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CR La Classic 11 - L'audoise


Patrick RICARD
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901 kilomètres au compteur en 3 mois. Elle s’entraine plus que moi !

Je veux parler de ma fille ; elle va bientôt avoir 17 ans.

J’y suis un peu pour quelque chose. Je lui ai fait accomplir 119 kilomètres avant la course, et 119 kilomètres après. Qui a dit que j’étais un bourreau d’enfant ?

 

C’est en voiture. Elle passera son permis de conduire après la conduite accompagnée. L’accompagnateur, c’est moi. C’est la deuxième fois que je vais endosser le costume. D’accompagnateur s’entend, car le costar et la cravate, pourtant très répandu dans ma profession, je le laisse aux autres. 

Le départ de la course doit être donné à Villeneuve Minervois à 8 h 45. Ce n’est pas forcément très matinal, mais résident Toulousain, ça fait quand même une trotte. Le site internet de Michelin annonce qu’il faut 1 heure 23 minutes pour accomplir les 119 kilomètres. Pour une apprentie conductrice, limitée à 110 km/heure sur autoroute et 80 sur la route, ça rallonge d’autant le temps nécessaire pour le trajet. De combien, je n’en sais rien. Disons 20 minutes ; en plus, il faut sortir le véhicule du garage sans l’accrocher, et ce n’est pas une sinécure, tant l’espace de manœuvre est exigu.

Tenant compte des formalités de régularisation de mon inscription au départ de la course, et du fait que le véhicule n’est pas équipé d’un GPS, l’idéal eut été de quitter Toulouse vers 6 h 00. Mais l’idéal n’est pas de ce monde, sinon ça se saurait. 

J’ai réglé le réveil sur 5 h 20. Trop ambitieux d’imaginer que tout serait plié en 40 minutes. En attendant, 5 h 20, c’est un peu raide. Moins cependant que les ascensions qui sont au programme. Mais ça, je ne le sais pas encore.

Bien qu’ayant préparé mes affaires la veille pour ne pas perdre une minute, de fil en aiguille, et d’épingles égarées au dernier moment pour accrocher le dossard, je perds un temps précieux que nous ne pourrons rattraper, au regard de la réglementation qui interdit à tout apprenti conducteur de rouler comme un Fangio. Bref, nous quittons Toulouse vers 6 h 30.

Comme un fait exprès, suivant les conseils de Michelin, sortis de l’autoroute à Carcassonne EST (il aurait été préférable de sortir à Carcassonne Ouest), ayant loupé la bifurcation qui devait nous conduire à Villeneuve, nous voilà bon pour un tour complet de la cité médiévale. C’est mal barré pour la sérénité. Je veille cependant à ne rien laisser paraître du stress qui commence à m’habiter, pour éviter de mettre la pression sur mon apprentie conductrice, qui ma foi, se débrouille très bien.

Parvenus enfin aux abords de Villeneuve Minervois, je note la présence de nombreux participants qui s’échauffent consciencieusement. Quant à nous, sur le lieu des formalités de départ, nous ne trouvons aucune place pour nous garer. Qu’à cela ne tiennent ; je saute du véhicule et je me précipite vers les personnes en charge d’inscrire les retardataires.

 

Par chance, comme je fais partie de la crème des retardataires, peu sont ceux qui me précèdent, et le tout est expédié rapidement.

Dans l’intervalle, petite entorse à la réglementation routière, ma novice est partie toute seule au volant du véhicule pour trouver une place et garer le véhicule. Mais ou est elle passée ? Sans vélo, je risque d’avoir du mal à faire une place ! Avec aussi d’ailleurs, en considération de mon échauffement très spécial. Disons que tout est chaud sauf les muscles et le coeur.

Je l’aperçois un peu plus haut. Elle a fait un créneau en côte, comme une chef.   

