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A ce stade de la saison, quel bilan tirez-vous?

Aurélien Priat: « Globalement il est plutôt satisfaisant. On en est à onze victoires à l’heure actuelle, ce qui n’est pas si loin de nos résultats de la saison précédente. Le contrat est presque rempli sachant qu’il reste encore un mois et demi de course. On a eu des beaux résultats avec la deuxième place d’Axel Flet à Saint-Avold, sa troisième place aux championnats de France fin juin sur la course en ligne… c’est le leader du groupe. Derrière il y a des jeunes, comme Kevin Avoine, qui progressent. »

Laurent Pillon: « Pour moi, nous avons été à la hauteur. J’ai juste une toute petite déception, je pensais qu’on aurait pu jouer les deux premières places au classement de la Coupe de France (DN3). Après il faut relativiser. »

Il y a eu aussi la belle 8ème place de Kevin Avoine sur Liège-Bastogne-Liège espoirs (2ème meilleur Français sur l’épreuve 2018 après Alexys Brunel, ndlr)…

A.Priat: « Kevin (Avoine) a découvert cette épreuve l’année dernière. Il avait alors manqué d’expérience et de réussite. Cette année on l’a préparé pour ce premier objectif de la saison et le résultat est venu récompenser ses efforts. Il a remporté sa première victoire de la saison il y a quinze jours sur le Circuit des Mines, une épreuve assez dure. C’est un coureur qui est en progrès. Lui et Alex (Flet) sont les coureurs qui ont les plus beaux résultats cette saison. »

L.Pillon: « C’est vrai qu’il a fait un très beau Liège-Bastogne-Liège. Malheureusement, sa chute sur A Travers les Hauts de France (2.2) est venue le perturber. Je crois aussi qu’il aurait pu faire un meilleur résultat sur les Championnats de France du contre-la-montre s’il n’avait pas crevé. Il lui reste à confirmer sur la fin de saison et c’est tout ce que je lui souhaite.»

Ces résultats correspondent-ils à ce que vous envisagiez en début d’année?

A.Priat: « On voulait que ces deux coureurs (Axel Flet et Kevin Avoine) soient le moteur de l’équipe. Nous voulions aussi briller sur les courses élites, les courses à étapes ou les classe 2, car un coureur comme Axel Flet, qui a 24 ans, doit vraiment se montrer sur ces épreuves s’il veut passer professionnel. On a axé nos entraînements et préparer les pics de formes en fonction de cela. Je pense qu’Axel (Flet) montre qu’il a le niveau comme en témoigne sa neuvième place sur la 3e étape d’A Travers les Hauts de France (2.2). »

Axel Flet, ESEG DouaiAxel Flet, ESEG Douai | © Flashcycle

Les épreuves belges vous ont plutôt bien réussi également, notamment en juin dernier…

A.Priat: « On a l’avantage d’être proche de la frontière et d’être invité sur ces courses. Le niveau est différent, ça court autrement, ça roule un peu plus vite et ce sont des parcours qui conviennent mieux à nos coureurs. Alex Flet fait 2ème au Kampioenschap van het Waasland (1.12) et Kevin Avoine 2ème au Grand Prix de Geluwe (1.12) une semaine plus tard. Ce sont des interclubs assez réputés, ces résultats sont parlant. De manière général les coureurs ont répondu présent vis à vis des objectifs qu’on s’était fixé en début de saison. » 

L.Pillon: « Il faut aussi souligner que pour un club de DN3 on a quasiment un programme de DN1. On peut se vanter de ça. On a fait douze courses UCI, on a été invité en Angleterre, en Belgique sur de très belles courses. De fin avril jusqu’aux championnats de France on a tenu le cap. Depuis on est un peu moins bien… » 

Aurélien, en tant qu’entraîneur, comment préparez-vous vos coureurs pour ces échéances belges?

A.Priat: « Il y a un gros travail spécifique qui est fait. On simule à l’entraînement les efforts qu’il pourrait y avoir en course, on procède avec des enchaînement rapides en côtes. On cherche ensuite des courses préparatoires avec des circuits similaires à la course qui est ciblée. Avant Liège-Bastogne-Liège on était en Bretagne sur la Gainsbarre par exemple. C’est un coin qui offre des parcours accidentés, sans trop de plat, ce sont des courses usantes. On essaie de trouver des parcours spécifiques pour voir le travail qu’il y a à faire, si les entraînements ont été bons ou s’il faut procéder à des ajustements. » 

Pouvez-vous nous parler du groupe, des coureurs, des axes d’évolution ou des lacunes?

