L’étape du jour : Rambouillet – Paris-Champs-Elysées (128 km)profil 21e étape tdf 2019profil 21e étape tdf 2019 | © ASO

Dernière journée sous forme de jubilé pour les coureurs du Tour de France ! Un début d’étape extrêmement tranquille jusqu’aux Champs-Elysées, où les coureurs parcourront la vallée de la Chevreuse et les boulevards parisiens à faible allure pour profiter du doux sentiment d’un Tour de France achevé. La célébration des héros de ces trois semaines occupera ainsi toute la première partie de l’étape, partageant un rare moment de détente sur la plus grande course de monde avec leurs équipiers et adversaires, avant d’accélérer à nouveau une fois entrés sur le circuit des Champs-Elysées.

En effet, sur la plus belle avenue du monde, la compétition reprendra ses droits, les baroudeurs à qui il restera encore des forces tenteront de s’allier pour mettre en échec le retour des équipes de sprinteurs, afin de remporter un bouquet de prestige. Pourtant, depuis le coup de Vinokourov en 2005, nul n’y est parvenu et ce sont toujours les fous de la dernière ligne droite qui ont raflé la mise. Sur les pavés revêches des champs, où les machines secouent et les organismes s’usent et épuisent les coureurs, les formations les mieux huilées triomphent des valeureux fuyards, plaçant leur homme fort sur orbite à l’abord des 150 derniers mètres. Ce soir, ils seront encore nombreux à souhaiter de tout cœur lever les bras face à l’arc de triomphe. Et il est impossible de connaître à l’avance son identité…

 

La Grosse Cote du Jour : Alexander Kristoff

Sûrement la plus grosse côte de la rubrique en ces 21 éditions de la Gazette du Tour ! En effet, cette 106e édition de la Grande Boucle n’a pas été tendre avec la réussite d’Alexander Kristoff, lui pointant doucement du doigt la porte de la sortie, d’un geste également désigné à André Greipel. Fantomatique dans les sprints massifs, le sprinteur norvégien n’y a réussi à glaner que quatre petits top 10 dans l’exercice, dont trois où il n’est pas parvenu à dépasser la neuvième place. Son plus grand fait d’armes sur ce Tour de France 2019 est donc sa seconde place obtenue à Nancy, où Elia Viviani ne l’avait battu que de quelques centimètres. Pourtant en ce point réside pourtant tout l’espoir persistant malgré ce bilan famélique.

Débarrassé de la concurrence de Jasper Philispen au sein de la formation UAE Team Emirates, où le belge lui volait parfois la vedette en queue de train, le natif d’Oslo aura sûrement à cœur de défendre sa victoire de l’an passé sur les Champs-Elysées. Surtout qu’il a pour habitude d’être à l’aise sur la montée pavée de la plus belle avenue du monde, où il n’est pas sorti du top 5 depuis 2013. Alors finalement, pourquoi pas voir Alexander Kristoff lever les bras face à l’Arc de triomphe ? Réponse ce soir !

 

Le beau geste de la veille : la poignée de main entre Julian Alaphilippe et Egan Bernal

Avant même le départ de l’étape d’hier, le suspense avait quasiment pris fin, l’enjeu s’apprêtait à s’éteindre, enfin, Alaphilippe avait cédé sa toison d’or à Egan Bernal, et il n’y avait nul doute qu’il relevait de l’impossible pour le montluçonnais de reprendre son bien. La lutte entre deux grands champions de ce Tour de France venait de toucher à son terme, du fait de l’absence de réciprocité dans la bascule qui venait de s’opérer sur les pentes de col d’Iseran.

Alors, hier, une fois la 20e et avant dernière étape lancée, les deux coureurs ont tenu à se saluer mutuellement, en signe de reconnaissance et de respect mutuel. Une défaite sans rancune pour le fantastique coureur français, dont l’immensité sur cette 106e Grande Boucle a largement outrepassé la perte de son maillot jaune à deux jours des Champs-Elysées. Si le premier s’apprête aujourd’hui à inscrire son nom dans le palmarès, le second figure désormais dans la mémoire populaire. Une victoire qui satisfait bien les deux hommes.