 

Je sors le vélo de la voiture, j’enfile les chaussures cyclistes, et je saute dessus pour un simulacre d’échauffement. 500 mètres plus loin, stupeur. Je dis tout : une envie pressente. Celles qui nécessitent, à défaut d’un lieu adéquat, un petit coin tranquille. Ne connaissant pas les alentours, je trouve. Ouf ! Ne vous moquez pas. Les empruntes locales démontrent que je ne suis pas le seul à l’avoir trouvé. D’autres ont rencontré le même écueil, la précipitation en moins probablement.

 

J’espère que je ne vais pas louper le départ. Tous sont déjà sur la ligne lorsque j’arrive enfin. Ayant oublié le kit crevaison, ma fille se faufile entre les cyclos pour me le remettre. A quoi bon puisque je ne sais pas m’en servir ! En attendant, je suis déjà à bloc avant le départ. Habituellement entre 50 et 55 pulsations minutes, je suis à 100 pulsations/minutes. C’est comme à quitte ou double. Pas idéal.

 

Devant repasser sur la ligne de départ à l’issue d’une 1ière boucle de 40 kilomètres, je suggère à ma fille de se positionner à environ 200 mètres avant la ligne, dans le faux plat qui précède notre premier passage pour tenter de me donner un bidon. Côté tactique cycliste, ce sera la bonne idée de la journée. La seule.

  

Info météo de la veille : 9° C au départ et 20° C à l’arrivée. Vent de secteur EST soufflant à 35 km/h et 65 km/h en rafale.

Cette fois-ci, j’aurais apprécié que la météo se soit trompée.

Il se dit dans le milieu des météorologistes qu’embrasser ce métier est une source d’humiliation, et une école d’humilité. Curieuse similitude !    

Le thermomètre de mon compteur confirme. Pour Eole, je ne dispose d’aucun appareil embarqué pour vérifier. Tout ce que je peux dire, c’est que ça décoiffe. Le speaker annonce que ça va durcir l’épreuve. Comme si elle n’était pas assez dure comme ça !

 

Dans les minutes qui précèdent le coup de pistolet, le speaker annonce :

 

-          Vent de face pendant les premiers kilomètres, puis globalement de dos pour les 20 qui suivent, avant de repasser à Villeneuve Minervois pour la fin de la 1ière boucle.

-          Plus de 200 coureurs au départ de cette nouvelle épreuve inscrite au calendrier, en attendant mieux les prochaines années.

 

L’épreuve a un parrain notoire : Jean Paul Olivier, dit « Paulo la science », commentateur et journaliste vedette bien connu des téléspectateurs du Tour de France.

 

Côté participants, je note également la présence d’une autre vedette du peloton professionnel des années 1990/2000. M. Luc Leblanc né le 04/08/1966 (46 ans), que l’on ne présente plus si ce n’est pour se remémorer quelques lignes de son palmarès :

 

-          Champion de France de cyclisme professionnel en 1992

-          Vainqueur devant Miguel Indurain de l’étape qui arrivait au sommet d’Hautacam sur le Tour de France 1991,

-          4ième et 6ième du Tour de France en 1994 et 1996

-          Champion du Monde de cyclisme professionnel en 1994 à Catane en Sicile, un jour où il faisait 40° C à l’ombre.

 

Oui, mais lui, il sera sur le vélo parmi les concurrents.

Il ne sera pas le seul ex professionnel à honorer l’épreuve de sa présence. Moins connu, M. Roland Smet, né le 18/12/1952, professionnel des années 1976 à 1981.

 

A croire que le vélo, n’en déplaise à ses détracteurs, peut concourir à bien vieillir, à condition certainement de ne pas faire n’importe quoi !

 

Place à la course, maintenant.

  

Du nombre limité des compétiteurs conjugué aux caprices du vent, je déduis la nécessité absolue de remonter au plus vite à l’avant du peloton pour accrocher les bonnes roues, et éviter de se retrouver esseulé ou isolé.

    

Sur la ligne de départ, je suis positionné au fond de la classe. Ça va être coton. S’il n’y avait pas eu ma fille sur le bord de la route, considérant que les cieux m’avaient été contraires, je me serais contenté de suivre ceux qui me précèdent, sans chercher autre chose. Oui, mais elle est là. Je vais essayer de faire un peu mieux, même si je suis convaincu, et dès avant le départ, que pour moi, les carottes sont cuites avant d’avoir été pelées. Disons que j’ai l’impression d’être râpé avant que le départ ne soit donné.

