Comment es-tu arrivé dans le milieu du vélo ?

« J’ai débuté très tôt, à l’âge de 6ans, dans des clubs proches de chez moi (Evian Vélo puis Team Allinges-Publier). Mon père faisait des compétitions, je l’accompagnais avec son équipe tous les WE. Je fais donc de la compétition depuis déjà 16 ans ! »

Equipe Haute Savoie cadets – championne de france des départements. Paret Peintre, Righini, Ghieza, Laffay, Costa, VincentEquipe Haute Savoie cadets – championne de france des départements. Paret-Peintre, Righini, Ghieza, Laffay, Costa, Vincent | ©

En 2013, tu intégrais le pôle espoir de Saint Etienne et le Centre de Formation du CR4C Roanne. Quelle importance ont les centres de formation dans le cyclisme amateur Junior et Espoir ? 

« Après des bons résultats chez les jeunes, j’ai intégré le pôle espoir de Saint Etienne dans le but de concilier études et vélo. Grâce à Dominique Garde, ancien coéquipier notamment de Laurent Fignon, et ses équipes j’ai découvert le haut niveau et suis devenu, comme il le répète souvent, un athlète avant un cycliste. En effet, l’hiver nous faisons beaucoup de préparation physique générale, ce qui était nouveau pour moi (course à pieds, natation, musculation, PPG, piste, cyclocross…). Je ne savais d’ailleurs pas encore nager (sic). Là-bas j’ai aussi rencontré une réelle seconde famille, des vrais « potes ».  On a donc décidé de se rejoindre sous le même maillot, celui du CR4C Roanne. J’ai alors découvert le « vrai vélo ». Je ne savais pas ce qu’était le niveau DN1, ni même le niveau réel de l’équipe qui est un club historique en France avec le passage de coureurs comme Luminet, Vichot, Coppel, Schutz, Molard… Grace à ces centres j’ai participé aux plus belles courses juniors (Bernaudeau junior, classique des Alpes, Tour du Pays de Vaud, Challenge National…). Etre au CR4C permettait aussi de côtoyer des coureurs élite et parfois même courir avec eux (3 à 4 fois dans l’année). On nous prépare au haut niveau. Le gros avantage de ces structures c’était pour moi de bénéficier d’horaires aménagées (3 après-midis de libre par semaine). Le « double projet » c’est pour moi indispensable, un équillibre. »

Être dans un des meilleurs clubs de France avec le champion de France amateurs, Geoffrey Bouchard, représente-t-il une exigence particulière?

« Roanne, c’est une réelle famille. On y revient toujours. Je les remercie de leur confiance. Cette année nous sommes une réelle bande de copains. Nous avons tous été sérieux cet hiver. Le groupe a pris et la bonne dynamique aussi grâce à des belles victoires en début de saison. Là bas, la devise c’est « être sérieux, sans se prendre au sérieux ». Nous n’avons pas de pression ni d’exigences particulières. Nous sommes mis dans de bonnes conditions. Les résultats de l’équipe sont pour moi une source de motivation et m’ont poussé à revenir rapidement après une opération du genou en début de saison. Je pense que c’est pareil pour les autres. »

Andréa Costa, CR4C Roanne (4)Andréa Costa, CR4C Roanne (4) | © ECSEL – Ph.Pradier

Au-déla du cyclisme, quelle est ta situation professionnelle actuelle? Envisages-tu faire du cyclisme ta profession ?

« Même si j’ai fait quelques erreurs après mes années juniors et ai souvent été blessé comme en 2015 avec une opération de l’artère iliaque (la maladie du cycliste). Résultat : une saison blanche et de nombreux mois d’absence. Je suis lucide sur mon potentiel et la précarité du métier pour les « petits pros » (non péjoratif). Je souhaite donc avoir un métier avant tout. Je suis actuellement en dernière année de master marketing management du sport à Chambéry. »

Comment fais-tu pour poursuivre tes études en Master et pour continuer tes entraînements ? Combien d’heures par semaine investis-tu sur chaque activité ?

