D’un week-end sur l’autre, d’un samedi à l’autre, la tension va crescendo sur les routes qu’emprunte la caravane rose. Du Danemark où s’élançait le Tour d’Italie il y a exactement une semaine, la course s’engage dans son premier massif aujourd’hui. Ce sera les Apennins ce week-end, les Alpes le prochain, les Dolomites pour finir. A Recanati, au départ d’une septième étape longue de 205 kilomètres, il règne une certaine excitation chez les observateurs, à laquelle répondent des gestes nerveux chez les favoris. Ce n’est pas dans l’ascension finale vers Rocca di Cambio qu’ils gagneront le Giro. Pas ici non plus qu’ils le perdront. Mais le premier vrai contact avec la montagne est une étape dans un Grand Tour. Il enthousiasme les suiveurs et met plus que jamais les candidats au maillot rose sur leurs gardes. Prêts pour une courte bataille.

Il n’est pas dit que les favoris, pour qui la route est encore longue et ô combien accidentée avant l’arrivée finale à Milan dans quinze jours, ait franchement envie de se découvrir dans cette septième étape. Une échappée est allée au bout hier dans une étape qui laissera beaucoup plus de traces qu’il n’y paraît, et cette stratégie gagnante inspire d’autres attaquants de la première minute. Le drapeau à peine baissé, quatre garçons filent dans le vent : Fumiyuki Beppu (Orica-GreenEdge), Reto Hollenstein (Team NetApp), Matteo Rabottini (Farnese Vini-Selle Italia) et Mirko Selvaggi (Vacansoleil-DCM). Ils sont moins nombreux que ceux de la veille mais leur avantage est tout aussi conséquent puisque le peloton, qui mettra davantage de temps à se lancer dans la course, n’éprouve aucun malaise à accorder jusqu’à neuf minutes d’avance au quatuor. Ce sera certainement difficile mais il y a un coup à jouer, c’est clair.

Sous la conduite d’une équipe Lampre-ISD qui roule plus pour Michele Scarponi et Damiano Cunego que pour Adriano Malori, détenteur du maillot rose par intérim, la différence est finalement endiguée dans les premières ascensions du jour, le Colle Galluccio (5,6 km à 5,4 %) puis le Piano Palasone, un interminable faux-plat qui prend fin à 60 kilomètres de l’arrivée. A cet instant, on plonge alors à toute vitesse vers le pied de l’ascension finale, et l’avance de Beppu, Hollenstein, Rabottini et Selvaggi s’effondre. Ce n’est pas encore perdu mais ça en prend le chemin. Bientôt, la route cesse de descendre et les coureurs s’engagent dans la montée finale : 15,5 kilomètres à 4,8 % de montée jusqu’à 3,5 kilomètres de l’arrivée. Une brève descente de 1800 mètres et l’on s’attaque à une rampe finale de 1600 mètres à 5,7 % avec un passage à 10 %.

Finalement, la première étape de montagne se résume à un sprint en côte sur 600 mètres.

Tandis que Matteo Rabottini insiste seul en tête de la course, deux hommes se lancent à sa poursuite, Stefano Pirazzi (Colnago-CSF Bardiani) et José Herrada (Movistar Team). Ces deux-là ne mettent guère de temps à rentrer sur l’ultime résistant. A 12 kilomètres du but, un trio se forme ainsi en tête de course. Il y a là de sérieux outsiders pour la victoire d’étape entre un prodigieux Pirazzi, qui tire le groupe de tête sans réclamer le moindre relais, un impressionnant Rabottini, qui s’accroche magnifiquement malgré ses 200 bornes d’échappée dans les guiboles, et un dangereux Herrada, qui se fait discret mais est sans doute le plus à craindre à mesure que l’on s’approche du sommet. Mais les trois hommes de tête vont connaître des fortunes diverses : Rabottini est écarté sur pépin mécanique à 7 kilomètres du but, Pirazzi va rater une trajectoire dans la brève partie descendante, et Herrada va coincer à 600 mètres de l’arrivée…

Si ce n’est pas le jour des échappés, c’est donc celui des favoris. Pour la victoire d’étape s’entend car ils ne feront rien qui puisse révéler leur désir d’en découdre prématurément. Seuls ces beaux diables de l’équipe Androni Giocattoli tentent de durcir la course. Emanuele Sella attaque à 11 kilomètres du but, en vain. José Rujano le relaie en accélérant brutalement. Le Vénézuélien allonge le peloton dans sa roue arrière. Ça grimpe en file indienne, comme un élastique qui se tend mais refuse de rompre. Puis vient le tour de Carlos Ochoa. Mais la difficulté finale n’est assurément pas assez sévère. Et les Androni Giocattoli ont beau durcir la course, un gros paquet d’une cinquantaine d’unités poursuit sa progression. Les Astana et les Liquigas-Cannondale prennent alors les choses en main. Plus personne ne sortira du peloton avant le sprint.

