Tom, tu as appris en fin de saison dernière que le CR4C Roanne ne souhaitait pas te conserver. Quelles démarches as-tu entreprises pour trouver un club et rebondir ?
Nous étions fin septembre, une grande partie de l’effectif des clubs était déjà bouclé. J’ai contacté le Team Vulco-VC Vaulx-en-Velin rapidement car je voulais retrouver une structure dans laquelle je pourrais avoir plus de libertés. Je n’étais pas confiant. Mais dans la foulée, Saint-Etienne m’a contacté. Et puis quelques jours plus tard mon entraîneur au CR4C Roanne est revenu sur sa décision. En quelques jours je me suis donc retrouvé avec trois clubs de DN1 en vue alors qu’à peine plus tôt je n’en avais aucun.

Mais finalement te voilà au Chambéry Cyclisme Formation avec les couleurs d’Ag2r La Mondiale…
Lors de la course de clôture, Vincent Terrier (NDLR : directeur sportif de Chambéry CF) est venu me voir pour me dire qu’il recherchait un coureur qui puisse se baser sur Chambéry pour compléter son effectif. Il voulait me rencontrer le lendemain. Moi, sur le coup, je me suis dit quelque chose comme « qu’est-ce qu’il me veut, c’est déjà assez compliqué avec trois clubs ». Finalement je les ai rencontrés à Chambéry le lendemain à 21h00. Comme je n’avais rien à perdre, j’ai commencé par leur exposer toutes les raisons de ne pas me prendre. Finalement, ils m’ont fait confiance quand même. Les quelques jours suivants ont été compliqués : j’ai fini par prendre ma décision la veille de partir pour le Tour de Nouvelle-Calédonie.

Avec le recul, comment juges-tu cette décision ?
Je réalise que j’ai réussi à rebondir de la meilleure des manières. Je peux le dire maintenant, mais dans le feu des événements, prendre la décision n’a vraiment pas été évident. J’entends encore Loïc Varnet, le responsable du centre au téléphone : « bon, je me suis renseigné auprès de plusieurs personnes et ils m’ont tous déconseillé de te prendre ». Je crois que c’est cela dont j’avais besoin, de la confiance, d’un défi à relever. J’ai trouvé mon équilibre à Chambéry, et la volonté de ne pas décevoir, de satisfaire même. Maintenant il reste à concrétiser par des résultats mais toutes les conditions s’annoncent réunies.

Tu avais signé une année Junior très réussie en 2012, et puis une première année Espoir en demi-teinte à Roanne, quel bilan en tires-tu ?
Cela peut paraître étonnant à dire, mais peut-être que cette saison Espoir 1 était la meilleure chose qui ait pu m’arriver. J’ai appris énormément, peut-être pas au niveau ni sur les courses que j’aurais souhaité, mais sur beaucoup de choses sans doute plus importantes comme ma vision du vélo ou mon équilibre de vie. J’ai démarré la saison sur les chapeaux de roue et puis j’ai fait un surentraînement qui m’a suivi tout au long de la saison. Du coup, j’ai redéfini beaucoup de choses, je suis parti sur de nouvelles bases. Je préfère ce regard optimiste.

Quelles ont été tes premières étapes avec le Chambéry Cyclisme Formation ?
Le CCF n’est pas une structure de DN1 comme les autres car son emprise s’étend au-delà du domaine sportif : je suis entouré du CCF au quotidien. Avec les coureurs basés sur Chambéry, nous sommes ensemble chaque jour. Il y a des entraînements collectifs, à la piste de Genève, sur le VTT, les déplacements sur les cyclo-cross et deux week-ends sur lesquels l’équipe a été regroupée au complet. Par conséquent, je suis déjà complètement intégré au collectif. Je sais qu’il y a des coureurs qui ne s’adaptent pas au CCF, j’ai l’impression au contraire d’avoir trouvé la structure qu’il me fallait !

Avez-vous déjà pu croiser les pros ?
Oui, on a croisé Guillaume Bonnafond lors d’une sortie VTT, Hubert Dupont sur les skis de fond… Mais de loin seulement. Je considère qu’il s’agit là d’un des seuls points dommageables de la structure. A mon sens, l’équipe pro est trop éloignée de son centre de formation. Enfin, nous ne sommes qu’en début d’année. D’autres occasions sont sans doute programmées.

Une antichambre des pros, est-ce plus de pression, un cap passé vers le milieu professionnel ?
Je ne crois pas que cela rajoute de la pression, surtout pas dans mon cas de figure où je n’ai pas forcément l’ambition d’être pro. Je fais du vélo simplement parce que c’est ma passion et pour le plaisir que j’y trouve, et puis parce que j’ai la compétition dans le sang. Mais cela reste un privilège et une expérience très intéressante.

Comment s’est passée ta préparation hivernale ?
A l’intersaison, j’ai changé de A à Z ma manière de fonctionner à l’entraînement. J’ai coupé trois semaines à l’issue du Tour de Nouvelle-Calédonie. Alors que je disputais habituellement la première moitié de la saison de cyclo-cross, j’ai disputé cette année la seconde. Je suis un passionné de sport alors j’ai profité de cette période pour varier les séances : roller, natation, ski de fond/alpin, course à pied, randonnée, sports collectifs, et puis sur le vélo VTT, piste et cyclo-cross. Si bien qu’au final, à la mi-janvier, je comptais trois fois moins de kilomètres sur route que l’an passé à la même période. Je ne suis pas pour autant beaucoup moins performant. J’ai lancé ma préparation routière avec cinq jours sur la Côte d’Azur.

Le champion d’Europe Espoirs de VTT Jordan Sarrou est arrivé au CCF, penses-tu te mettre à sa discipline ?
Ma discipline à moi reste la route tout comme celle de Jordan reste le VTT. Mais d’avoir un vététiste dans l’équipe nous ouvre encore une fois à un autre regard sur le vélo et je me suis servi du VTT comme un excellent outil de travail cet hiver. Ma technique, je l’ai perfectionnée cet hiver sur le vélo de cyclo-cross ainsi que sur celui de route.

Comment travailles-tu au quotidien ?
Maintenant que je suis au centre de formation, c’est Loïc Varnet qui s’occupe du suivi de mes entraînements. J’apprends beaucoup de ses méthodes. J’ai toujours été très investi de mon entraînement, alors c’est un vrai plaisir. La structure me permet de faire le point avec lui chaque semaine face à face, c’est un luxe.

La Coupe de France attaque dimanche, quels ont été les rendez-vous du club avant ça ?
Le Chambéry CF est un club qui a toujours eu coutume de commencer sa saison très tard. Il y a encore deux ou trois ans, les premiers coureurs ne reprenaient que début mars. Depuis deux ans, la Coupe de France nous oblige à décaler notre reprise. Cette année, nous avons décidé de ne pas scinder le groupe en deux, mais de tous reprendre la même semaine, c’est-à-dire celle de la Coupe de France. Nous sortons d’un stage foncier à Voguë, en Ardèche, chacun faisant sa reprise cette semaine avec les Boucles du Haut Var ou le Tour de l’Ardèche Méridionale.