que tu aimes préserver l’hiver ?
En fait, c’est ma deuxième saison de cross. J’ai découvert la discipline auprès de Julien Roussel, qui est le mari de ma cousine Karine Gautard. Le cyclo-cross, c’est différent. J’y ai moins de pression que sur la route. Je fais cela pour mon simple plaisir, sans qu’on ne m’oblige à en faire. S’il y a des résultats, c’est un bonus. S’il n’y en a pas, ça reste un plaisir. Mais c’est une autre ambiance. Et puis on apprend à être agile sur le vélo.

Quel va être ton programme d’ici à la rentrée ?
Je vais déjà déménager pour la Bretagne au 1er février. Je participerai donc à davantage de courses bretonnes cette année. Je vais commencer au Circuit des Plages Vendéennes puis il y aura Manche-Atlantique, le Souvenir Louison Bobet, toutes ces courses-là. Le premier objectif, ça va être le Tour de Normandie, où j’espère être en forme.

Propos recueillis à La Roche-sur-Yon le 14 janvier 2010.