Bonjour Nico, pouvez-vous nous rappeler les grandes lignes de votre carrière ?

J’ai commencé en 1994 chez Lotto avec Jean-Luc et Franck VanDenBroucke. J’ai fait 3 ans chez Lotto, puis passé 2 ans chez Mapei, en 1997 et 1998, avant de courir 5 ans chez Cofidis, de 1999 à 2003. Ensuite, j’ai été chez Lotto-Bodysol, puis 2 ans chez Lotto-Davitamon. J’ai arrêté ma carrière en 2007.

Est-ce qu’en 2007, vous avez volontairement arrêté votre carrière, ou vous l’avez plutôt subie ?

Étant donné que j’avais 36 ans, je n’avais plus les mêmes jambes qu’avant, je commençais à avoir un peu peur dans les descente et sous la pluie, et, à partir de ce moment là, il faut arrêter. Je me souviens d’une année où Gianni Bugno a arrêté car il avait peur dans les virages, et c’est exactement ce qu’il s’est passé pour moi, j’avais 36 ans et j’ai arrêté après une carrière de 14 ans chez les professionnels.

Quels sont vos principaux résultats chez les professionnels ?

Je ‘n’ai pas gagné beaucoup de courses… J’ai remporté les 3 jours de La Panne, Gent Wevelgem en 2005, 2 fois le prologue de Paris-Nice, le Grand Prix de Plouay ou encore le Giro del Piemonte.

Nico Mattan1Nico Mattan1 | © N. Mattan

Au 1er janvier 2008, vous étiez dans quel état d’esprit par rapport à votre reconversion ?

J’ai directement été directeur sportif pendant quelques années chez Veranclassic. Maintenant, cela fait 3 ans que je travaille pour la bière Kwaremont.

Vous envisagez de retourner dans le monde du vélo ?

Non, actuellement, je ne suis plus dans le coup notamment pour être directeur sportif car, là, il y a des coureurs qui arrêtent chaque année et qui sont motivés pour trouver un travail dans le monde du vélo, mais pour moi, c’est fini, même si je suis encore directeur sportif dans une équipe juniors et que demain matin je les suit en voiture lors d’un entraînement, mais cela n’est rien comparé au poste de manager professionnel. J’ai mon boulot à temps plein et je ne me vois plus dans le monde du cyclisme professionnel.

Nico MattanNico Mattan | © Wikipédia

Quel est le quotidien de votre travail actuellement ?

Je visite des cafés, je fais en sorte que certaines randonnées travaillent avec Kwaremont et pas Leffe par exemple. Mon objectif est que les cyclos s’arrêtent le dimanche midi et boivent la Kwaremont.

Quelle image avez-vous du vieux Kwaremont dont on parle tant et que vous montez si souvent, vous, les coureurs belges ?

Personnellement, je préfère la descente (rires). Non, sérieusement, je fais encore du vélo, mais pas beaucoup. Par exemple, demain, je monterais le vieux Kwaremont, mais au volant !

Est-ce que vous estimez que c’est un avantage vis-à-vis de vos concurrents de promouvoir la bière Kwaremont quand on s’appelle Nico Mattan, le champion qu’on a connu ?

Oui, quand je rentre dans un café, tout le monde me connaît encore. En plus, la bière Kwaremont a une petite histoire car on fais en sorte qu’elle soit à la hauteur de la pente de la montée, c’est à dire 6,6 % (rires). De toute façon, on ne peut pas imaginer une de nos bières à 0 % !

Nico Mattan2Nico Mattan2 | © Wikipédia

Justement, pour continuer sur la reconversion, est-ce que vous avez un exemple de reconversion chez les coureurs pro qui vous a marqué particulièrement ?

Non, j’ai toujours des contacts avec d’anciens coureurs comme Museeuw, Van Peteghem, Planckaert… Maintenant, la mentalité a beaucoup changée notamment avec les réseaux sociaux. Dans mon village, on a un champion actuel qui s’appelle Yves Lampaert, on peut le comparer à moi de l’époque, mais ça a quand même beaucoup changé.

Justement, avec l’arrivée des réseaux sociaux, est-ce que vous préférez avoir été coureur pro il y a 10 ans ou maintenant ?

J’étais bien avant. Maintenant, tout le monde sait où tu es, après c’est bien aussi, enfin, je n’ai pas d’avis, j’ai bien aimé être pro à cette époque là, et aujourd’hui, c’est devenu beaucoup plus sérieux… Enfin, quand même, je pense que c’était mieux dans les années 1990 – 2000.

Vous vous êtes reconverti très vite, on sait qu’il y a des coureurs qui ont des difficultés à rebondir, est-ce que vous aimeriez que la fédération belge ait des programmes qui aident à la reconversion pour les coureurs pros ?

Oui, c’est important, il y en a qui sont pro depuis plus de 10 ans et qui se retrouvent sans rien quand ils s’arrêtent. Il faut tout de même recommencer une nouvelle vie, donc ça peut être une bonne chose oui.

Comment vous vous voyez dans 5 ans ?

J’aime mon travail actuel qui est un peu lié avec le vélo et, dans 5 ans, je me vois bien dans la même situation.

Est-ce qu’il y a une valeur que vous aviez en tant que coureur et que vous cultivez encore aujourd’hui dans votre vie actuelle ?

On ne peut pas comparer le fait de vendre de la bière et faire du vélo. Même si on doit être offensif en étant coureur, je pense que ce n’est pas totalement la même chose quand on est commercial, c’est toute une autre vie.

 

Par Nathan Malo