Jérémy, toi qui es d’origine bretonne, peux-tu nous dire pourquoi tant de bons coureurs sont issus de cette région ?
En Bretagne, il y a une forte culture cycliste, c’est un peu comme le sport national là-bas ! Beaucoup de personnes suivent le vélo et beaucoup en font. C’est sûrement pour cela qu’il y a un tel vivier dans cette région. D’autre part, les routes bretonnes sont loin d’être faciles et permettent de bien forger les coureurs.

Tu as fait partie du projet B’Twin Racing Team en 2009, en quoi consistait-il ?
J’ai intégré ce projet à son lancement et je n’en ai retenu que du positif ! A la base ce sont les développeurs de la marque B’Twin qui, à la fin de leur partenariat avec l’équipe Ag2r La Mondiale, ont décidé d’aider certains jeunes en leur fournissant des vélos. Mais depuis, le projet a bien évolué et est désormais beaucoup plus structuré. Maintenant, il se rapproche vraiment d’une équipe de DN1, du moins au niveau de la structure, car les jeunes ne courent pas sous le maillot de B’Twin. Ce projet est vraiment une bonne chose car il permet aux jeunes qui en font partie de voir pas mal de choses, d’être bien encadrés et aussi de bien progresser.

On est à l’heure des bilans, quel bilan tires-tu de ta saison 2012 ?
Je suis un peu surpris de ce que j’ai fait cette saison car les deux années précédentes ne s’étaient pas spécialement bien déroulées, et je ne pensais pas pouvoir faire une si belle saison ! A mon avis j’ai mieux marché en 2012 parce que l’arrêt de mes études m’a permis de me consacrer entièrement au vélo. Les années passées, je souhaitais privilégier les études au vélo. Je suis content de ma saison, j’ai remporté le Tour de l’Ardèche et fait pas mal de bons résultats, comme ma 5ème place au classement général du Rhône-Alpes Isère Tour. J’ai aussi fait quelques belles courses pendant mon stage chez Cofidis.

En quoi a consisté précisément ton statut de stagiaire au sein d’une équipe professionnelle ?
Généralement, les équipes continentales et les équipes WorldTour ont le droit d’engager trois stagiaires durant la deuxième partie de saison, pour les tester et pour – peut-être – en faire signer un d’entre eux pour la saison suivante. Lors d’un stage je pense que le staff ne regarde pas que le niveau sportif du stagiaire. Il regarde aussi la façon qu’il a de travailler pour l’équipe, si son intégration se déroule bien, et comment il se comporte avec les mécaniciens, les kinés et les entraîneurs. Tout cela joue un rôle important pour convaincre une équipe ! Cette année j’ai eu cette position, et Cofidis m’a engagé pour l’an prochain, alors je vais tout faire pour leur donner raison !

Comment s’est déroulée ta signature dans l’équipe dirigée par Yvon Sanquer ?
J’ai d’abord été le premier amateur au courant que je serais stagiaire dans une équipe professionnelle, puisque je l’ai appris au mois de mai, après mon bon résultat au Rhône-Alpes Isère Tour. A partir de ce moment-là, je me suis dit que j’avais de bonnes chances de pouvoir signer un contrat pro pour 2013. Par la suite, j’ai eu de bons résultats, et l’équipe Cofidis m’a fait confiance pendant le stage. J’ai tout de même effectué neuf jours de course avant de signer mon premier contrat pro après le Championnat du Monde.

Passer un jour professionnel a-t-il toujours été ton objectif ?
Jusqu’à l’an dernier, ce n’était qu’un rêve. Le vélo me faisait vraiment rêver, j’allais voir les pros du Tour de France avec des yeux d’enfants. Et du moment où j’ai arrêté mes études et où je me suis entièrement consacré au vélo, j’ai eu comme réel objectif de passer professionnel. J’ai donc consacré toute mon année au vélo en ayant derrière la tête cet objectif-là. Ça a marché, donc je suis vraiment heureux d’avoir réalisé mon rêve de gosse !

Warren Barguil, Bryan Coquard, une belle génération de néo-pros va débarquer en 2013. C’est plutôt bon signe pour l’avenir du cyclisme français ?
Effectivement, c’est bon signe pour le cyclisme français cette bonne brochette de néo-pros. Warren Barguil a vraiment toutes les qualités pour bien marcher chez les professionnels. Il sera capable de remporter de grandes étapes du Tour de France et pourra y jouer un Top 10 dans les années à venir, c’est sûr ! J’ai envie de dire qu’avec cette génération-là, en ajoutant Thibaut Pinot et consorts, le cyclisme français va passer un nouveau cap dans trois-quatre ans. Dans quelques années les Français seront de retour en haut de l’affiche !

L’équipe Cofidis a réalisé de un très bon recrutement. En 2013 l’équipe aura vraiment fière allure !
Le but d’Yvon Sanquer, à son arrivée, était de reformer une grosse équipe, comme c’était le cas il y a quatre-cinq ans, pour essayer de remonter en WorldTour en 2014. Ce renouvellement était nécessaire car l’équipe était un peu en manque de résultats cette année. Je pense que l’année prochaine les résultats seront là avec des coureurs comme Coppel, Taaramae ou Navarro. Nous aurons de bonnes chances de réussite sur les courses par étapes. Et puis, il y a aussi d’autres très bons coureurs qui permettront à l’équipe de faire une belle saison l’an prochain ! Enfin je l’espère… Me concernant, j’aurai plus un rôle d’équipier, mais j’ai vraiment hâte de voir ce que va donner cette équipe et d’attaquer mon aventure avec Cofidis !

Toi qui l’as découvert, pourquoi le monde professionnel est-il si difficile à intégrer ?
Je ne sais pas si c’est si difficile que cela, mais c’est vrai que ça roule fort par rapport aux amateurs ! C’est sûr, ce n’est pas donné à tout le monde d’être dans le peloton professionnel. Je pense que pour être chez les pros il ne faut pas forcément avoir un physique au-dessus de la moyenne, mais il faut surtout avoir un gros mental ! Moi je me dis tout le temps qu’il faut croire en ses chances, et que tout bon travail paie un jour ou l’autre ! Pour passer pro, il faut travailler dur.

Quels seront tes objectifs l’an prochain ?
Je n’aurai pas d’objectif précis en 2013, mais j’aimerais bien gagner une course ! Je vais vraiment ouvrir grand les yeux sur ce qui va m’entourer ! J’aurai vraiment pour but d’apprendre un maximum, pour ensuite me consacrer sur des objectifs précis pour 2014.

Sur quels types de courses es-tu capable de briller dans le futur ?
Je suis avant tout un grimpeur, donc les courses où je pourrai le mieux figuré seront principalement les étapes montagneuses. J’ai bien vu que les sprints, ce n’était pas pour moi, lorsque je suis allé courir en Belgique pendant mon stage. En pro ça frotte beaucoup, et jouer la gagne sur un sprint m’est vraiment très dur. Après, j’apprendrai à me découvrir pour les autres types de courses. Mais je pense que mes courses favorites seront celles en montagne !

As-tu commencé à travailler sur ton futur programme de courses ?
Non, pas encore, nous allons commencer à regarder cela avec mon entraîneur, qui devrait normalement être Jean-Eudes Demaret, lors du premier stage de l’équipe, fin novembre. Nous verrons à ce moment-là sur quelles courses je pourrai m’engager.

Propos recueillis par Alexis Rose le 16 octobre 2012.