Thomas Voeckler. Pour la première fois de sa carrière, Thomas Voeckler (Team Europcar) ramènera après-demain un maillot distinctif à Paris. Hier, il s’est arraché pour défendre son maillot à pois de meilleur grimpeur dans les derniers cols du Tour de France. « Je suis parti avec une calculette dans la tête et une stratégie bien précise, a-t-il commenté depuis la station de Peyragudes. Mercredi soir, à aucun moment je me suis dit que c’était gagné pour le maillot à pois. J’étais vraiment conscient du travail qu’il me restait à faire et du faible écart qu’il y avait avec Fredrik Kessiakoff. Je suis resté dans sa roue, ce n’était peut-être pas très sport, ce n’est en tout cas pas ma façon de courir mais je n’avais pas le choix. Ce n’était pas seulement une question de physique mais il me fallait courir stratégiquement, quitte à ce que ce soit avec moins de panache. »

Chris-Anker Sörensen. Parmi les grands animateurs de ce Tour de France, le Danois Chris-Anker Sörensen (Team Saxo Bank-Tinkoff Bank) a vécu hier une sale journée. En pleine course, du papier journal s’est engouffré entre sa roue avant et sa fourche. Le coureur a commis l’erreur de vouloir le retirer avec la main gauche quand il a été happé par les rayons. Deux de ses doigts, l’annulaire et l’auriculaire, ont été sérieusement entaillés. Passé immédiatement chez le médecin, il a été bandé et a terminé l’étape ainsi, perdant beaucoup de sang sur la guidoline blanche de son vélo. Après l’étape, qu’il a terminée 24ème à 4’10 », Chris-Anker Sörensen a été transféré à la clinique de l’Union à Toulouse (SOS main) pour des sutures et un bilan. Il décidera ce matin s’il essaie de terminer ce Tour de France 2012.

Thibaut Pinot. Le plus jeune grimpeur du peloton Thibaut Pinot (FDJ-BigMat) s’est brillamment défendu hier vers Peyragudes. 4ème de l’étape derrière Wiggins et Froome, il préserve pour l’heure son 10ème rang au classement général. « J’ai bien récupéré entre mercredi et jeudi. Après l’étape de Bagnères-de-Luchon j’étais déçu d’avoir lâché le groupe des favoris donc j’étais revanchard. L’étape de Peyragudes me convenait bien mais je suis surpris d’avoir encore de telles jambes en troisième semaine. Je suis content de ma place à l’arrivée. Le Top 10 n’est pas encore acquis, même si j’ai repris du temps aux coureurs qui me talonnaient. Il y a le contre-la-montre de samedi, tout plat et pas fait pour moi. Il va vraiment falloir que je m’y arrache. Mais quoi qu’il arrive je sais que j’ai donné le maximum, je n’aurai pas de regrets à avoir. »

Nicolas Roche. Aux portes du Top 10 mercredi soir, Nicolas Roche (Ag2r La Mondiale) a rétrogradé hier. Toujours 11ème du classement général, il doit désormais combler 1’12 » pour entrer dans les 10. « J’ai perdu un peu de temps sur Thibaut Pinot sur cette étape, a noté l’Irlandais. En vue du contre-la-montre je voulais le garder en point de mire mais il a fait une super étape. J’ai malheureusement aussi perdu du temps sur Andreas Klöden et Chris Horner, qui étaient mes rivaux directs. » Nicolas Roche est revenu en outre sur la présence en tête de Jean-Christophe Péraud, qui ne lui a finalement pas servi. « Quand on l’a repris, il était dans le dur donc il ne m’a malheureusement pas servi. Le but était pour lui de jouer l’étape en étant échappé, car ces derniers jours les tentatives allaient au bout. »

Jérôme Coppel. Dans le dur en troisième semaine de Tour, Jérôme Coppel (Saur-Sojasun), souffrant, a encore lâché du temps hier dans la dernière étape de montagne du Tour. « Mon étape en deux mots ? Sale journée ! », a-t-il résumé après la ligne. 15ème du classement général au matin, le Haut-Savoyard est à présent 21ème. « Ça n’allait vraiment pas. Je n’ai pas de jambes. J’ai essayé de prendre le gros coup dans la première bosse. Mais je suis sans force, je tousse, je suis vraiment mal. Le Tour c’est déjà très dur en temps normal, alors malade, ça enlève le peu de plaisir qui reste. La journée de vendredi, j’aimerais bien prendre le bon coup, mais est-ce que j’en ai les moyens physiques ? Sur le chrono final, je souhaite faire au mieux pour finir sur une bonne note… mais il faudra que je récupère. »

3 questions à… Alejandro Valverde (Movistar Team)

Alejandro, comment s’est passée votre journée vers Peyragudes ?
Cette journée est partie sur les chapeaux de roue dès le départ. Longtemps, le peloton n’a pas voulu laisser filer l’échappée mais on a pu profiter des conditions météos avec le brouillard et la pluie dans la descente du col de Menté. Le problème, c’est que Vincenzo Nibali s’est joint au groupe. Il était 3ème au général, il était évident qu’on ne le laisserait pas partir. J’ai donc parlé avec lui et il s’est relevé. Dans le groupe, peu de coureurs collaboraient. J’avais avec moi deux coéquipiers qui m’ont beaucoup aidé. Puis je suis parti dans le Port de Balès.

Cette victoire vient sauver votre Tour de France, elle est importante pour vous ?
C’est une victoire très spéciale en effet. J’ai vraiment eu beaucoup de malchance en début de Tour, avec deux chutes en trois jours et une crevaison au pied de la Planche des Belles Filles. Dès lors, il ne m’était plus possible de jouer le classement général et j’ai tout misé sur une victoire d’étape. Ça n’a pas été facile. Je la voulais vraiment mais j’ai eu du mal à avoir un bon de sortie.

N’avez-vous jamais songé à abandonner le Tour après tant de malchance ?
A un moment donné, c’est vrai que j’ai eu beaucoup de malchance avec les chutes et les crevaisons, mais il fallait combattre cette malchance. J’ai continué à lutter pour moi et pour mon équipe. J’ai pleuré à l’arrivée, j’étais vraiment très ému, comme sur un nuage. J’avais aussi pleuré en remportant ma première victoire au Tour Down Under en janvier. C’est un tel contentement qu’il est impossible de garder ses émotions pour soi.

Propos recueillis à Peyragudes le 19 juillet 2012.