A l’occasion de la première édition de l’Explore Corsica, Vélo 101 a rencontré sa marraine, Nathalie Simon, ancienne véliplanchiste et maintenant accro de la petite reine, qui a adoré cette façon unique de découvrir l’Ile de Beauté, au fil de l’eau et sur le vélo !

Nathalie, pouvez vous rappeler aux lecteurs de Vélo 101 votre passé de sportive ?
Mon sport de prédilection est la planche à voile. J’ai gagné des étapes de Coupe du Monde et j’ai été championne de France en 1986. Mais je ne me penche jamais sur le passé, je suis tournée vers l’avenir et, pour moi, aujourd’hui c’est le vélo. J’ai pratiqué beaucoup de sports, le running, le triathlon… c’est vital pour moi. Je pense que c’est un moyen pour la femme de prendre confiance en elle, de sortir de sa zone de confort, de sécréter des endorphines, ces hormones « du bonheur » comme je les appelle. Quand je ne vais pas bien, je pars courir et, hop, tout va mieux ensuite.

Comment êtes vous arrivée au vélo de route ?
Je m’étais mise au VTT quand j’habitais à Hyères et que je pratiquais toujours la planche. Le Var est un magnifique terrain de jeu. J’ai même été la marraine de la 3ème édition du Roc d’Azur. Ensuite, j’ai zappé cette discipline car, avec mon mari Tanguy, nous sommes partis sur Paris. Et, pour tout vous dire, j’ai commencé le vélo de route sur les conseils de mon chirurgien, à la suite d’un accident de ski où je m’étais fait un genou.

Quelle est votre analyse concernant la faiblesse du pourcentage de femmes dans les épreuves cyclistes ?
Aujourd’hui, je trouve que le vélo est en pleine mutation. Il y a de plus en plus de gens qui s’y mettent. Habitant Marseille, je croise beaucoup de filles sur les routes. Mais, le problème, c’est qu’elles ont peur de la compétition, d’être en peloton, de frotter, et je les comprends car il y a un côté dangereux dans ce sport. A ce propos, des épreuves comme l’Explore Corsica, où il n’y a que quelques portions chronométrées et surtout en montée, donc sans risques, peuvent attirer plus de femmes.

Vous avez dû connaître toutes les années de gloire de Jeannie Longo, pensez-vous que son image ait été un plus ou un moins pour le cyclisme féminin ?
Il ne faut pas réduire ça à l’image de Jeannie mais l’élargir à celle des femmes dans le sport il y a vingt ou trente ans. A cette époque, la sportive n’était pas assimilée à une quelconque féminité. Aujourd’hui, les mentalités ont changé, les filles s’apprêtent pour aller faire du sport, elles se maquillent, se font les ongles… Elles ne sont plus perçues comme des « garçons manqués ». Je déteste cette expression d’ailleurs et quand, petite, on me traitait de la sorte, je répliquais en disant que j’étais une « fille réussie » !

Vous êtes également la marraine des Bosses de Provence, avez-vous des idées pour y attirer plus de filles ?
Faire un prix spécial, je ne pense pas, car le service offert à une coureuse est le même que celui pour un homme, ce serait donc de la discrimination. En revanche, comme à l’Etape du Tour l’an dernier, seules les femmes avaient eu un tee-shirt éponyme, c’était un petit plus bienvenu. Donc pourquoi pas un cadeau personnalisé, par exemple un lycra adapté, et des petites attentions aussi. Quant au départ en amont dans un sas leur étant dédié, pour celles qui le souhaitent, j’approuve pleinement car beaucoup angoissent à l’idée de partir au sein de gros peloton.

Pour vous, les fabricants sont-ils à la hauteur en ce qui concerne les produits féminins ?
Actuellement, le développement des parts de marché dans le sport doit passer par les femmes et les seniors. Les marques l’ont bien compris et commencent à s’y mettre. Aujourd’hui, il y a des tenues techniques pour les dames en running et, en vélo, c’est en train d’arriver. Il y a un effet boule de neige, les fabricants vont développer le marché féminin, du coup les filles vont trouver des vêtements plus adaptés et ça va les attirer encore plus. Pour moi, une tenue cycliste peut être glamour et élégante !

Au-delà du textile, trouvez-vous que les marques ont évolué sur le matériel ?
Je roule sur un Trek Project One féminin et c’est mon tout premier vélo spécial fille. Jusqu’ici je m’y refusais mais Trek m’a convaincu en me proposant un vélo confortable et performant. C’est un plus pour faire des épreuves comme l’Explore Corsica, car on passe des heures et des heures sur la selle. Le confort est primordial pour les femmes, et surtout l’assise. A cet effet, les marques devraient demander les services de femmes techniciennes ou de coureuses pointues en la matière car notre anatomie est bien différente de celle des hommes.

Pensez-vous que la démocratisation du vélo peut passer par l’électrique, notamment pour le public féminin ?
Grave ! D’abord, clairement sur le VTT en montagne, et puis sur le vélo de route aussi. J’ai de nombreux copains qui en ont achetés à leurs épouses pour qu’elles puissent les accompagner. Certains parlent de triche… Moi je pars du principe que du moment qu’une personne va faire du sport, même si c’est avec une assistance électrique, il faut l’encourager. De surcroît, si les femmes le font pour pouvoir partager quelque chose avec leur mari, je dis oui, mille fois oui !

La mise en place d’épreuves spécifiques réservées aux dames serait-elle, de votre point de vue, une voie de développement du cyclisme féminin ?
Il y en avait avant puisque j’ai été la marraine de la feue « Grande Boucle » féminine. Des cyclos pour les femmes ? Est ce que l’on a assez de coureuses ? Mais, dans le principe, pourquoi pas. J’ai l’impression que les filles aiment bien faire des compétitions entre elles. Si ça marche en running, ça devrait passer aussi en cyclo… Seulement, il faut se lancer. Peut-être que la solution serait de commencer au sein d’une épreuve déjà établie avec l’incorporation d’un parcours spécial Dames, moins long et au départ différé.