 

Départ canon. Les sinuosités incessantes de la route que nous empruntons incitent ceux qui sont bien positionnés à visser, escomptant sur les cassures pour éliminer les étourdis qui n’ont pas eu la clairvoyance de se placer plus à l’avant. Ça roule comme des malades.

D’entrée je prends de multiples cassures. Je sprinte pour sauter de groupes en groupes. En résumé, durant les 30 premiers kilomètres, je n’arrête pas de faire des sauts de puces. Alors que je recolle aux derniers du peloton, ces derniers se font lâcher, et rebelote. De temps en temps, je profite aussi du travail de quelques étourdis gaillards qui remontent vers l’avant, mais globalement, je prends trop de vent.

 

Adossé au vent, je pousse la manette pour descendre un pignon et mettre plus grand. Rien ne se passe. Je jette un œil. 50 x 13. J’ai emporté ma roue libre montagne qui ne dispose que d’un 13 dents. Celle de plaine est équipé d’un 12. Un mal pour un bien.

 

Kilomètre 28. Cette fois, c’est bon, les jambes autour du coup sur mon « petit » développement, je viens enfin de rentrer sur le peloton de tête, lorsqu’une brutale rafale de vent manque de peu d’en envoyer quelques uns au tapis. Coup de frein, vélo en travers, énorme coup de chaleur, nouvelle relance, et nouveau sprint pour rejoindre. Cet épisode stressant laisse une empreinte indélébile dans mon organisme.

 

Aux alentours du kilomètre 34, le peloton se calme sensiblement. Ça roule presque tranquille. Mais impossible de remonter à la faveur d’un virage à angle droit (je sais faire), car tous souhaitent conserver leur position.

En théorie, tous mes efforts ont porté leurs fruits, puisque j’appartiens au premier paquet. En théorie seulement, car le fruit est un peu passé. Le fruit, vous l’aurez compris, c’est moi. En clair, déjà râpé avant le départ, je suis mûr comme une pêche que l’on trouve fin juin vers 12 h 30 sur le marché, d’une chaude journée. En clair, dans le feu de l’action, le stress qui s’était emparé de moi avant le départ n’y étant pas étranger, j’ai gaspillé mes munitions, et j’en suis conscient.

Je me console en constatant que je suis encore capable de produire ce type d’effort pour réintégrer ce qu’il reste de ce peloton qui ne compte environ que 70 concurrents sur les 202 du départ ; de surcroît, plus de ¾ sont mes cadets. Je sais, on se console comme on peut. Il n’empêche. 

 

Dans les 5 kilomètres qui précèdent Villeneuve, une série de côtes qui se monte sur la plaque se présente sous nos roues. Le peloton s’étire. Bah, à quoi bon insister davantage ? Le devoir accompli, je me laisse glisser dans les toutes dernières positions du peloton pour tenter de récupérer avant la 2ième partie de l’épreuve. Comme un fait exprès les derniers décrochent et je me retrouve dans le lot. Je reste dans les roues de ce quatuor. Je n’ai ni la force ni l’envie d’en faire plus.

 

A cet instant, l’idée de descendre au faite de notre 1ière boucle me traverse l’esprit. Me traverse est un mot faible. Disons que l’idée me taraude assidûment.  Il faut que je me fasse une raison. L’épreuve était trop mal engagée dès avant le départ. Je tente cependant de chasser cette idée de mon encéphale.

Que ceux qui immanquablement se sont trouvés en difficulté et qui n’ont pas eu l’envie de céder à la facilité, me lancent une pierre !

Je m’en doutais. Je suis indemne. Je n’ai reçu aucun projectile.

Désireux de ne pas porter la responsabilité d’un abandon, je subordonne mon sort au bidon que ma fille est présumée me tendre à l’issue de la 1ière boucle. Si je parviens à la reconnaître et à me saisir de l’objet, je continue. Sinon, j’arrête. C’est d’autant plus logique qu’à défaut, il serait illusoire d’espérer aller au bout.

