Avec un papa qui a marqué de son empreinte le cyclisme breton en détenant le record national de victoire sur la saison de 1990, c’est sans surprise qu’Eddy Le Huitouze s’est retrouvé sur un vélo. Très jeune, en allant voir les courses de son cousin, il a lui aussi commencé la compétition. Le jeune Morbihannais a hérité d’au moins une chose de son père : la victoire. En effet, déjà double vélo d’or dans les rangs cadets, Eddy s’illustre autant sur piste que sur route. Rencontre avec le Recordman cadets de poursuite individuel en 3’26“448.

Eddy Le Huitouze en début de saisonEddy Le Huitouze en début de saison | © Bruno Perrel

« 3ème en 2018, vainqueur l’an passé, peux-tu nous expliquer le fonctionnement du Trophée Madiot et comment il s’est déroulé pour toi en 2019 ?

Le Trophée Madiot est un challenge dédié aux cadets et se dispute sur 9 manches. Le général se joue sur les 5 meilleurs résultats de chaque coureur. L’an passé j’ai réussi à gagner 3 manches et fais deux top 10. Cela m’a permis de remporter le classement général de ce challenge. 

Tu détiens le record de France de poursuite individuelle chez les cadets, comment avais-tu préparé cela et quelles capacités t’ont permis d’y arriver ? 

C’est chez moi, du côté du vélodrome de Plouay (Morbihan) que j’ai réalisé mon entraînement pour la poursuite individuelle. Je pense que les qualités requises pour ce type d’effort sont les mêmes que pour un rouleur : un bon seuil. 

Présent sur la piste, penses-tu continuer à jongler entre les disciplines encore longtemps ? Si un choix devait être fait, lequel serait-il ?  

Pour l’instant je vais continuer à faire les deux même si cette saison je vais plus m’orienter vers la route comme il n’y a pas de gros championnat hormis le Championnat de France qui se déroule en décembre prochain. (du 19 au 23). Dans le futur je verrai bien mais je pense que je privilégierai plus la route

Lorsque l’on te regarde, on pourrait te donner 2 à 3 ans de plus, penses-tu que dans les jeunes catégories, la morphologie de l’athlète est un atout ? Selon toi, il y a-t-il des inégalités en termes de capacités dans ces catégories ?  

Oui, c’est vrai qu’il y a de grosses inégalités chez les minimes-cadets au niveau de la croissance mais à partir de junior ça se rééquilibre. C’est sûr qu’une personne plus « développée » aura automatiquement plus de forces. 

Comment s’est passé ton confinement ? Les courses (contre-la-montre) ont déjà repris dans ta région, comment se sont-elles passées ? Sens-tu qu’il te manque encore quelque chose ? Quels seront tes objectifs d’ici la fin de saison ? 

Mon confinement s’est plutôt bien passé j’ai réussi à garder la motivation tout du long. J’ai remporté les deux premiers contre la montre en junior donc les sensations sont bonnes, je ne m’attendais pas à être aussi bien. Mes objectifs pour cette saison sont les Championnats de France et les Championnats d’Europe (tous les deux en Bretagne), en espérant être sélectionnés, vu qu’ils se déroulent à 30 km de chez moi. »

En terminale générale à la rentrée, Eddy, malgré son jeune âge a déjà la tête sur les épaules et se projette dans l’avenir. Un avenir qui devrait le voir rejoindre la formation française Continentale Groupama-FDJ. En effet, le breton est suivi par l’équipe et possède déjà du matériel tel qu’un vélo de contre-la-montre. Il bénéficie aussi de l’encadrement en ayant Benoit Vaugrenard comme entraîneur. Un futur Cancellara ? Il l’espère. Eddy aimerait ressembler à un gros rouleur comme Remco Evenepoel ou Fabien Cancellara.

