La Lozère est un pays rude qui façonne ses hommes à son image : entier, simple et discret. Rencontre avec le Lozérien Christophe Laurent, qui a rejoint l’effectif du Team Vulco-Vaulx-en-Velin pour la saison 2010. Professionnel durant huit saisons au sein des équipes Jean Delatour, RAGT Semences, Agritubel, Crédit Agricole, Slipstream et à nouveau Agritubel, le Mendois a de l’ambition pour son retour dans les rangs amateurs ! L’ambition d’un capitaine de route qui souhaite renouer avec la victoire, mener sa nouvelle équipe vers la réussite… et retrouver les rangs professionnels en 2011, sans pression et sans amertume.

Christophe, te voilà à l’aube d’une nouvelle saison où tu as rejoint l’équipe de Division Nationale de Vaulx-en-Velin. Comment se passe ta reprise ?
Pour l’instant, c’est calme. Nous avons simplement fait un petit regroupement de deux jours afin d’établir le contact et pour ma part j’ai repris l’entraînement depuis quelques semaines , essentiellement avec du VTT et quelques footings.

C’est Michel Gros qui t’a contacté pour intégrer le club. C’est aussi lui qui t’a permis de passer pro chez Delatour. Quelle relation entretiens-tu avec lui ?
Michel Gros a été mon premier directeur sportif, c’est lui qui m’a fait signer mon premier contrat pro, c’est quelqu’un que je respecte beaucoup, une personne importante dans le milieu du cyclisme, que ce soit professionnel ou amateur. Il a été ensuite mon manager quelques années, et même s’il ne l’était plus ces dernières années puisque j’avais choisi de travailler seul, nous sommes toujours restés proches. Michel connaissait ma motivation sur les classes 2 cette année et il a fait appel à moi quand la marque Vulco a décidé d’investir au Vélo Club Vaulx-en-Velin. Il n’est pas manager de Vaulx-en-Velin mais reste proche de ce club. Il pense que ce peut être un tremplin pour moi afin de rebondir en 2011 chez les pros, si le contexte est meilleur que cette année. Le projet me plaît, me motive, j’ai franchi le pas.

Tu fais partie des pros qui n’ont pas pu avoir un contrat pour 2010. Avec le passage du Paris-Nice et du Tour dans ta ville de Mende, n’est-ce pas difficile ?
C’est comme ça. Si Agritubel avait continué, je serais encore chez les pros. Ce n’est pas le cas, c’est ainsi. Je ne peux pas me plaindre. J’ai fait huit saisons chez les pros, dans des équipes formidables, ça été une chance. Aujourd’hui, elle tourne, mais ce n’est pas grave. L’essentiel pour moi est de prendre du plaisir et je suis certain d’en prendre en Elite. Après, le Tour à Mende me rendra certainement nostalgique, comme je l’ai été en 2005, mais c’est toujours moins frustrant que d’être dans une équipe qui fait le Tour et de pas être sélectionné…

Fin de saison 2009, tu n’as reçu aucune proposition sérieuse d’équipe française ou étrangère, qu’est-ce qui a cloché ?
J’ai reçu deux offres à l’étranger que je n’ai pas acceptées pour diverses raisons. En France, je n’ai même pas vraiment cherché, j’étais persuadé d’aller dans l’équipe Bretagne-Schuller. Depuis le mois de juin, on m’annonce chez eux, j’ai même reçu une offre, mais il y a eu beaucoup de flottement, beaucoup de changement dans cette équipe, et plus le temps passait plus je sentais que cela ne se ferait pas. Quand on m’a annoncé que ce n’était pas possible, on était en octobre. Tous les effectifs étaient bouclés. De toute façon, je savais que se serait dur. Même si j’ai fait une bonne saison, ma chute, ma non participation au Tour, mon âge, la réduction des effectifs, la disparition d’une équipe, tout ça n’a pas joué en ma faveur.

Tu affirmes être motivé par une saison en amateur afin de disputer de belles épreuves de ce niveau et jouer la gagne. Quelles courses te plaisent et quels seront tes objectifs 2010 ?
Je suis passé pro après seulement une demi-saison au plus haut niveau amateur, à SuperSport 23 La Creuse. J’ai de grosses lacunes sur les épreuves Elites, il y a beaucoup d’épreuves que je ne connais pas. Mes objectifs seront les classes 2 et les épreuves de Coupe de France, même si j’ai une préférence pour les courses à étapes. J’aimerais que le Team Vulco soit champion de France des clubs. J’aimerais remporter une manche de la Coupe de France et, à choisir une classe 2, le Tour du Gévaudan.

Tu as débuté le cyclisme par le VTT cross-country. Etant un peu plus libre, as-tu envisagé un retour sur les épreuves nationales ?
Oui, j’ai envisageais cela un moment cet hiver avant de signer au Team Vulco, d’autant plus que j’ai eu deux propositions de teams VTT et que j’ai toujours envisager un retour dans le VTT un jour. Mais en discutant avec Michel Gros, si j’envisage de repasser pro en 2011, je ne dois pas trop me disperser, alors il y a peu de chance que je fasse des épreuves VTT cette année.

Tu as récemment participé au jubilé du Montpelliérain Stéphane Goubert. Quel regard portes-tu sur sa carrière ?
Stéphane est un coureur exemplaire, discret et efficace. Je partage ses entraînements depuis huit ans. Son départ va beaucoup me manquer, il se retire mais il aurait pu faire encore plein de choses dans le vélo tant il a une motivation intacte, tant il est pro. J’espère qu’il va se reconvertir efficacement, je le lui souhaite en tout cas.

Tu gardes espoir de repasser pro en 2011. En cas d’échec, comment envisages-tu ta vie professionnelle ?
J’ai beaucoup de projets professionnels, j’ai surtout la chance d’avoir fait des études et d’avoir passé mon BE avant ma carrière. Mon après-carrière n’est pas un souci, je pourrais enseigner mais je ne suis pas certain d’en avoir envie. Chaque année, des opportunités se présentent à moi, puis ne sont plus d’actualité quelques temps après. Je ferai le point au moment voulu mais ce sera dans le sport, forcément, peut-être même dans le vélo.

Propos recueillis par Jean-Baptiste Trauchessec le 22 décembre 2009