Johan tu viens d’être sacré Champion régional centre Val de Loire.. Ravi ?

Bien sur! Un titre marque toujours un peu plus donc forcément j’en suis content, surtout que je ne suis pas quelqu’un qui gagne souvent, d’ailleurs je n’avais pas gagner depuis que je suis passé en 1ere catégorie il y a 6 saisons! Cela en a choqué quelques uns qui pensaient que j’avais déjà gagné, mais non, jusque là, la réussite ne m’avait jamais souri…

T’attendais tu à un pareil résultat ? 

J’étais au départ de la course pour gagner, comme au départ de chacune des courses mais je n’y pensais pas plus que cela. J’espérais surtout que ce soit l’équipe qui gagne, la semaine précédente on avait mis 4 coureurs dans les 26 premiers en Coupe de France, cela montre que l’on avait un bon niveau d’ensemble et que l’on avait les capacités pour le faire….Il fallait juste faire LA course parfaite! Quand j’ai vu l’arrivée en arrivant sur la course, elle m’a plu de suite, avant le départ j’avais prévenu mon président que si j’arrivais pour la gagne, j’avais un plan d’action… il a été mis en place !

Tu es un habitué des bonnes places.. mais pas forcément des victoires. Qu’as tu ressenti en franchissant la ligne d’arrivée ?

Un soulagement! 6 ans sans gagner la moindre épreuve sur route, c’est long ! D’autant que j’ai eu des gros soucis de santé au début de saison, qui m’ont écarté près d’un mois et demi du peloton, pour la première fois de ma carrière j’ai songé à arrêter, mais je suis un amoureux du vélo… On s’est battu pour trouver la solution, à cette période, j’ai fait plus d’heures dans les cabinets spécialisés que sur le vélo, mais c’est de l’histoire ancienne, et un mal pour bien, j’ai de la fraicheur actuellement!

Parle nous du parcours et de la manière dont tu as vécu cette course ? 

Je ne suis pas un gars de début de courses, j’ai toujours du mal à trouver mes sensations les 20 premiers kilomètres, je suis resté en queue de peloton avec Victor Gousset à mes cotés. On a placé Jeremy Roma et Dimitri Ilongo dans la 1ere échappée.

Lorsque ça s’est débloqué, je suis sorti et on est rentré devant, j’ai donc passé une bonne partie de la course dans le groupe de tête, on était nombreux donc il fallait être vigilant. Au final un bon groupe est revenu de derrière et j’ai eu des crampes au moment du déclenchement de la grande bagarre dans la bosse de 2 kilomètres, j’ai du m’arrêter et m’étirer.

Je suis reparti en moulinant, j’ai bien gérer mon affaire sans paniquer. A ce moment, mon président pensait que c’était terminé pour moi, puisque j’avais du filer le groupe de tête. J’ai fait l’effort sur les parties roulantes et je m’appliquais à pédaler souple dans les montées. J’ai été discret dans le final, mais au dernier passage de la grosse difficulté du parcours, je bascule dans la 1ere cassure, c’est que j’étais bien.

J’ai laissé faire dans le final, je n’étais pas confiant alors j’avais décidé de jouer la carte Dimitri Ilongo, qui avait passé la course devant et qui est rapide au sprint. Il a crevé à 5km de l’arrivée, je me suis donc concentré sur ma carte personnelle et j’ai attaqué juste avant le dernier virage. Je vire en tête aux 200m et personne n’a pu me remonter… que du bonheur!

On te voit exploser de joie quelques mètres avant la ligne quand tu comprends que tu vas l’emporter. Quelques jours avant pourtant tu avais un peu perdu confiance…

Perdu confiance, oui et non. En fait, je n’ai jamais confiance en moi, c’est pour cela que j’ai tendance à jouer la carte collective plutôt que la mienne. Cela fait 1 mois et demi que je suis dans les hauts des classements, j’ai terminé 9e sur les boucles du printemps en Coupe de France, 25e sur la dernière manche des boucles de la Marne, sans une chute dans les 300 derniers mètres j’aurais de nouveau été dans les points. C’est la preuve que la forme était bonne. Mon président m’avait gentiment mis la pression quelques jours avant le championnat, il m’avait dit que le club n’avait gagné le championnat qu’en 2011, et rien depuis 7 ans. En quelques sortes, j’avais une mission, je l’ai mené à bien. (rires)

Difficile d’être compétitif quand on cumule emploi et entraînement? 