 

L’un est Breton de naissance, l’autre d’adoption

 

Notre deuxième portrait est celui de Gladys Verhulst. Agée de 23 ans, elle a cette année franchi le rang Elites, elle qui remportait en 2018 le titre de Championne de France Espoir. Elle aussi a été guidée par sa famille et plus particulièrement sa sœur et son père avant de monter sur son premier vélo à l’âge de 6 ans. La tête et les jambes puisque la Normande a obtenu le mois dernier sa première année de Master en Sciences de l’Education dans le but d’être CPE. Alors que l’an passé elle levait les bras sous les couleurs de la formation UCI Charente-Maritime Women Cycling  lors de la Picto-Charentaise (1.2), c’est finalement chez Arkéa Pro Cycling Team qu’elle roulera pour 2020. Un choix évident quand le projet lui a été annoncé, surtout quand les relations avec les autres coéquipières lui sont favorables. Entretien avec celle qui se caractérise de « polyvalente » et qui a l’envie de gagner.. avec la manière si possible.  

Gladys Verhulst sous ses nouvelles couleursGladys Verhulst sous ses nouvelles couleurs | © Gladys Verhulst

« Championne de France Espoirs en 2018, comment s’était passée ta journée ? Qu’est-ce que cela a changé dans ta vie ? 

C’était vraiment une journée très spéciale. Ce jour- là, j’étais une pile électrique, je ne tenais pas en place. J’étais un peu stressée, angoissée. Mais je sentais avant le départ que tous les voyants étaient au vert. Je ne suis pas superstitieuse mais il y a eu beaucoup de signes qui ont fait que ma bonne étoile était avec moi. Notamment, la veille, mon CTR, m’avait dit « Demain, tu as rendez-vous avec l’histoire » ou encore à quelques heures du départ il y a eu à la radio une chanson d’Indochine qui est passée. C’est une chanson que mon papa écoutait souvent. Puis une fois la ligne franchie, cette même chanson est de nouveau passée. C’était clair et net, de là-haut il a pédalé avec moi.  C’était un moment assez fort que j’ai partagé avec mon copain ainsi que toute ma famille. C’est un souvenir gravé à jamais. Ce titre m’a apporté une petite notoriété, j’ai ainsi gagné en confiance.  Depuis ce jour, je pars en course avec l’idée que tout peut arriver. 

Comment s’est passée ton confinement ? S’il venait à avoir une seconde vague, que changerais-tu à la gestion de cette situation ? 

J’ai passé mon confinement en appartement. J’ai jonglé entre PPG, Home trainer, marche. J’ai un grand balcon, donc quand il faisait beau je faisais mes séances en « extérieur ». Sur le plan sportif, cela n’a pas été trop dur car j’avais des exercices spécifiques tous les jours. Mes séances passaient relativement « vite ». Je dirai que ce qui a été le plus dur c’est le manque de ma famille. Heureusement que FaceTime existe… Si cela devait arriver une nouvelle fois, ce que je ne souhaite évidemment pas, je pense que je me rapprocherai de ma famille.

Actuellement en stage à Andorre, dans quel optique es-tu ? 

En effet, je suis en stage à Andorre, pour avoir accès à un terrain montagneux. Je travaille actuellement les intensités pour la reprise des courses. C’est un très beau terrain de jeu ici. Je remercie d’ailleurs la Fédération Française de Cyclisme pour son aide, qui me permet de me préparer au mieux pour les échéances à venir. 

Comment abordes-tu cette fin de saison et sur quelles courses pourra-t-on te retrouver ? 

Je suis vraiment très déterminée, j’ai hâte de raccrocher un dossard, de défendre les couleurs d’Arkea Pro Cycling Team. Toutes les courses seront bonnes à prendre, chaque course sera un objectif. Je débuterai la saison sur les courses en Espagne de Juillet, puis la Périgord Ladies et le Championnat de France. 

Comment te vois-tu dans 5 ans ? Que changerais-tu à ta discipline ? 

Dans 5 ans, je me vois encore sur mon vélo car je serais dans la force de l’âge comme on dit. De plus, le cyclisme féminin se développe de plus en plus, nous pouvons espérer faire carrière dans ce si beau sport. Si je pouvais, je changerais cette inégalité entre les hommes et les femmes même si ces dernières arrivent à se faire une place de plus en plus importante. »

Gladys le sait, la saison sera courte et intense. Elle  espère bien être prête dès les premières courses même si le niveau sera relevé. La Bretonne d’adoption est en revanche encadré par l’ancien professionnel Sébastien Chavanel depuis deux ans. C’est autour d’une relation de confiance qu’elle apprend à ses côtés autant sur le plan humain, sportif que nutritionnel.