Car c’est un sprint dans la courte partie finale vers Rocca di Cambio qui conclut cette étape. A 600 mètres du but, dans la portion la plus raide du jour (10 %), Damiano Cunego (Lampre-ISD) se met à la planche pour son leader Michele Scarponi. L’Italien fait la différence mais Paolo Tiralongo (Astana) s’accroche dans son sillage et se fait violence dans les derniers mètres pour passer en tête et s’adjuger l’étape. Il termine à bout de forces mais victorieux. Michele Scarponi réalise la meilleure opération chez les favoris. S’il ne reprend que des broutilles à ses adversaires sur le terrain, il bénéficie de 12 secondes de bonification pour refaire une petite partie de son retard au classement général. A propos de classement général, Adriano Malori s’est logiquement rangé à 15 kilomètres de l’arrivée. Et c’est le Canadien Ryder Hesjedal (Garmin-Barracuda) qui hérite du maillot rose quand les cadors commencent déjà à pointer leur nez.

Demain dimanche, une étape du même type sera organisée entre Sulmona et Lago Laceno (229 km).

Classement 7ème étape :

1. Paolo Tiralongo (ITA, Astana) les 205 km en 5h51’03 » (35,4 km/h)
2. Michele Scarponi (ITA, Lampre-ISD) m.t.
3. Frank Schleck (LUX, RadioShack-Nissan) à 3 sec.
4. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) m.t.
5. Ryder Hesjedal (CAN, Garmin-Barracuda) à 5 sec.
6. Domenico Pozzovivo (ITA, Colnago-CSF Bardiani) à 9 sec.
7. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) m.t.
8. Ivan Basso (ITA, Liquigas-Cannondale) m.t.
9. Mikel Nieve (ESP, Euskaltel-Euskadi) à 11 sec.
10. Gianluca Brambilla (ITA, Colnago-CSF Bardiani) m.t.

Classement général :

1. Ryder Hesjedal (CAN, Garmin-Barracuda) en 26h16’53 »
2. Paolo Tiralongo (ITA, Astana) à 15 sec.
3. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) à 17 sec.
4. Christian Vande Velde (USA, Garmin-Barracuda) à 21 sec.
5. Peter Stetina (USA, Garmin-Barracuda) à 26 sec.
6. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) m.t.
7. Roman Kreuziger (TCH, Astana) à 35 sec.
8. Ivan Basso (ITA, Liquigas-Cannondale) à 40 sec.
9. Giampaolo Caruso (ITA, Team Katusha) à 45 sec.
10. Dario Cataldo (ITA, Omega Pharma-Quick Step) à 46 sec.

Classement par points :

1. Matthew Goss (AUS, Orica-GreenEdge) 65 pt
2. Mark Cavendish (GBR, Team Sky) 53 pt
3. Miguel-Angel Rubiano (COL, Androni Giocattoli) 36 pt
4. Geraint Thomas (GBR, Team Sky) 26 pt
5. Paolo Tiralongo (ITA, Astana) 25 pt
-. Taylor Phinney (USA, BMC Racing Team) 25 pt
-. Geoffrey Soupe (FRA, FDJ-BigMat) 25 pt
8. Adriano Malori (ITA, Lampre-ISD) 24 pt
-. Daniele Bennati (ITA, RadioShack-Nissan) 24 pt
-. Mark Renshaw (AUS, Rabobank) 24 pt

Classement de la montagne :

1. Miguel-Angel Rubiano (COL, Androni Giocattoli) 24 pt
2. Michal Golas (POL, Omega Pharma-Quick Step) 16 pt
3. Paolo Tiralongo (ITA, Astana) 9 pt
4. Cesare Benedetti (ITA, Team NetApp) 7 pt
5. Alfredo Balloni (ITA, Farnese Vini-Selle Italia) 6 pt
6. Fumiyuki Beppu (Orica-GreenEdge) 5 pt
-. Michele Scarponi (ITA, Lampre-ISD) 5 pt
8. Frank Schleck (LUX, RadioShack-Nissan) 3 pt
-. Matteo Rabottini (ITA, Farnese Vini-Selle Italia) 3 pt
-. Pier-Paolo De Negri (ITA, Farnese Vini-Selle Italia) 3 pt

Classement des jeunes :

1. Peter Stetina (USA, Garmin-Barracuda) en 26h17’19 »
2. Damiano Caruso (ITA, Liquigas-Cannondale) à 19 sec.
3. Rigoberto Uran (COL, Team Sky) à 27 sec.
4. Tanel Kangert (EST, Astana) à 40 sec.
5. Sergio-Luis Henao (COL, Team Sky) à 44 sec.
6. Diego Ulissi (ITA, Lampre-ISD) à 1’02 »
7. Tom-Jelte Slagter (PBS, Rabobank) à 1’03 »
8. Nelson Oliveira (POR, RadioShack-Nissan) à 1’42 »
9. Fabio Felline (ITA, Androni Giocattoli) à 1’59 »
10. Gianluca Brambilla (ITA, Colnago-CSF Bardiani) à 2’15 »

Classement par équipes :

1. Garmin-Barracuda (USA) en 77h36’14 »
2. Astana (KAZ) à 39 sec.
3. Liquigas-Cannondale (ITA) à 1’09 »
4. Omega Pharma-Quick Step (BEL) à 1’12 »
5. BMC Racing Team (USA) à 1’16 »
6. RadioShack-Nissan (LUX) à 1’17 »
7. Lampre-ISD (ITA) à 1’37 »
8. Movistar Team (ESP) à 1’46 »
9. Androni Giocattoli (ITA) à 2’20 »
10. Vacansoleil-DCM (PBS) à 2’22 »