Bart, voilà deux ans et demi maintenant que vous avez mis un terme à votre carrière de cyclo-crossman. Qu’est-ce qui a motivé cette décision en février 2014 ?
D’abord, j’avais de très gros problèmes de dos. Les deux dernières années de ma carrière ont été très difficiles car j’ai du faire de nombreux voyages et je devais faire attention à mon dos. De plus, mes résultats n’étaient plus à la hauteur des années précédentes, je peinais à décrocher des Tops 10. J’ai été champion du monde en 2003 et 2004. Puis j’ai été un peu moins bon, je n’ai plus réussi à rééditer de telles performances. La dernière année, je terminais chaque course entre la 8ème et la 12ème place, ça devenait difficile mentalement. J’avais 37 ans au moment de m’arrêter, j’ai réussi à gagner presque tous les classements possibles, j’ai été champion du monde, champion national, je pense que c’est suffisant. Depuis, j’ai subi une opération du dos et j’ai recommencé à rouler il y a un mois et demi dans le but de monter le Mont Ventoux.

Au cours de votre carrière, pensiez-vous déjà à votre reconversion ?
Non, je n’y ai jamais pensé car j’aimais vraiment courir. Jusqu’à ce que je m’arrête. Là, j’ai passé environ six mois sans vélo, je ne regardais plus du tout de cyclisme. Je passais mon temps à faire la fête, à boire des bières, à manger de la nourriture de mauvaise qualité. J’ai pris 17 kg en six mois, et c’est à ce moment là que je me suis rendu compte que j’étais sur la mauvaise pente. Je me suis donc repris en main, j’ai recommencé à jouer avec mes enfants, à rouler avec des amis sur de courtes distances, environ 30 kilomètres, mais je souffrais déjà beaucoup. Après mon opération en janvier 2016, j’ai recommencé le vélo pour retrouver un poids de forme mais également pour entretenir ma condition physique.

Considérez-vous qu’en Belgique la fédération s’investisse suffisamment auprès des athlètes au moment de leur reconversion ?
Je pense que c’est un réel problème en Belgique. Lorsque vous arrêtez, vous disparaissez, plus personne ne s’intéresse à vous. Nous avons des athlètes olympiques qui ont gagné une médaille en judo, en athlétisme… Lorsqu’ils ont mis un terme à leur carrière, plus personne n’a parlé d’eux. Il y a sûrement un problème à ce niveau-là. A partir du moment où j’ai arrêté, plus personne ne s’est intéressé à moi. Maintenant, je recommence avec une nouvelle équipe et on me fait de nouveau beaucoup de publicité.

Vous avez fondé une nouvelle équipe de cyclo-cross, pouvez-vous nous en toucher quelques mots ?
Je suis désormais le manager sportif d’une nouvelle équipe de cyclo-cross qui a été créée il y a un mois et demi. Cette équipe, le Team Steylaerts, porte pour l’instant le nom de son premier sponsor, une entreprise spécialisée dans le secteur du bâtiment. Nous cherchons encore un second sponsor, idéalement en rapport avec le cyclisme, tel qu’une marque de vêtements, de nutrition… Le groupe compte des coureurs professionnels comme Gianni Vermeersch, 7ème des Championnats du Monde pour sa première année Elite, et la championne d’Europe Espoirs Maud Kapteijns. Nous verrons ce que le futur nous apportera.

Idéalement, quel serait le budget de votre équipe ?
C’est difficile à dire. Si nous pouvons payer tout le monde au sein de l’équipe et que tout le monde est satisfait, je serai content. Nous savons que nous ne gagnerons pas dix courses. En Belgique cinquante-cinq courses sont retransmises à la télévision, si nous pouvons montrer notre maillot aux avant-postes sur la majorité d’entre elles, notre sponsor sera satisfait et cela nous conviendra.

Plus que manager, vous êtes avant tout le coach du Team Steylaerts…
Exactement. Je vais essayer de leur préparer des plans d’entraînement pour le cyclo-cross bien que certains aient leur propre entraîneur. Je leur donnerai des conseils, j’ai presque vingt-cinq ans d’expérience, je verrai si cela est utile ou pas. Cependant, c’est à eux de décider, ce sont des professionnels, je donnerai seulement mon opinion. S’ils veulent en tenir compte c’est OK pour moi mais ils ne seront pas obligés.

Il est question du cyclo-cross comme discipline olympique, quelle est votre opinion à ce sujet ?
Programmer le cyclo-cross aux Jeux Olympiques est une chose difficile. Nous avons essayé il y a cinq ans mais le débat se situait au sujet du cyclo-cross aux JO d’été ou d’hiver. Le second problème vient du fait que le cyclo-cross reste une discipline essentiellement flamande, seulement dix-huit nationalités la pratiquent dans le monde. Il est indispensable que plus de nations s’alignent sur une discipline olympique, telles que des nations asiatiques, africaines… Il faudrait donc d’abord exporter le cyclo-cross hors de la Belgique, le populariser en France, en Allemagne, en Autriche, en Suisse, en Espagne… C’est important pour l’avenir du cyclo-cross. C’est ce sur quoi on travaille pour l’instant.

Pourriez-vous vous imaginer manager d’une équipe sur route ?
Non, absolument pas. Je n’oublierai jamais le cyclo-cross, cette discipline est gravée dans mon cœur. J’ai débuté le cyclo-cross lorsque j’avais 9 ans, aujourd’hui j’en ai 38, donc je resterai toujours dans le cyclo-cross. J’aime beaucoup le cyclisme sur route mais je ne serai jamais un cycliste sur route. J’ai toujours dit que le cyclo-cross était une grande famille. Que ce soit en Flandre, en France, ou dans n’importe quel pays, c’est toujours très agréable, très sympa. Tout le monde parle ensemble, c’est un sport très convivial. C’est ce que j’aime dans le cyclo-cross.