« La formation est en alternance. L’année dernière c’était 25 heures par semaine. Cette année c’est une semaine de 35 heures mais 1 semaine sur 4 puisque la formation est en alternance. Souhaitant me garder quelques heures pour m’entrainer (le vélo est très chronophage, entre 14 et 18 heures par semaine pour moi), j’ai souhaité me lancer comme auto-entrepreneur. Je me construit donc un réel réseau et multiplie les activités dans plusieurs disciplines (ski, foot, automobile ou encore cyclisme). J’ai plus de liberté qu’en entreprise pour m’entrainer. »

Envisages-tu de continuer ton activité professionnelle d’auto entrepreneur dans l’avenir pour pouvoir continuer à t’entrainer ?

« Je ferai le bilan sportif et professionnel à la fin de ma dernière année d’études (en juin prochain). Toutefois, je ne ferai pas du vélo en amateur pendant encore plusieurs années. Pour l’instant mon statut étudiant me le permet. Si mon entreprise prend pourquoi pas la continuer sinon je me vois bien travailler pour une équipe pro’, une fédération, un équipementier ou encore une société d’organisation. Je veux rester dans le sport. Vivre de sa passion est pour moi une chance. C’est donc mon objectif. »

Andréa Costa, CR4C Roanne (5)Andréa Costa, CR4C Roanne | © Georges Ménager

Dans le cyclisme amateur, il est habituel que les coureurs aient une vie professionnelle en parallèle au vélo?

« Chaque profil est différent. D’une équipe à l’autre cela varie aussi beaucoup. Par exemple, une équipe comme Chambéry Cyclisme Formation oblige ses coureurs à poursuivre leurs études. Ca ne les empêche pas de performer. C’est pour moi un bon modèle. Toutefois, une fois qu’un coureur arrête ses études, il est très difficile d’avoir un travail en parallèle. Etre coureur cycliste est chronophage et demande une hygiène de vie (alimentation, récupération…) par forcément compatible avec le monde du travail. » 

Parmi ceux qui se consacrent exclusivement au vélo pendant 1 à 2 ans pour améliorer leur niveau, il y en a qui n’arrivent pas à devenir professionnels. Par conséquent, pouvons-nous dire que le cyclisme amateur ne récompense pas les efforts de tous les coureurs ?

« Oui, c’est la dure la loi du sport et du haut niveau. Il faut donc penser à son avenir… » 

Dans ton cas, la saison 2018 est marquée par ton opération en début de saison. Quelle blessure avais-tu?

« Un épanchement du liquide synovial qui a séché sous la rotule. Celle-ci était donc déplacée et provoquait des hématomes. Il a donc fallu aller gratter… Une blessure rare pour un cycliste. Peut être trop de course à pieds sur sol dur. Je suis très sensible des genoux. » 

Andréa Costa, CR4C Roanne (2)Andréa Costa, CR4C Roanne | © CR4C Roanne

Quelle sera la suite de ton programme jusqu’à la fin de la saison ? Quels sont tes objectifs ?

« Je vais continuer de courir tous les WE. J’espère profiter de ma condition pour sortir un résultat. Avec seulement 13000km, je suis frais et suis donc capable de rester motivé jusque fin-novembre. Il y aura notamment Paris Tours espoirs ou encore le Roc Azur, pour le fun. » 

Quel est ton meilleur souvenir cette saison ? Et le moins bon ? 

« Le meilleur restera le Tour d’Alsace, une classe 2 remportée par Geoffrey Bouchard mon coéquipier. Le dernier jour, il a fallu rouler en tête de peloton pendant 100km pour maintenir l’écart avec une échappée d’une vingtaine de coureurs. C’est exceptionnel, ça n’arrive pas souvent pour des amateurs et c’est donc super motivant. On se dépasse, encore plus pour un personne aussi méritante que Geoffrey ! »

Andréa Costa, CR4C RoanneAndréa Costa, CR4C Roanne | © CR4C Roanne

Qu’est ce que tu attends de la saison 2019 ?

« On verra… Il n’y a encore rien d’arrêté. Après longue réflexion, je vais continuer une année encore à fond. Je souhaite me faire plaisir avec des copains en me ciblant des belles courses dans la région comme le Tour du Chablais, chez moi. Si je n’ai pas de pépin, je compte bien retrouver un bon niveau élite ! J’ai hâte d’y être ! »

Miguel Graciani