Peux-tu rappeler à nos lecteurs à quel moment a débuté ta carrière professionnelle, quand s’est-elle terminée et quels grands succès as-tu connu ?

J’ai débuté ma carrière professionnelle après les Jeux Olympiques de Barcelone en 1992. J’ai eu une première place à Dortmund en octobre 1992. J’ai achevé ma carrière en juin 2009 à Berlin. J’ai gagné de nombreuses courses professionnelles mais je dirais que ma plus belle victoire est le Maillot vert de meilleur sprinter sur le Tour de France. Je l’ai gagné 6 fois de suite entre 1996 et 2001.

 

Ta carrière a été relativement longue. Quand as-tu commencé à penser reconversion professionnelle ?

J’aurais tendance à dire que c’était en 2007 car je commençais à sentir que je n’étais plus suffisamment fort et énergique pour battre les jeunes cyclistes, comme Cavendish qui devenait l’avenir du sprint à cette époque. J’ai donc décidé en 2008 que ce serait ma dernière année complète de compétitions.

J’ai donc réfléchi à ce que je voulais faire et ce que j’étais capable de faire ou de ne pas faire. J’ai eu la chance de rencontrer deux personnes d’une compagnie cycliste et elles m’ont fait une très belle offre d’emploi.

En tant que sprinter, quels sont les éléments qui t’ont amené à penser que c’était fini ?

C’est difficile à expliquer, c’est un processus long. Quand c’est le moment, tu le ressens. Le jour où tu te dis « mince, je suis trop vieux pour ça », tu comprends tout de suite que c’est le moment de partir et de tirer ta révérence.

Connaissais-tu les deux femmes de l’entreprise Canyon avant qu’elles te fassent cette offre d’emploi ?

Je les ai rencontré sur une petite course en Allemagne. Dès le début, j’avais beaucoup de respect pour cette marque et il y avait une très bonne connexion avec les responsables. On s’entendait très bien.

La première fois que j’ai été impliqué dans une collaboration avec cette entreprise, c’était via mon fils qui courrait pour le « Kids Canyon Project ». Je suis allé visité les locaux et ils ont fourni un vélo de course à mon fils. C’était aussi un signe que cette compagnie était faite pour moi.

As-tu déjà pensé à devenir manager ou directeur sportif d’une équipe ?

Oh en réalité, je l’ai été pendant deux ans chez Katusha comme directeur sportif mais c’est la même chose que de courir sur son vélo, tu as besoin de sentir la passion en toi, et me concernant, j’étais tellement intéressé par la technologie et le développement des vélos que finalement, ma place est chez Canyon.

Etais-tu déjà intéressé à ce point par la mécanique vélo quand tu étais coureur cycliste ?

Oui, j’ai toujours eu de très bonnes relations avec les mécaniciens de l’équipe. Je m’intéressais beaucoup aux matériaux utilisés et aux différents aspects techniques donc je trouve cela super d’avoir pu conjuguer passion et travail.

Quelles sont tes missions chez Canyon ? Développes-tu majoritairement les vélos de route ou également les vélos du contre-la-montre par exemple ?

Je développe en très grande majorité les vélos de route mais cela m’arrive de toucher un peu aux vélos du contre-la-montre. En revanche, je ne touche absolument pas aux vélos de montagne.

J’aime être au contact du public, des clients, des passionnés de vélo, des journalistes et partager cette passion qui est la mienne. Il faut avoir du respect pour chacun, quel que soit son niveau.

C’est important d’avoir de bonnes relations avec tous. Par exemple, nous travaillons en relation avec Movistar et Katusha via la marque Continental qui est un partenaire de Canyon.

Tu as connu de nombreux cyclistes professionnels, quel serait pour toi le cycliste à citer lorsque l’on parle de reconversion réussie ?

Si je devais citer un cycliste professionnel que j’admire, ce serait Alejandro Valverde bien sur ! C’est un gars super avec un cœur gros comme ça et un caractère en or !

Maintenant, citer un exemple de reconversion, c’est difficile ! On peut penser à Merckx ou à Jalabert, qui en plus d’avoir été de très bons cyclistes ont de vraies qualités humaines. C’est un tout. En plus, ce n’est pas simple de comparer des cyclistes reconvertis mais issus de générations différentes. Une époque ne fait pas l’autre. Quoi qu’il en soit, je suis content de les connaitre !

Mathilde Duriez, velo101