Jérémy, tu as quitté l’Albi VS pour Charvieu-Chavagneux IC à l’intersaison, pour quelles raisons ?
J’ai passé deux belles années à Albi, notamment la première avec Didier Jannel, qui s’occupait très bien de nous et en l’occurrence de moi pour l’entraînement. C’était ma deuxième année au rang Elite et j’estime l’avoir très bien réussie en étant dans les 300 premiers coureurs Elites du classement national. Malheureusement, avec le départ de Didier et d’autres soucis de logistique dans la structure, la deuxième année était un peu moins motivante pour les coureurs malgré le très beau calendrier que l’on nous proposait. Il nous a été confirmé par la suite que l’année qui allait suivre ne serait pas meilleure, et qu’il était préférable pour les coureurs ayant la possibilité de le faire de rejoindre une nouvelle structure pour continuer de progresser.

Ce que tu as fait…
Je me suis tourné vers le VC la Pomme Marseille qui a évolué durant l’intersaison vers une structure professionnelle, et je n’y avais logiquement plus ma place. C’est donc avec Christophe Laurent, ami et voisin, que l’on s’est tourné vers la structure iséroise qui m’a très bien accueilli, notamment avec des coureurs qui me connaissaient comme Melvin Rullière, et qui m’ont appuyé auprès du directeur sportif.

Quel bilan tires-tu de ta saison de cyclo-cross disputée sous tes nouvelles couleurs ?
Un bilan mitigé puisque sur les manches nationales j’étais un ton en-dessous. Je n’ai pu jouer aucun podium, j’ai dû me contenter du Top 10. La fin de saison m’a davantage satisfait, je pense qu’avec Lionel Lahoun, mon nouvel entraîneur, on a vraiment commencé à bien se connaître et on a pu préparer les Championnats de France et la fin de saison plus correctement. Je n’étais vraiment pas loin du podium malgré un très mauvais début de course. La préparation aurait était idéale pour les Championnats du Monde fin janvier, mais un effectif réduit ne m’a pas permis d’y aller. La saison s’est donc terminée sur une 25ème place en Coupe du Monde à Pontchâteau avec plein d’ennuis mécaniques. Saison légèrement frustrante donc, surtout que c’était la dernière dans les rangs Espoirs !

Sélectionné au Championnat d’Europe, tu n’as pas obtenu le résultat ciblé ?
Effectivement, je suis complètement passé à côté. La semaine de stage avec l’équipe de France qui a précédé les Europe ne m’a pas été bénéfique du tout ! Je sortais d’une première phase de travail afin de préparer la 1ère manche du challenge à Saverne, et les Europe, je ne les avais pas préparés, car on est prévenu une semaine avant ! Déception de ma part, et surtout du staff qui attendait beaucoup mieux des Espoirs français en général !

Comment as-tu géré la coupure entre ta saison hivernale de cyclo-cross et la saison route ?
Une coupure de quinze jours sans vélo a suivi la dernière Coupe du Monde. Ensuite, changement de monture un peu perturbé, puisque j’ai été gêné par des douleurs au genou dues au changement de position et l’adaptation au nouveau vélo de l’équipe. Ensuite, place à la route et au premier stage de l’équipe à Sainte-Maxime, dans le Var, avec jusqu’à maintenant un travail foncier, car tous les cyclo-crossmen sont très en retard par rapport aux purs routiers. Je vais me servir des premières courses pour combler le retard de kilomètres afin de ne pas reprendre trop tard et l’équipe a besoin de nous le plus tôt possible. C’est pourquoi je reprends ce week-end déjà !

Charvieu-Chavagneux a recruté deux Languedociens avec Christophe Laurent et toi. Quelles sont les ambitions de cette structure ?
C’est toujours intéressant pour une équipe d’avoir deux coureurs qui habitent à côté, pour les déplacements ou l’entraînement. Christophe a une place un peu plus particulière dans l’équipe, c’est le capitaine de route. C’est lui qui a l’expérience et qui va nous guider, ce qu’il fait très bien, et encore plus avec moi tous les jours à l’entraînement, je lui en suis très reconnaissant. L’équipe en général a pour ambition de former de vrais coureurs Elites en étant présente sur les manches de DN2 et sur les courses de la région telles que le Rhône-Alpes Isère Tour ou encore le Championnat Régional.