C’est le marché que je viens de passer avec mon conscient. L’analyse de l’inconscient, je le laisse à ceux qui fréquentent les psy. Ce n’est pas mon cas.    

 

Des propos recueillis de ma fille, notre quatuor s’est présenté à environ 45 secondes du petit peloton de tête. Nous avons couvert les 40 premiers kilomètres en à peine plus d’une heure. Quand je pense aux incessants coups d’accélération et aux rafales de vent, il est normal que je sois usé. Pour qu’il en soit autrement, aurait-il fallu arrivé plus tôt ce matin ?  

Déjà chanceux de voir que je suis encore capable de rouler à cette vitesse pendant une heure.

Ma fille m’a d’ailleurs avoué que si j’étais passé en plein milieu du peloton, elle ne serait jamais parvenue à me passer le bidon. Comment font les autres ? Je n’en sais rien. Ont-ils des accompagnateurs sur le parcours ? Disposent-ils de bidons grande contenance ? Ai-je fais une ou plusieurs erreurs ? Sans doute. 

  

Par chance (?), j’ai récupéré mon bidon. Je suis donc obligé de continuer.

 

Je m’abreuve. En fait, je vide le contenu du récipient dans les 5 kilomètres qui suivent. Si je n’étais pas contraint d’économiser le précieux breuvage, je viderais le 2ième bidon qui me reste.

Oui, mais voilà, la partie assassine du parcours s’annonce. Ayant omis ce matin d’emporter une bouteille d’eau dans la voiture pour m’hydrater, comme je le fais usuellement au bureau après le petit déjeuner, et m’étant trop couvert en raison de la température frisquette au moment du départ, je crois que je me suis progressivement déshydraté durant  cette 1ière heure.

Ça me promet des kilomètres difficiles.

 

Les minutes passent. Accompagné d’un seul autre concurrent désireux de se refaire la cerise, nous progressons lentement dans les gorges de Cabrespine sur le faux plat de 7 km qui va de Villeneuve au pied du Pic de Nore (km 41 à km 53).

Dans le premier kilomètre du Col de Prade qui en développe cinq, sur une pente de l’ordre de 5 à 6 %,  nous sommes rejoins par un groupe de 4 puis de 10 coureurs, lequel comprend en son sein les deux premières féminines qui manifestement s’épient pour la victoire.

Dans un sursaut (d’orgueil ?), je décide de les accompagner. Ça ne monte pas réellement vite, mais à la différence du tempo que j’avais adopté jusque là en attendant, il faut néanmoins que je m’emploie un peu. En ces instants, je regrette un peu que les cieux ne m’aient pas été plus favorables depuis le levé, persuadé que j’avais manifestement les moyens physiques d’accompagner ce groupe sans souffrir.

 

Parvenu au sommet du Col de Prade au fait d’une route gravillonneuse, je ressens un début de crampe au dessus du genou de ma cuisse gauche. Je n’ai d’autre alternative que de vider le reste du contenu de mon 2ième et dernier bidon, tout en abordant la descente très prudemment, laissant filer ce petit groupe.

 

Le road book indiquait :


Entre Castans (km 62) et le Col de la Croix de Sous (km 69) la route (étroite) présente d’importantes différences de pente. Sur des distances assez brèves (d’un hectomètre à quelques hectomètres) trois passages ont connu leur heure de gloire : Bernard Hinault, au faîte de sa gloire, et la majorité des coureurs du Tour de l’Aude, avaient dû y mettre pied à terre.Prenez vos précautions.

 

« Fort » (façon de parler !) de ma roue libre de montagne, j’aborde cependant ce secteur très attentif aux signes avant coureurs de mes déboires musculaires.

Il demeure que dès que j’appuie un peu plus fort sur les pédales, j’ai des crampes. Mon état de fébrilité amplifie t il le phénomène ?  

