Pendant le Rhône Alpes Isère Tour, Tom Bossis (Chambéry Cyclisme Formation), dossard 151, nous confie son carnet de route au cœur de la course.

Mon étape. « De l’avis général des suiveurs, cette étape devait être la moins difficile des quatre. Malgré tout, deux cols de 2ème catégorie étaient à gravir en milieu de course, le col des Fosses puis la côte de Parves, ainsi que trois côtes de 3ème catégorie. Le classement général étant déjà nettement dessiné, la course promettait d’être moins nerveuse et sélective qu’hier. D’un autre côté, il valait mieux, sinon je ne suis pas certain d’atteindre le circuit final de Charvieu dimanche !

A nouveau, nous n’avions pas de consignes, mais fier de la leçon de la veille, je me suis cette fois attelé à tenter de prendre la première échappée. Je n’étais pas le seul, le rythme a été très rapide sur les premiers kilomètres. Au sommet d’une première petite montée à la sortie de Crémieu que j’avais repérée, j’ai tenté de prendre un coup, puis un second. J’étais un peu juste. L’échappée s’est dessinée peu de temps après, en costaud. Ils étaient huit à l’avant dont Rudy Molard pour la Cofidis. L’équipe de France s’est rapidement positionnée en tête de peloton. L’écart est tout de suite monté à deux minutes, mais ne les a finalement presque jamais dépassées, puisque l’échappée ne se donnait pas à fond devant, tout comme le peloton derrière. A ma grande joie, le rythme est resté ainsi modéré pendant plus de 100 kilomètres.

Finalement, l’allure s’est débridée à un peu plus de 30 kilomètres de l’arrivée, à l’approche de l’avant-dernière côte, celle de Saint-Sorlin-de-Morestel. L’équipe Sojasun Espoir-ACNC s’est mise à rouler pour le porteur du maillot vert Julien Guay. L’échappée a été reprise à un peu plus de 10 kilomètres de l’arrivée, juste avant la dernière côte, qui a vu de nombreuses attaques se succéder. De mon côté, les sensations allaient en s’améliorant. Je suis redevenu optimiste quant à l’arrivée et me suis mis en tête que j’étais capable de faire un résultat sur un final qui me convient. Jusqu’à 2 kilomètres de l’arrivée, je suis resté placé dans la roue des meilleurs sprinteurs. Le fort vent de côté qui soufflait dans le final m’a mis en difficulté, j’ai soudain pris une crampe dans la bordure, alors que mes coéquipiers remontaient. J’ai terminé à 58 secondes du vainqueur, mon ancien coéquipier Jimmy Raibaud, un peu déçu. Pour mon équipe, Julien Roux et Gabriel Chavanne rentrent tous les deux dans le Top 20. »

Mes impressions. « Si hier, la course a suivi un schéma classique de course amateur, aujourd’hui, au contraire, il s’agissait en tous points d’un schéma de course professionnelle. Je peux confirmer que prendre l’échappée matinale n’est pas donné à tout le monde, même si elle se dessine assez rapidement, les coureurs lambda comme moi n’ont qu’une ou deux cartouches pour pouvoir la prendre. C’est difficile, même si ensuite, le peloton roule tempo et que rester dans les roues est relativement aisé. J’ai ainsi pu suivre avec attention les allées et venues de l’ardoise électronique, testée depuis l’an dernier par le COTNI sur ses organisations. L’écart évolue presque en temps réel, la moto est très fréquemment visible, et de loin. Pour moi, il s’agit d’une vraie avancée et je pense qu’un tel système s’étendra bientôt à l’ensemble des courses professionnelles.

Il y a un point sur lequel j’aimerais revenir. Au sommet de la côte de Parves, la principale difficulté de la journée, l’équipe de France n’avait plus qu’un coureur en tête de peloton et l’écart était légèrement descendu à 1’40 ». Au pied de la descente, j’ai entrepris d’attaquer tout en espérant que cela réveille quelques coureurs dans l’espoir de former un groupe de contre. L’échappée tout comme le peloton roulant jusqu’alors modérément, je me suis dit qu’avec un groupe de quatre ou cinq coureurs, faire le saut de puce était éventuellement possible. Seulement, c’est un coureur de l’équipe Cofidis qui est venu me chercher, pour me demander « tu fais quoi ? », comme s’il n’était pas évident que j’étais en train d’attaquer. A l’arrivée, lorsque j’ai demandé si l’idée était bonne, on m’a répondu que ce n’était peut-être pas fair-play d’attaquer lorsque l’équipe du leader est en difficulté. Moi, j’ai finalement du mal à me faire ma propre opinion, mais je pense que cela est révélateur du fossé qui existe entre le monde amateur et le monde pro. Je comprends qu’on puisse me reprocher d’attaquer sur chute ou incident mécanique, mais lorsque « l’équipe du leader est en difficulté »… Je considère qu’en tant que coureur, attaquer lorsque j’estime en avoir l’opportunité est mon droit et davantage encore, mon devoir. Puisque nous ne devons pas perdre de vue le fait que nous faisons ce sport, certes pour avoir des résultats, mais par-dessus et c’est ce que je pense, pour créer de la course et du spectacle.

Du spectacle, il y en aura sans doute également demain, mais cette fois-ci, je ne pense pas pouvoir être acteur au cœur de la bataille, puisqu’à l’occasion des 185 kilomètres qui nous attendent, nous allons gravir les cols du haut-vivarais, jusqu’à plus de 1200 mètres d’altitude. J’espère en revanche, pourquoi pas, prendre un coup d’avance en début d’étape. Mais l’objectif restera simplement de rallier la ligne d’arrivée dans les délais et dans un état pas trop mauvais si possible. A demain ! »

Classement 2ème étape :

1. Jimmy Raibaud (CR4C Roanne) les 174,6 km en 4h19’44 » (40,3 km/h)
2. Olivier Pardini (BEL, Vérandas Willems) m.t.
3. Clément Venturini (Cofidis) m.t
4. Michael Reihs (DAN, Cult Energy Vital Water) m.t
5. Gaëtan Bille (BEL, Vérandas Willems) m.t
6. Tom Dernies (BEL, Wallonie-Bruxelles) m.t
7. Quentin Jaurégui (France Espoirs) m.t
8. Jan Dieteren (ALL, Team Stölting) m.t
9. Cristobal Olavarria (CHI, Bourg-en-Bresse AC) m.t
10. Marc Sarreau (Armée de Terre) m.t

70. Tom Bossis (Chambéry Cyclisme Formation) à 58 sec.

Classement général :

1. Quentin Jaurégui (France Espoirs) en 8h08’35 »
2. Matija Kvasina (SLO, Team Gourmetfein Simplon Wels) à 7 sec.
3. Julien Guay (Sojasun Espoir-ACNC) à 9 sec.
4. Corrado Lampa (ITA, Team Differdange) à 26 sec.
5. Patrick Konrad (AUT, Team Gourmetfein Simplon Wels) à 1’58 »
6. Kevin Ledanois (France Espoirs) à 1’59 »
7. Rudy Molard (Cofidis) à 2’00 »
8. Lasse Bochmann (DAN, Cult Energy Vital Water) à 2’03 »
9. Maximilian Werda (ALL, Team Stölting) m.t.
10. Nicolas Baldo (Team Voralberg) m.t.

75. Tom Bossis (Chambéry Cyclisme Formation) à 19’09 »