Tu signes d’excellents résultats en cyclo-cross mais tu sembles avoir du mal à percer sur la route. Comment perçois-tu cela ?
L’effort est très diffèrent et la préparation d’une saison route demande beaucoup de sérieux et de temps, souvent incompatible avec une saison de cyclo-cross. La technique de course est aussi très différente, et je ne pense pas être un très bon tacticien. A l’origine, je suis vététiste, et j’ai commencé la route seulement en Juniors. Je n’ai pas connu les écoles du cyclisme traditionnel. Avec le temps, je deviens un vrai routier. Logiquement, ça devrait être de mieux en mieux et pourquoi pas cette année puisque je vais vraiment faire la saison route jusqu’au bout en pensant beaucoup moins au cyclo-cross et en me mettant une bonne pression pour cette saison routière en rose !

Pour ta première saison en Isère, quels sont tes objectifs personnels ?
J’attends beaucoup de cette saison, en tout cas je suis très motivé. Le fait de me retrouver avec Christophe Laurent, mais aussi toute l’équipe ou il y a une très bonne ambiance, mais également beaucoup de sérieux ! Le calendrier de l’équipe me permet de me fixer de beaux objectifs, avec les grosses épreuves comme le Saône-et-Loire, le Rhône-Alpes Isère Tour, le Tour des Pays de Savoie, mais aussi avec toutes les manches de Coupe de France DN2 et DN1. Cette année il va falloir être acteur sur les belles courses pour envisager de bons résultats au niveau Elite National tout au long de la saison. Mon objectif est d’être présent sur la scène nationale !

Ta région d’origine recèle de très bons éléments (Marc Colom, Christel Ferrier-Bruneau, Clément Koretzky, Arnaud Jouffroy…) mais aucun n’évolue dans une structure régionale. N’est-ce pas dommage et inquiétant ?
Aucun n’évolue dans une structure régionale, et pour cause il n’en existe plus en Languedoc-Roussillon. Les structures qui proposaient quelque chose de sérieux pour progresser et travailler ont disparu de la région. C’est nous, les coureurs, qui sommes pénalisés. Nous sommes obligés de nous expatrier vers des structures de comités extérieurs, ce qui nous vaut de belles saisons bien remplies en déplacements, avec beaucoup de fatigue à la clé. C’est dommage, car on en oublie de nombreux coureurs qui sont encore sur le vélo ou qui ont arrêté, mais le Languedoc-Roussillon a sorti ces dernières années de très bons éléments. Malgré ce que l’on entend à chaque intersaison sur les projets envisagés, le Languedoc est toujours dans l’attente d’une structure qui permettra de garder ses coureurs.

Tu es un ami d’Arnaud Jouffroy, qui a subi une saison blanche en cyclo-cross cet hiver. Le côtoies-tu à l’entraînement dans le sud de la France ?
Je le côtoie très souvent, on se voit dès que l’on peut, que ce soit sur le vélo ou autre. J’ai encore passé deux jours avec lui en fin de semaine dernière. Il a commencé les premières grosses sorties, et il craint d’avoir encore mal au genou. Il s’en est plaint en fin de sortie, et devait à nouveau voir son médecin du sport ce mardi pour connaître l’évolution, la gêne est toujours présente ! J’espère vraiment pour lui que tout va rentrer dans l’ordre pour montrer qu’il est toujours là et égal à lui-même !

Quelle analyse portes-tu sur les résultats et le très bon comportement des coureurs français sur les épreuves internationales de ce début de saison ?
Le niveau français est très élevé et effectivement, ça se confirme sur les résultats internationaux ! On l’a également vu cet hiver sur les Championnats du Monde de cyclo-cross avec de très bons résultats ! On voit aussi beaucoup de néo-pros sur la route cette année, et ils sont déjà acteurs au niveau professionnel, ça motive énormément car on courait encore avec eux l’année dernière. Cela permet de se jauger et de voir la différence. On souhaite toujours pouvoir accéder à ce niveau-là, mais il faut d’abord être très costaud au niveau amateur !

Propos recueillis par Jean-Baptiste Trauchessec le 9 mars 2011.