Je suis obligé de m’arrêter pour attendre que ça passe. Quitte à être arrêté, après une séance d’étirements, j’en profite pour ôter le sous vêtement usagé que j’avais glissé sous mon maillot ce matin. Une bonne dizaine de minutes s’écoulent avant qu’il ne me soit possible de chevaucher mon vélo.

Je repars sur un mode très souple. Tout à gauche, je gravis la pente comme je peux, rompu à une sorte de gestion de crampes. Impuissant, je vois ainsi passer une trentaine de coursiers, suants sangs et eaux, à 10 mètres les uns des autres. En ce qui me concerne, de l’eau je n’en ai plus à suer. Je suis sec. J’escompte sur un poste de ravitaillement liquide sommaire au sommet du col. Ce qui me chagrine, c’est que mes pulsations cardiaques sont basses. Je me hisse au sommet dans la roue d’un autre participant qui m’avoue lui aussi un début de crampe.

 

Amateur de photos, je perçois distinctement le clic clac d’un appareil. C’est le photographe officiel de l’épreuve qui a du immortaliser ma présence en ces lieux. Je me demande la tête que je fais. On verra bien. A l’arrivée, je constaterai que j’ai l’air de me promener, alors que je suis en délicatesse avec mes deux cuisses, mes deux mollets (les ayant fortement sollicités durant le dernier km de l’ascension en  arrondissant le pédalage), et le dessous de mon pied droit.

 

Au sommet, la sécurité nous signale une descente très dangereuse, pleine de gravillons. Ça n’est pas bon pour moi. Non seulement il n’y a pas d’eau, mais en plus j’espérais profiter de la descente pour réaliser quelques exercices d’étirement que je dois reporter sine die.

Souvent sur les freins, il s’avère en effet inconcevable de se décontracter dans les premiers kilomètres sinueux, gravillonneux et très raides. Plus loin au contraire, sauf à me retrouver isolé, la pente insuffisamment raide conjuguée au vent de ¾ face, me contraint à pédaler pour tenter de me maintenir dans le petit groupe auquel j’appartiens désormais. De temps en temps, je ne peux taire un aïe.      

 

Le ravitaillement annoncé vers le 85ième km arrive enfin. Je bois tout ce qui se présente. De l’eau, du Coca, du light ou pas, je m’en fous. Je fais le plein de mes bidons, et je repars avec deux comparses d’infortune.

 

Il reste un peu plus de 20 km, dont les cinq derniers sont paraît-il terriblement difficiles.  

Par chance, au début en tout cas, Eole nous donne un coup de main. Pour autant, incapable d’appuyer correctement sur les pédales de peur de déclencher des crampes, je suis à nouveau dépassé par quelques concurrents. Combien m’ont doublé depuis la fin de la 1ière boucle ? Disons une soixantaine. Soixante-dix peut être. J’avoue que ma préoccupation n’est plus de cet ordre.

 

Approchant de Villeneuve Minervois, l’idée de m’arrêter en bas du village à dessein de me dispenser de l’ascension de 5 km dont le road book mentionne des passages à 12 et 14 % m’assaille à nouveau. D’un autre côté, ayant déjà beaucoup souffert, je ne suis plus à ça près. Sans doute un peu masochiste, je veux savoir si je suis capable de me faire violence jusqu’au bout. Je me lance un défi. Aller au bout.

J’aborde l’ascension complètement lessivé, mais ni plus ni moins que depuis une cinquantaine de kilomètres. J’ai l’impression que je ne suis pas le seul dans cet état.

 

Des quelques concurrents que je vois s’échiner devant moi le long de ce chemin de croix, ou qui me suivent à quelques encablures, nous progressons tous à trente mètres des uns des autres, dans l’indifférence consommée de notre classement respectif, chacun de nous probablement bien trop préoccupé par la gestion de son effort.

Les spectateurs sont en nombre. Me sentant un peu dépouillé, je souris en pensant aux idées grotesques qui me viennent à l’esprit. A la vitesse où nous progressons, ça me permet de trouver le temps moins long.

 

Et si les dentistes ou les obstétriciens mettaient en scène des spectacles publics dans les cliniques ou leur cabinet, pour arrondir leur fin de mois ou combler le trou de la sécu.