 

Une Histoire du Maillot Jaune : 22 juillet 1979 : Duel au sommet sur les Champs-Elysées

La dernière étape de la Grande Boucle tourne bien souvent à une parade sur les routes d’Ile-de-France, menant tranquillement les coureurs sur les Champs-Elysées, où on laisse aux sprinteurs le privilège de se disputer un bouquet de prestige. Parfois critiquée, souvent ennuyeuse, cette ultime traversée du Tour de France ne séduit pas l’ensemble des suiveurs. Un grand nombre d’entre eux préfèrent d’ailleurs ne pas la considérer comme une étape à part entière, mais plutôt comme la paix des braves, comme le défilé des héros de la Petite Reine qui, après s’être attaqués durant trois longues semaines, se félicitent d’être tous venus à bout de cette épreuve légendaire. Durant cette journée, le classement général devient presque secondaire, et même si les vainqueurs savourent délicatement leur triomphe, tous goûtent à la douceur d’une Grande Boucle terminée, voyant s’ajouter à leur palmarès la ligne de « finisher du Tour de France ». Comme au temps des forçats de la route…

Pourtant dans l’histoire vieille de plus de 40 ans de cette arrivée sur les Champs-Elysées, il y eut bien un homme qui n’a pas attendu d’être sur la plus belle avenue du monde pour entamer les velléités. Et il s’agit évidemment de Bernard Hinault.

Ainsi, en cette après-midi du 22 juillet 1979, marquant la 24e et dernière étape d’un Tour de France marqué par la domination du « Blaireau », la course prend une tournure totalement inattendue après une attaque dans la côte de la vallée de la Chevreuse par Joop Zoetemelk, dauphin du natif d’Yffiniac. Surpris par cette offensive inopinée de son principal rival, ce dernier réagit néanmoins avec son habituelle autorité en contrant de plus belle le néerlandais. Les deux hommes se livrent ainsi bataille lors de moments ordinairement paisibles, semblant même se prêter quelque peu à une mise en scène de la lutte entre les deux meilleurs coureurs de l’édition 1979, participant à un jeu d’acteur, à un simulacre de joute cycliste. Pourtant, l’effet de ce jeu sur leur avance par rapport à peloton endormi par la tradition d’une procession est bien réel. En effet, Bernard Hinault ayant poursuivi et appuyé son offensive, il contraint Zoetemelk se s’élancer à sa poursuite, s’envolant sur les routes d’Ile-de-France. Rattrapant le maillot jaune cinq kilomètres plus loin, il conclut alors un accord avec ce dernier pour collaborer en vue de se disputer en duel la victoire d’étape sur les Champs-Elysées, et d’ainsi priver les sprinteurs de leur habituelle récompense de fin de Tour.

A l’entrée de la capitale, les deux hommes comptent une minute d’avance sur la meute. Insuffisant jusque là pour espérer lever les bras à l’issue des sept tours de circuit. Mais les deux champions se livrent totalement à une résistance acharnée contre ce retour. Passant successivement des relais d’une puissance extraordinaire, broyant avec une force terrifiante leur pédalier, dévalant le huitième arrondissement à une allure stupéfiante, ils parviennent alors à accroitre leur avantage sur un peloton quelque peu désorganisé. Devant une foule particulièrement nombreuse pour assister au sacre du « blaireau », les deux hommes lui offrent alors un jubilé autant invraisemblable que jouissif entre s’alliant pour contenir une masse toute entière de coureurs jetant leurs dernières forces dans la bataille.

A l’abord de l’ultime ligne droite, c’est avec un avantage supérieur à deux minutes sur le peloton que les deux héros s’apprêtent à en découdre. C’est tout d’abord Zoetemelk qui s’élance le premier nez au vent à 150 mètres de la ligne, mais voit vite revenir Hinault à sa hauteur avant que le français ne le surclasse à l’arrivée, remportant là sa septième victoire d’étape sur un Tour de France 1979 marqué par son hégémonie. Un triomphe absolu comme on n’en fait plus, l’apothéose du sacre en jaune telle qu’elle peut être imaginée. Une prouesse qui fera dire à son dauphin que « Si Hinault continue comme ça, il pourrait bien égaler Merckx dans quelques années par la qualité de son palmarès ». Visionnaire.

 

La spécialité du coin : Le MacaronMacaronsMacarons

Ce soir lors des tours de circuit en jubilé sur les Champs-Elysées, les coureurs passeront à vive allure devant le magasin Ladurée, où sont exposés les symboles de la pâtisserie française et parisienne : les macarons. Rose, vert ou jaune selon les goûts, ces petites merveilles des confiseries, ces petits gâteaux à l’amande possèdent une histoire extrêmement riche et nobles, dont l’évolution dans le temps croise souvent la route des palais royaux. Crée à base de sucre glace, de poudre d’amande, de blancs d’œufs, ainsi que d’une crème correspondant au goût, il séduit les papilles avec sa texture tant moelleuse que granuleuse.

Véritable délice, il fait le bonheur des touristes découvrant la gastronomie française en se déambulant sur la plus belle avenue du monde !

 

Gazette du Tour 2019 réalisée par Jean-Guillaume Langrognet