Chris Froome (Team Sky), arrivé 1’40 » après ses adversaires sur l’accrochage dont il a été victime à un peu plus d’un kilomètre du but, alors qu’il avait fait la différence à 3,5 kilomètres de l’arrivée, mais finalement crédité du temps de Bauke Mollema, ce qui lui permet de gagner 19 secondes. « Le Mont Ventoux offre toujours quelque chose de différent et ça n’a pas fait exception cette fois encore. A l’évidence, ce qui s’est passé dans le final est vraiment malheureux. Sur le Tour de France, il vous faut toujours attendre l’inattendu. J’ai toujours dit que ce serait là mon plus grand défi. Cette fois une moto a freiné à bloc devant nous, une autre a roulé sur mon vélo. Je suis resté à pied et, sachant que l’assistance allait tarder, je n’avais plus qu’à courir. Mais je pense qu’au final le bon sens l’a emporté et que les commissaires sont arrivés à la bonne décision. Je veux vraiment les remercier pour ça. »

Christian Pruhomme, directeur du Tour de France, au sujet de la décision du jury des commissaires de reclasser Chris Froome dans le temps de Bauke Mollema. « La décision a été prise par le collège des commissaires de l’UCI. Il y a eu un afflux de spectateurs dans les derniers kilomètres. On n’a pas pu installer les barrières sur ces derniers kilomètres parce que tout s’envolait avec le vent. La moto de la télévision a été bloquée, il y aura une enquête. C’est une décision exceptionnelle pour une situation exceptionnelle, voire inédite. »

Richie Porte (BMC Racing Team), qui a su suivre Chris Froome sur son démarrage à 3,5 kilomètres du Chalet Reynard avant de s’encastrer dans la moto image. « Nous aimons les supporters et 99 % d’entre eux sont respectueux, mais que les autres arrêtent de chercher à prendre des selfies, à nous pousser ou à courir à côté de nous ! C’est suffisamment hors de contrôle comme ça. Entre la passion et la strupidité, il y a parfois une ligne étroite… Les choses doivent changer et je ne peux pas croire qu’il n’y avait pas de barrières à cet endroit. Au final, le jury des commissaires a pris la décision qu’il avait à prendre en nous créditant de 19 secondes d’avance. C’est bien car nous avions fait la différence et que je me suis entraîné dur pour ça, mais en attendant je suis quand même tombé et j’ai mal partout. Il y a beaucoup d’amertume au terme de cette étape et avant un contre-la-montre crucial. »

Bauke Mollema (Trek-Segafredo), rentré sur Chris Froome et Richie Porte après le démarrage du Maillot Jaune, tombé lui aussi en vue de la flamme rouge, mais parvenu à repartir pour préserver 19 secondes sur le groupe poursuivant, soit le temps attribué à ses deux compagnons d’infortune. « Tout ça est arrivé si vite. Il nous restait à peine plus d’un kilomètre à faire quand soudain on s’est tous retrouvés au sol. Je n’ai pas compris ce qui s’était passé. Je pense que j’ai atterri sur Porte tandis que mon vélo a terminé sur Froome… Je n’étais pas blessé. J’ai juste pensé que je devais sortir de ce pétrin le plus vite possible. J’ai sorti mon vélo de la pagaille, remis ma chaîne en place et je n’ai plus pensé à rien. J’ai seulement essayé d’atteindre la ligne d’arrivée aussi vite que possible. Les jambes étaient vraiment bonnes. J’étais mal placé quand Froome a démarré mais j’en avais suffisamment sous la pédale pour rentrer sur eux. Je récupérais dans leurs roues quand l’incident s’est produit… »

Nairo Quintana (Movistar Team), auteur de deux accélérations dans la première partie de l’ascension du Ventoux, incapable de suivre Froome et Porte sur leur démarrage, décroché du groupe poursuivant dans les derniers mètres mais finalement crédité du même temps. « Ça a été un désastre. Nous sommes rentrés sur Chris Froome et Richie Porte après l’accident et apparemment nous n’avions pas perdu trop de temps. Bauke Mollema, lui, était déjà reparti. Ce sont des circonstances de course mais nous devons améliorer le dispositif pour faire en sorte que ça ne se reproduise plus. De mon côté je suis là où je dois être. J’avais tenté le coup à deux reprises plus tôt, mais c’était précipité. Il y avait beaucoup de vent de face et j’ai été neutralisé. Je l’ai plus ou moins payé sur la fin. Ça a été une journée très difficile, avec beaucoup de vent, très puissant. Au final je ne perds que quelques secondes. »