Grand spectacle d’arrachage de dents par ci, et accouchement en direct par là. La télé réalité a encore quelques beaux jours devant elle. Y aurait il un public pour ça ? Je délire, mais ça me fait du bien. 

 

En attendant, ce calvaire doit plomber la moyenne qui ne bénéficiera pas de la descente, puisque l’arrivée est au sommet.

« Si Jésus avait fait du vélo », c’est à Villeneuve Minervois, et pas à Lourdes que serait situé le chemin de croix. Encore une idée qui me fait rire.

 

Je passe la ligne. Le speaker annonce mon numéro et mon nom. C’est une délivrance.

 

J’en vois affalés sur le côté en train de reprendre leur souffle et tenter de récupérer.

Pour ma part, direction le ravitaillement liquide. A croire que je viens de traverser le désert. Je me demande ce que j’ai bien pu faire de tout ce liquide.

 

Je redescends immédiatement retrouver ma fille. Dans le village, je croise le compagnon d’infortune qui m’avait avoué être victime de crampes au sommet du Col de Sous, avec lequel j’ai rallié le fameux  ravitaillement du 85ième km. Manifestement, ayant adopté la tenue « civile » pour me rendre aux douches, il ne me reconnaît pas.

 

La douche me ragaillardit. Passons à table.

Salade de gésier, une sorte de paëlla aux pâtes. Une spécificité locale ? Pour finir, c’est fromage, pâtisserie, et vin rouge à volonté. Pour moi, ce sera 2 verres seulement. Assis à la place du passager, j’ai endossé le rôle d’accompagnateur. Je me dois au moins d’être exemplaire à ce niveau.

 

Je profite de la présence de Jean Paul Olivier pour me faire dédicacer le verso de ma photo. Un souvenir. Je crois que je me souviendrai effectivement longtemps de cette épreuve. Si j’y reviens, je l’aborderai autrement. Demain sera un autre jour.

 

C’est la 4ième épreuve de ce type à laquelle je participe depuis que j’ai repris le vélo, les 3 précédentes l’année dernière. Comme lors de la première épreuve de l’année dernière, les crampes ont contrarié ma progression.

Sur ces 4 épreuves, deux entachées d’erreurs grossières, une contrariée par la malchance (2 crevaisons successives).

Sur la 3ième (La Georges Gay 2011), excepté un relatif mauvais placement sur la ligne de départ, les circonstances de course m’ayant été par la suite plutôt favorables, connaissant le parcours, j’ai géré mes forces comme un vieux briscard. C’est uniquement, en évitant les erreurs qu’il m’est possible d’arriver pour la 6ième place, terminer 9ième dans ma catégorie (63ième au scratch) pour une moyenne de 33 et 34 km/h.

 

Au stade de la remise des récompenses et de la réunion de clôture, les organisateurs ont demandé aux participants de faire remonter leurs commentaires pour améliorer l’organisation l’année suivante.

 

-          Un ravitaillement solide et liquide est indispensable au sommet du Col de Sous !

 

A Villeneuve Minervois, sur les 202 participants au départ, je suis 142ième, 176 étant classés. Les autres ont dû mettre la flèche à la fin de la 1ière boucle ou se dispenser de la dernière ascension. Comme je les comprends !

   

En raison de ma catégorie d’âge, il m’est attribué l’argent. C’est bien la seule chose qui me soit tombé du ciel aujourd’hui. Je rigole.

A quelle place aurais je pu terminer, si …., et si …….. Je ne le saurai jamais. Ça me donne envie de revenir. Mais je n’ai qu’une vie. Alors l’essentiel, c’est d’en profiter. Participer à ce genre d’épreuve, comme des tas d’autres choses auxquelles je m’adonne concourt à mon bonheur et à mon équilibre. Le problème, c’est que j’aime trop de choses contradictoires. Et vous ?

