Guillaume, tu avais fait d’un podium au Championnat de France l’objectif de ta saison de cyclo-cross. A Lignières tu t’es incliné au pied du podium. Quel a été ton sentiment ?
Passer si près du podium, c’est forcément décevant. Sur la course en elle-même, je savais qu’il fallait prendre un très bon départ, chose que je n’ai pas réussi à faire. J’ai buté et me suis retrouvé enfermé. J’ai bouclé le premier tour en 15ème position. C’est la première fois que ça m’arrivait d’être aussi loin. Sur un circuit que je savais très rapide, j’avais conscience qu’il me serait très dur de boucher le trou. J’ai mis quasiment quatre tours à combler mon retard sur la course au podium. Nous nous sommes retrouvés à cinq pour les deux places restantes mais je n’ai pas pu m’isoler dans le final.

Que t’a-t-il manqué ?
De la fraîcheur dans le dernier tour. J’ai laissé une partie de mon énergie à remonter dans la course pour le podium. Ça ne s’est pas joué à grand-chose. Je savais qu’il fallait être devant à l’entrée de la dernière ligne droite. Malheureusement je n’ai pas réussi à me positionner idéalement. Au sprint, c’était trop court pour remonter, j’ai quand même tenté, mais j’ai vite vu que ce serait mission impossible.

Tu as terminé 4ème à Lignières après avoir conclu toutes les manches du Challenge National sur le podium. Comment as-tu surmonté la déception ?
Ça a été dur pendant deux ou trois jours. Mais j’ai obtenu ma sélection pour le Mondial et je me suis remis dans le bain. Petit à petit, ce n’est pas qu’on n’y pense plus, mais on en fait abstraction pour repartir sur la suite de la saison.

Le Championnat du Monde, justement, ne s’est pas non plus déroulé selon tes souhaits…
J’ai été bloqué à deux reprises dans le premier tour à cause de chutes. Un coureur est resté coincé dans mon vélo, ce qui m’a fait perdre pas mal de temps. Quand je suis remonté sur le vélo, je ne voyais plus personne devant moi. J’ai compris que j’avais perdu beaucoup de temps pour un premier tour. Mais un Championnat du Monde, ça ne s’abandonne pas. Je suis reparti pour remonter jusqu’à la 34ème position. C’est regrettable d’avoir raté le départ mais c’est comme ça.

Comment as-tu vécu l’atmosphère de ce Mondial aux Pays-Bas ?
Très différente en termes de public, si je compare avec l’an dernier et le Championnat du Monde qui s’était déroulé à Louisville, aux Etats-Unis. Ça n’avait rien à voir en Hollande. Là, on sentait vraiment qu’on était au milieu du fief du cyclo-cross. L’atmosphère et le monde qu’il a pu y avoir sur la course, c’était impressionnant.

Comment as-tu récupéré des efforts fournis en course juste après le Mondial et dans les jours qui ont suivi ?
Après la course, je n’ai pas trop traîné car j’avais un train à 20h00 à Lille. Il fallait une heure et demie pour y aller, donc j’étais large normalement. Je suis parti d’Hoogerheide à 17h30, mais vu le monde qu’il y avait je suis resté coincé une heure pour faire 100 mètres sur le parking. Arriver à la gare à l’heure a été compliqué mais nous y sommes parvenus une minute avant que les portes ne se ferment. Ça a été un bon moment de stress là encore après la course ! Ce n’est qu’une fois assis dans le train que j’ai pu commencer à décompresser. Maintenant, c’est la coupure, et bien que je vais courir encore ce week-end, je n’ai pas touché au vélo de la semaine.

La saison de cyclo-cross touche à sa fin, place à la route ! Comment doit se réaliser la transition entre les deux disciplines ?
Il existe deux écoles. Etant donné que la première Coupe de France DN1 arrive dans deux semaines au Grand Prix Souvenir Jean Masse, certains vont continuer à s’entraîner jusque-là avant de couper. Mentalement, il faut être prêt car lorsqu’on sort d’un Championnat du Monde on a davantage envie de couper, de faire une trêve, avant de reprendre. Je cours depuis tous les week-ends depuis le 14 septembre, depuis cinq mois. Ça fait du bien de faire une pause avant de rattaquer une saison entière. J’applique donc ce deuxième cas de figure, entre deux et trois semaines d’arrêt, avant de reprendre par une bonne base foncière pour attaquer les premières courses, sachant que le rythme, on l’a travaillé tout l’hiver et que c’est donc quelque chose qui revient assez vite.

Pour autant, tu n’es pas sûr à ce jour de repartir sur une nouvelle saison ?
Cet hiver je suis parvenu à m’entraîner correctement et à faire ma saison, mais je m’oriente actuellement vers une formation pour adulte dans le BTP, en plâtrerie-peinture, jusqu’en janvier 2015. Si j’ai l’opportunité de pouvoir continuer à m’entraîner, je me poserai la question de refaire ou pas une saison. En cela le mois de février va être décisif dans la suite de ma carrière. Il va falloir se poser les bonnes questions, rédéfinir tout ça. Si je repars sur une saison de cyclo-cross, je ferai forcément de la route cette année. Sinon j’arrêterai définitivement.

Comment cette réflexion a-t-elle mûri ces dernières semaines ?
J’y réfléchis depuis un moment déjà. Maintenant, les choses bougent. Si je parviens à avoir une situation qui me convient pour pouvoir continuer le vélo et travailler à côté, je continuerai le vélo. Sans quoi je m’engagerai dans la vie active. Et avec 35 à 40 heures dans le BTP, ce sera dur de m’entraîner correctement derrière. Je ne ferai pas les mêmes performances que cette année et je ne suis pas sûr d’avoir envie de refaire une saison à un niveau inférieur à celui qui était le mien cette année.

Si tu devais délaisser le cyclo-cross la saison prochaine, quel serait ton sentiment quand les compétitions reprendront ?
J’avoue que je l’ignore, et c’est là la difficulté de prendre cette décision. Je ne sais pas dans un an si je nourrirai des regrets ou si je me féliciterai de mon choix. C’est là tout le souci de la réflexion.