Oui ce n’est pas tous les jours facile. Je suis debout toute la journée à piétiner donc ce n’est pas le top quand tu pratiques un sport à haut niveau mais j’ai trouvé mon équilibre. Je n’ai jamais eu la chance de ne faire que du vélo, peut-être que cela aurait boosté ma progression, à la place de cela, je progresse un peu chaque année, je ne connais pas où sont mes limites, j’espère que ce titre sera un élément déclencheur et que je vais connaitre davantage la réussite.

J’ai la chance d’avoir des chefs en or, qui me permettent d’arranger mes horaires quand il le faut. Malheureusement je ne peux pas être toutes les semaines sur toutes les grosses courses du calendrier, j’ai un quota horaire à respecter tout de même… Par exemple, je ne pourrais pas être au départ du tour du canton de Mareuil et Verteillac, prochaine manche de Coupe de France.

Je devais aussi avoir un emploi du temps chargé jusqu’à la fin du mois, j’ai demandé à mon chef de l’alléger au maximum jusqu’au championnat de France, pour avoir le temps de bien m’entrainer et récupérer au maximum. Je n’aurais pas un gros programme de courses jusque là puisque l’on a aucune élite de prévu, donc je vais devoir compenser par un entrainement pointilleux… C’était déjà le cas avant les boucles du printemps, puisque je n’avais fait aucune élite depuis ma reprise des compétitions, cela m’avait souri, alors pourquoi pas..!

On aperçoit l’un de tes coéquipiers qui se réjouit pour toi quand il comprend que tu as gagné, cela traduit un bon état d’esprit et de cohésion dans l’équipe? 

J’étais content de voir les gars du club, content pour moi à l’arrivée! Dimitri Ilongo, Téo Quillet et Florian Delachaume m’ont pris dans leur bras, ils étaient vraiment contents. Dimitri a levé les bras, sur les photos de l’arrivée, on peut voir Ludo Bideau au milieu de la route pour m’encourager. Je suis content de voir cela. Je suis le premier à me sacrifier pour les gars de l’équipe, ça me fait plaisir quand je vois qu’ils sont content de me voir réussir..

Maintenant que j’ai gagné, je vais pouvoir les aider à lever les bras également. Un mec comme Ludo marche fort mais ne gagne pas, on va essayer de corriger cela, il mérite d’en claquer une!

Je n’oublie pas non plus mon pote Victor Gousset, on habitait dans le même village jusqu’au week end dernier (et l’achat de ma maison à 30km de Troyes), on partage nos entrainements ensemble, ils m’ont calmé avec Dimitri lorsque Victor est revenu devant car apparemment j’en faisais beaucoup trop et j’étais nerveux. Il m’a apporté de la sérénité, je savais que si il était avec moi, j’avais un « garde du corps » (rires).

J’aimerais bien qu’il en gagne une, il ne pratique plus le même vélo que durant ses grandes saisons, mais il ne faut pas oublier son palmarès, ça reste un grand champion qui aurait mérité d’être chez les pros!

Prochaine course ? Prochain objectif ? 

Je vais faire uniquement des courses régionales jusqu’au championnat de France, j’ai prévu de rallonger derrière sur certaines d’entre elles pour obtenir le kilométrage du France. Forcément le prochain objectif sera le championnat de France, même si je reste lucide sur mes possibilités ce jour là, mais après tout c’est une course d’un jour. On entend un peu de tout sur le circuit, si ce n’est pas trop dur et que cela me convient, on peut toujours rêver, c’est permis à tout le monde, alors pourquoi pas….. Je ferai une petit coupure après cela, avant un stage à la montagne pour préparer la deuxième partie de saison.

Tu as surement envie de remercier des gens…

Je remercie ma famille principalement qui a toujours fait le maximum pour moi. Mais aussi Guy Gallopin, sans ses conseils j’aurais surement perdu la course au moment où j’ai choppé des crampes.

Merci également à toutes les personnes qui me suivent, m’encouragent et me soutiennent, à mes partenaires personnels comme Jean Louis Talo et Osymétric, ainsi qu’à toutes les personnes que j’ai pu oublier !

 

Mathilde Duriez, vélo101