 

 

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Salut,

Je n'ai pas encore lu tout ton message mais je pense qu'il s'agisse d'un bon résumé. Quant à moi, j'étais aussi inscrit sur la grande mais j'ai déclaré forfait ! Vraiment pas à l'aise, lâché au bout de 2 km et le reste du petit parcours en roue libre ! Je mettais entaillé le doigt le matin même en touchant la lame d'un rasoir qui trainé au fond de mon sac. Ca ne saigné pas beaucoup sauf lorsque le cœur s'est mis à pulsé (j'ai du perdre 50 mL de sang à vue d'œil, j'ignore si ça peut avoir une incidence sur l'état physique). Faut dire que j'ai enchaîné la Castraise, la Lozérienne et l'Octogonale (toujours les grands parcours), ça à finit par cassé. Pour éviter ma mésaventure, je vais me réconcilier avec ma 11ème cyclo de l'année, à savoir BH - Clermontagnac. Entre la pluie et le vent, j'ai vite fait le choix et vous ?

 

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Bonjour Patrick,

Toujours un plaisir de te lire !

Concernant le déroulement de la course, si tu n'arrives pas avec quelques courses Ufolep ou FSGT dans les pattes, la première cyclo ressemble souvent à une vraie galère... Et même avec quelques coursettes, difficile de ne pas vivre des moments compliqués... On passe tous par là. Le tout est d'en enchaîner quelques unes assez rapprochées pour que la forme se construise.

T'as prévu quoi comme programme en suivant ?

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Bonjour Ludovic,

A mon avis, peut être un peu émotif, voir ton sang couler, ça a du te stresser. Tu as donc déchargé une grosse dose d'adrénaline avant le départ. C'est pas génial pour le départ. Finalement, un phénomène assez proche de moi puisque moi je bouillais pour de multiples autres raisons. Un médecin pourrait sans doute expliquer plus en détail.

J'ai remarqué que pour bien performer il faut être décontracté avant le départ, et aussi ne pas avoir peur de la chute dans le peloton. Dès qu'un évènement vient immiscer une crainte, tes capacités diminuent.

Par contre, c'est ou Clermontagnac ?

Sportivement.

Patrick

 

 

 

 

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Bonjour François,

 

 

Je suis d’accord avec toi, mais ma vie compliquée ne permet pas d’y participer, et l’idéal n’est pas de ce monde.

Côté entraînement, même si je pratique d’autres activités ludico sportives, je sais que c’est un peu léger côté quantité. Je n’ai accompli que 500 km entre début novembre 2011 et fin février 2012 à cause de la météo. Côté positif, en évitant de m’exposer au froid, pas de grippe, et même pas un rhume de tout l’hiver !

En congé courant mars 2012 (c’était bien !), j’ai repris le vélo début avril 2012. Des raisons personnelles m’ont empêché de participer à la Castraise, fin avril (Dommage).

 Il semble que mes muscles n’apprécient la 1ière sollicitation brutale, puisque la seule fois l’année dernière ou j’ai eu des crampes, c’était la 1ière épreuve.

Aujourd’hui, il pleut. Natation pendant une heure.

La semaine prochaine, je m’assois derrière le bureau pour gagner ma croûte. Et le week-end prochain, c’est le Fil Vert (VTT) avec ma fille (tranquille). 

Si la météo est favorable et si je ne pars pas en WE, j’irais peut être à l’Albigeoise le 03/06/2012. Mais je me doute que la préparation n’est pas idéale. Si vous avez des tuyaux sur le parcours, le % des ascensions et la difficulté générale, je suis preneur.

Fin juillet début août 2012 (TDF oblige), congés d’été loin du vélo. 

En septembre, j’aimerai me rendre à Marseille pour revoir la famille, faire rouler ma fille (en voiture), et participer aux « bosses du 13 » à Marseille, ville dont je suis natif. Il parait que c’est une épreuve grandiose avec plusieurs milliers de participants. Si quelqu’un a des infos, je suis également preneur.

Autre problème : je sens qu’il ne me manque pas grand-chose, du moins tant que les parcours ne sont pas trop accidentés. Je l’ai vu l’année dernière à la Georges Gay ou même quand ça roulait à 50 km/h, je ne souffrais pas. Alors, je suis tenté ; c’est normal.

