Bonjour Joona, pouvez vous nous rappeler les grandes lignes de votre carrière ?

Je suis passé pro en 1995 si mes souvenirs sont bons. Je suis passé dans l’équipe Festina, Lotto, Benfica, Acceptard et Delatour pour finir. Je me suis arrêté en 2002.

Quand tu as arrêté ta carrière en 2002, est-ce que c’était une reconversion subie ou au contraire anticipée ?

C’était subi mais décidé disons. J’aurais pu continuer comme coureur mais j’avais des problèmes de dos et je ne voyais plus d’avenir pour moi dans le vélo. j’aurai pu faire quelques années de plus car j’ai eu une équipe qui m’a proposé un contrat mais je n’étais plus dans le coup et j’ai préféré arrêter.

Cela veut dire que dès le 1er janvier 2003 tu savais ce que tu allais faire ou tu étais devant une feuille blanche ?

Non, dès que j’ai décidé d’arrêter en octobre j’ai commencé à chercher du travail.

Dans quel domaine ?

Il n‘y avait pas de domaine particulier il fallait juste que je travaille. Si à 30 ans tu n’as pas travaillé autre pars que dans le vélo et que tu n’es pas diplômé, il faut chercher du travail tout simplement.

Et donc tu as fait quoi exactement ?

J’ai commencé à avoir un poste dans le marketing chez Polar à partir d’avril. J’ai changé de postes plusieurs fois et j’y suis resté pendant 10 ans.

Joona LaukkaJoona Laukka | © 2ememain

Tu as donc joué la proximité finlandaise étant donné que c’est une société de ton pays ?

Non, pas forcément. Je leur avait proposé quelque chose, ils étaient intéressé et c’est pour cela que ça avait bien marché, c’était une très bonne société.

Tu aurais aimé creuser une piste pour devenir manager ou directeur sportif dans une équipe ?

A l’époque non car j’avais un très bon ami, Brian Holm, directeur sportif chez Quick Step qui m’avait dit que, quand on arrête, il valait mieux travailler quelque part ailleurs avant de revenir dans le vélo, c’était son conseil et je l’ai suivi.

Après les 10 ans passé chez Polar tu t’es reconverti dans quel domaine ?

Je me suis reconverti en tant qu’agent sportif.

C’était plutôt un domaine novateur car il y en avait beaucoup moins dans le vélo par rapport au football par exemple ?

Oui, même s’il y en a toujours eu, il y en avait peu dans le vélo mais maintenant il y en a beaucoup plus.

Joona Laukka avec Alexander KristoffJoona Laukka avec Alexander Kristoff | © Procycling

Comment est-tu devenu agent de coureur ? Tu a passé une formation ?

Non, il n’y a pas de formation ce sont des examens qui s’effectuent au niveau national auprès de la FFC et à l’international auprès de l’UCI. Après cela, on peut exercer dans tout les pays reconnus par l’UCI.

Et quand tu étais agent comment tu t’es structuré ? As-tu travaillé en tant qu’indépendant ou pour quelqu’un ?

J’ai commencé en étant associé à Michel Gros qui était agent depuis 2003 et mon ancien patron quand j’étais chez Delatour, mais je le connaissais depuis les années 90 quand il était manager dans les équipes amateures.

Vous avez donc développé votre activité. Comment as-tu évolué dans le métier par rapport à Michel Gros ?

Michel a pris sa retraite ce qui fait que maintenant, je travaille seul.

Ton rôle est donc de placer des coureurs en négociant avec des managers ou est ce que le métier va jusqu’au conseil juridique en matière de placement ?

Tout problème d’un client est aussi le problème de l’agent, c’est à lui d’aider le client à le résoudre. Il est donc nécessaire de travailler avec des avocats quand on est agent sportif, cela fait partie du réseau.

Comment s’appelle ta société aujourd’hui ?

C’est toujours la même, c’est Lyon Cyclisme Management et aujourd’hui je suis le gérant unique de cette société là.

On parlait tout à l’heure de Brian Holm, est-ce qu’il y a des coureurs que tu citerais systématiquement en matière de reconversion réussie, comme Jérôme Pineau par exemple ?

C’est difficile parce que je pense qu’une reconversion réussie, c’est juste le fait d’être heureux. Il n’y a donc pas de nom qui me vient à l’esprit, je connais beaucoup de monde qui est heureux aujourd’hui. Je voit quand même beaucoup de différences en Europe du sud et en France par rapport à d’autres pays car on voit la fin de carrière un peu comme un drame alors que c’est quelque chose de normal qui arrive. C’est juste un nouveau départ. En France, je ne sais pas d’où ça vient mais on a l’impression qu’être ancien sportif de haut niveau apparaît presque comme un handicap alors que dans les pays scandinaves, si quelqu’un a été sportif de haut niveau, ça veut dire qu’il a déjà réussi quelque chose en étant jeune, qu’il a de la discipline et qu’il a envie. Pour les sociétés, même s’il n’est pas diplômé, il a au moins quelque chose.

Dernière question, aujourd’hui, il y a un environnement chez les pros qui est bien différent que celui que tu as connu à l’époque notamment avec les médias. Est-ce que tu aurais préféré être pro à l’heure actuelle ou est-ce que tu préfère l’époque que tu as connu dans les années 1995-2000 ?

Je pense que c’est mieux maintenant, pas forcément pour l’environnement médiatique mais c’est surtout que le cyclisme est beaucoup plus propre.