A.Priat: « On dispose d’un effectif assez jeune qui compte neuf espoirs sur treize coureurs. Beaucoup sont là pour apprendre et parfaire leur formation. Je pense notamment à Yusuke Katoda (Jap, 20 ans) qui nous a marqué des points lors de la 4ème manche de la Coupe de France. On a deux ou trois jeunes comme ça qui ont du potentiel et on espère les voir briller dans l’avenir. En terme de lacunes je pense que certains sont encore timorés et n’osent pas assez. Quoiqu’il en soit l’ESEG dispose d’un groupe qui a du potentiel et le montre chaque week-end. »

L.Pillon: « Je pense effectivement qu’on a de bons jeunes. L’année prochaine, on pourrait voir souvent aux avant-postes des garçons comme Yusuke Kadota ou Baptiste Deman, ils montent en puissance. Pour les lacunes je pense qu’on manque parfois un peu de confiance dans la final. On a clairement le potentiel, il ne nous manque que ça.»

L’accent sur la formation

La finale de la coupe de france DN3 a lieu le 9 septembre en Aquitaine, à Marmande. Avec quelles ambitions y allez-vous?

A.Priat: « On part pour gagner, comme pour toutes les courses. On a pu voir sur les manches précédentes que nous étions capables de jouer la victoire. Au Tour du Périgord on avait encore trois de nos coureurs dans le groupe de tête à trois kilomètres de l’arrivée et on se fait reprendre à la flamme rouge (Kevin Avoine y termine 8e, ndlr). Mathématiquement ça va être compliqué de terminer dans les deux premiers puisqu’on est passé à travers sur la deuxième manche (Tour de l’Ardèche Méridionale, ndlr). On prend cette course comme une autre, on ne va pas courir après les points mais pour la gagne et si il y a un beau résultat d’équipe tant mieux. On aborde cette manche sans pression. »

L.Pillon: «  Ca sera difficile mais si on peut finir sur le podium ça serait beau pour nous. »

ESEG DouaiESEG Douai | © ESEG Douai

La DN2 était un objectif ?

L.Pillon: « La réforme des DN est dans un an. On ne va pas s’amuser à aller en DN2 même si on en avait la possibilité. Nous allons attendre de voir comment ça va se passer à ce niveau avant de s’embarquer là dedans. De toute façon DN2 ou pas, le programme ne changera pas pour l’ESEG Douai.» 

A.Priat: « Etre en DN2 n’est pas ce qui va avoir une grosse influence sur notre programme. Cette saison on a dû faire huit ou neuf 1.2. C’est la première année qu’on en fait autant alors que nous ne sommes qu’en DN3. On participe aussi à des courses à étapes en Elite. Le gros changement serait sur l’aspect financier. Il vaut mieux être bien placé en DN3 qu’être en queue de peloton une division au dessus. Nous avons vécu ça pendant trois ans par le passé, lutter à chaque course pour se maintenir… ce n’est pas marrant.»

Comment aimeriez-vous voir évoluer la structure à court ou moyen terme ?

L.Pillon: « J’aimerais dans un premier temps qu’on puisse garder le même groupe pour la saison prochaine, mais des équipes lorgnent sur certains de nos coureurs. Ca va être difficile. Ensuite, en tant que manager, mon rêve serait de mettre l’accent sur la formation, avoir un suivi d’entraînement tous les jours avec les coureurs, leur donner plus de moyens pour qu’ils s’épanouissent et pour les aider à apprendre le métier de coureur cycliste sans bruler les étapes. Nous manquons de moyens financiers pour cela. Quand je regarde certaines DN1, je trouve qu’il y a beaucoup de présidents de clubs qui font n’importe quoi. Nous, on ne peut pas s’aligner. A mon sens la logique serait qu’il n’y ait que des espoirs en DN3. Aujourd’hui on y retrouve beaucoup d’ex-professionnels ou d’anciens bons coureurs chez les amateurs, ceux-là devraient être dans des DN1. On devrait laisser les jeunes ensemble en DN3, pour qu’ils puissent gravir ensuite les échelons un par un, tandis que là c’est le contraire. »

A.Priat: « Notre philosophie c’est de former des jeunes. On le voit avec Kevin Avoine, mais aussi avec un coureur comme Thomas Joly qui est passé par chez nous et qui est aujourd’hui professionnel chez Roubaix Lille Métropole. Je pense qu’on a une philosophie et un programme de course qui est fait pour former les jeunes et les aider à acquérir le meilleur niveau qu’ils peuvent avoir. Après si ils sont repérés c’est super pour eux. J’aimerais voir la mise en place d’un label mettant en avant l’organisation, la structure des clubs, leur passé plutôt que de voir en premier lieu l’argent. Certains clubs ont des moyens, mais pas d’encadrement. Je pense également que nous devons mettre l’accent sur la jeunesse avec notamment les cadets ou l’école de vélo. »

Maxime Lefebvre