Cela étant, même si je fais des erreurs et si je les paye cash, j’adore.

Quelqu’un a chanté que l’on avait toute la vie pour en profiter et toute la mort pour se reposer. Je crois qu’il a raison.  

Et vous, comment vous entraînez vous ?

Sportivement.

 

Patrick

Sportivement.

 

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La Clermontagnac, je crois que c'est une contraction entre "Clermont-L'Hérault", la petite ville, et "Montagnac", l'un des plus gros club du 34.

Pour les entraînements, je fais comme beaucoup de coursiers, 2 à 3 entraînements typés par semaine (dont un de récup'), sur des cycles de 3 semaines, puis la course du dimanche. Les cyclos viennent en plus cette année, dans l'objectif de la préparation à l'EdT2, dans laquelle un copain m'a embarqué alors que ce n'était vraiment pas mon objectif à la base, ni un des aspects du vélo dans lequel je prends le plus de plaisir.

Côté cyclosportif, en vue de l'EdT2 donc, y a eu d'abord la Castraise, réalisée une peu dans la galère comme pour ta première cyclo (pas d'échauffement puis crevaison). Je viens de faire deux sorties "montagne" en entraînement dimanche dernier et ce jeudi de l'Ascension (117 kms et 2600 de D+, puis 148 kms et 3600 de D+) dans les Pyrénées. J'ai couru aujourd'hui à La Salvetat-Belmontet, avec une fois de plus la pluie, le vent et la fraîcheur, et surtout avec ce qui me restait de cannes après le copieux menu de jeudi (bien trop copieux pour pouvoir faire quelque chose aujourd'hui...). Sorties légères cette semaine puis course dimanche à Dunes (82). Le lundi suivant , férié, j'enchaîne par une nouvelle sortie montagne, une boucle qui mixe petit et grand parcours de l'Ariégeoise 2012 (pour 137 kms et 3350 de D+). Cette semaine-là sera consacrée à des sorties de récup' uniquement, pour arriver frais à l'Albigeoise. Le dimanche d'après, course à Caylus et le week-end du 16/17 juin, trois jours de stage dans le Luchonnais (dont je ne connais pas pour l'instant le contenu). Toujours des sorties légères en semaine dans la foulée. Pas de course le we du 23/24 (faut en trouver une !!), puis le 1er juillet ce sera le grand parcours de la Pyrénéenne, et 15 jours plus tard l'EdT2 Pau-Luchon. Je ne sais pas trop de quoi sera fait mon programme d'entraînement et de course entre le 15 juin et le 15 juillet, en dehors des cyclos, physiquement lourdes à digérer, que je viens de mentionner.

Voilà, tu sais tout !! ;)

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Salut,

A moins d'avoir d'être encore très jeune, de bénéficier d'un job très cool, d'une copilote disponible et d'une masseuse à domicile (jolie si possible !), ça fait beaucoup pour un seul homme. Et quand il pleut, si tu attrapes froid tu ajoutes une infirmière.😆

Ma copine a un appart à Luchon, mais si j'y suis le WE du 16/17 juin, je ne sais pas si je te contacte. Trop fort pour moi !😛

Je crois qu'il faut laisser de la place pour le repos et les divertissements pour ton EDT2, car elle est très longue.

Tiens nous au courant si tu veux.

A bientôt

 

 

 

   

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Salut Patrick,

Je ne suis plus très jeune, mon job n'est pas très cool mais ma femme et moi n'avons pas d'enfants, ça laisse -malheureusement- du temps personnel...

Et je peux te dire que lorsque le programme coïncide juste à "2 entraînements dans la semaine de 17h30 à 19h30 + course du we", ça passe déjà en râlant très fortement... Alors, tu te doutes qu'après le programme présenté, il a été décidé que c'était elle qui allait définir "we + vacances" pendant un long moment (et elle s'est bien gardé la maligne de m'en donner le terme...).

Quant à mon niveau, tous ces entraînements ont juste pour but de me permettre de suivre en 3 ufolep... T'imagines le champion...

Cordialement, François.

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