Romain Bardet (Ag2r La Mondiale), dans le groupe des favoris jusqu’au bout et désormais 5ème du classement général à 1’15 ». « C’était une journée un peu dingue avec des bordures en début d’étape. Il fallait rester concentré ! J’ai fait une bonne ascension, je ne sais pas trop ce qui s’est passé à la fin, j’étais dans l’effort. Ce que je constate, c’est que ce ne sont pas des conditions pour faire du vélo. On est obligé de freiner lorsqu’on attaque, on ne sait pas où est la route. Il faut que l’on puisse exercer notre métier en sécurité. J’ai vu le Maillot Jaune courir à pied, on se serait cru dans une transition de triathlon. Je n’avais pas les jambes pour rivaliser avec Chris Froome et Richie Porte mais je vois que je progresse au fil des jours et j’espère être à l’heure pour la troisième semaine. »

Thomas De Gendt (Lotto-Soudal), vainqueur de l’étape du Mont Ventoux au Chalet Reynard quatre ans après son succès d’étape au Stelvio dans le Tour d’Italie. « Le groupe de tête de treize hommes était bien composé, il y régnait une bonne entente. Dans le Ventoux, nous nous sommes vite retrouvés à trois avec Dani Navarro et Serge Pauwels. J’ai décidé de suivre mon propre rythme. J’ai dû lâcher prise, mais je n’ai pas paniqué et j’ai conservé mon tempo, ce qui m’a permis de revenir à l’avant. A la fin, il était difficile d’estimer la distance jusqu’à l’arrivée au vu du nombreux public en bord de route. Je ne savais pas combien de kilomètres il nous restait et j’ai été surpris de me retrouver dans le dernier kilomètre. Serge et moi avions peur que Navarro nous rejoigne, mais ce ne fut pas le cas. Jusqu’à présent, nous n’avions pas encore pu décrocher de victoire avec l’équipe lors de ce Tour. C’est chose faite maintenant. »


Heures de départ. C’est Sam Bennett (Bora-Argon 18), lanterne rouge du classement général, qui sera le premier à s’élancer sur les 37,5 kilomètres du contre-la-montre ardéchois ce matin. Les 190 coureurs encore en course partiront alors de deux en deux minutes, puis de trois en trois minutes s’agissant du Top 15 à compter de 15h51. Dans le Top 5, Romain Bardet (Ag2r La Mondiale) partira à 16h27, Bauke Mollema (Trek-Segafredo) à 16h30, Nairo Quintana (Movistar Team) à 16h33, Adam Yates (Orica-BikeExchange) à 16h36 et Chris Froome (Team Sky) à 16h39. La liste de départ.

Bulletin météo. Gare au vent, une fois encore, sur les 37,5 kilomètres du contre-la-montre ardéchois. Si l’anticyclone revient sur la France, apportant sur cette treizième étape du temps ensoleillé, il générera toujours beaucoup de vent. Le vent du nord soufflera souvent à 60 km/h pour une température sur la course qui évoluera entre 20° et 26°.

Thibaut Pinot. Repoussé une fois encore dans le gruppetto hier, Thibaut Pinot (FDJ) traîne chaque jour un peu plus sa misère dans ce Tour de France. Hier soir, sa formation a apporté un élément de réponse s’agissant des contre-performances de son leader. Thibaut Pinot pourrait souffrir d’une bronchite. « Son état de santé est inquiétant mais il s’accroche en espérant se remettre rapidement », a déclaré la FDJ dans un communiqué.

Simon Gerrans. Victime d’une glissade en tête du peloton à 30 kilomètres de l’arrivée au Chalet Reynard hier, l’Australien Simon Gerrans (Orica-BikeExchange) s’est sévèrement abîmé. S’il est parvenu à rejoindre la ligne d’arrivée à mi-Ventoux à bord du gruppetto, il a découvert un peu plus tard qu’il souffrait d’une fracture de la clavicule gauche. Le Tour de France de Simon Gerrans s’est ainsi arrêté dans le Vaucluse.