Après l’énorme surprise de Lukas Pöstlberger (Bora-Hansgröhe) le premier jour, le Giro nous a apporté hier un scénario plus traditionnel d’un début de Grand Tour avec un premier sprint entre les grosses cuisses du peloton. Et si Caleb Ewan (Orica-Scott) était apparu le plus rapide le premier jour, l’Australien n’a pas pu le démontrer hier. En déchaussant dans les derniers hectomètres, le jeune sprinteur a laissé le soin à André Greipel (Lotto-Soudal) de mettre tout le monde d’accord, en remportant l’étape et en prenant le maillot rose de leader. Son premier sur un Grand Tour, lui qui est plus habitué à engranger les bouquets destinés aux vainqueurs d’étapes. L’Allemand était donc décidé, ce matin au départ de Tortoli, à conserver sa précieuse tunique. Et le terrain proposé aujourd’hui s’y prêtait à merveille.

Un œil sur le profil montre du plat, du plat et encore du plat pendant 148 kilomètres. Voilà le programme du jour en direction de Cagliari où jadis Mario Cipollini remporta une étape. Il y a 26 ans déjà. Et si les routes ne se cabraient pas franchement, elles ne semblent pourtant pas si plates que cela. Ajoutez à cela un vent important et vous avez ici tout sauf une étape de transition. En longeant le littoral, le peloton s’exposait encore un peu plus à ce souffle et la Lotto-Soudal se chargeait de tenir à distance l’échappée du jour, sortie dès les premiers mètres. Ivan Rovny (Gazprom-Rusvelo), Jan Tranik (CCC Sprandi Polkowice) et Eugert Zhupa (Wilier Triestina-Selle Italia) ont été accompagnés en début de course par Kristian Sbaragli (Dimension Data). Surprenant de retrouver à l’avant le coureur italien, qui s’est relevé après avoir gagné le premier sprint intermédiaire du jour. Pour laisser les trois hommes de tête avec une avance de 2 minutes toute la journée.

Le virage plein ouest pris par le peloton à 40 kilomètres de l’arrivée augmentait le risque de bordure pour le final, avec un vent de côté important. C’est aux alentours de ce changement de direction que de nombreuses crevaisons interviennent en quelques kilomètres. Mauvais état de la route ? Tentative de sabotage ? Vent trop fort qui ramène des petits pièges sur la route ? Personne n’a pour le moment de réponse. Cela n’empêchera pas le peloton d’avaler les échappées alors que 25 kilomètres sont encore à parcourir. Les équipes remontent leur leader et tout le monde veut se placer. La tension monte crescendo dans les dernières minutes de course pour frotter dur dans les derniers instants, au risque de chuter. La bordure n’a jamais semblé aussi proche. Et ce sont les spécialistes belges de Quick-Step Floors, plus habitués à ce type d’exploit sur les classiques, qui réussissent à passer à l’action.

Bob Jungels (Quick-Step Floors) en est le principal acteur et sous ses coups de pédales puissants, il emmène une dizaine de coureurs dans sa roue. La maillot rose André Greipel est de ceux-là mais le Gorille est obligé de rentrer dans le rang, la faute à un problème mécanique. Le peloton met du temps à se regrouper et réagit trop tard, pour mourir à 13 secondes des premiers. Pour laisser place à ce qui devait être, théoriquement, un duel entre Fernando Gaviria (Quick-Step Floors) et Giacomo Nizzolo (Trek-Segafredo). Mais le champion d’Italie gère très mal son sprint et devra attendre encore un peu pour lever les bras sur le Giro.

Ce que n’aura plus à faire son adversaire colombien. Presque facilement, il vient ponctuer le travail de son équipe et s’offre même le maillot rose. Jungels se voit quant à lui récompenser de son accélération en prenant 10 secondes aux autres favoris De quoi passer une belle journée de repos après le transfert que la caravane du Tour d’Italie effectuera ce soir en direction de la Sicile. Et une prochaine étape qui s’annonce volcanique avec l’arrivée tracée au sommet de l’Etna. – Adrien Godard

Classement 3ème étape :

1. Fernando Gaviria (COL, Quick-Step Floors) les 148 km en 3h26’33 (43,0km/h)
2. Rüdiger Selig (ALL, Bora-Hansgröhe) m.t.
3. Giacomo Nizzolo (ITA, Trek-Segafredo) m.t.
4. Nathan Haas (AUS, Dimension Data) m.t.
5. Maximiliano Richeze (ARG, Quick-Step Floors) m.t.
6. Kanstantin Siutsou (BLR, Bahrain-Merida) à 3 sec.
7. Bob Jungels (LUX, Quick-Step Floors) m.t.
8. Caleb Ewan (AUS, Orica-Scott) à 13 sec.
9. Sacha Modolo (ITA, UAE Team Emirates) m.t.
10. André Greipel (ALL, Lotto-Soudal) m.t.

Classement général :

1. Fernando Gaviria (COL, Quick-Step Floors) en 14h45’16 »
2. André Greipel (ALL, Lotto-Soudal) à 9 sec.
3. Lukas Pöstlberger (AUT, Bora-Hansgrohe) à 13 sec.
4. Bob Jungels (LUX, Quick-Step Floors) m.t.
5. Kanstantin Siutsou (BLR, Bahrain-Merida) m.t.
6. Caleb Ewan (AUS, Orica-Scott) à 17 sec.
7. Roberto Ferrari (ITA, UAE Team Emirates) m.t.
8. Ryan Gibbons (AFS, Dimension Data) à 23 sec.
9. Enrico Battaglin (ITA, Team LottoNL-Jumbo) m.t.
10. Sacha Modolo (ITA, UAE Team Emirates) m.t.