Jordan, tu as remporté dimanche dernier le titre de champion d’Europe Espoirs. Quelle était la tactique avant la course ?
Il fallait penser à l’équipe, même si ça reste une course individuelle. Ce que je craignais le plus, c’étaient les trois start loops. C’est assez rare et plutôt différent de ce dont j’ai l’habitude de connaître. En plus ils étaient plus longs que d’ordinaire, mais je l’ai bien géré. Je suis sorti dans les cinq premiers avant de me retrouver dans le trio de tête. Chacun jouait sa carte individuelle en fonction des opportunités.

As-tu douté au moment où vous vous êtes retrouvés à sept devant ?
Pas vraiment. De toute façon j’ai bien compris que tout était à refaire. Il fallait profiter d’une opportunité, et elle s’est présentée sous la forme d’erreurs techniques de mes adversaires. Daniele Braidot a glissé, celui qui le suivait a pris l’échappatoire pour l’éviter et je suis passé de justesse. Ça m’a permis de faire un petit écart, j’ai passé la ligne avec 5 secondes d’avance et j’ai donné le maximum à l’entame du dernier tour, sans me poser de question.

Comment évalues-tu ta progression sur l’aspect tactique ?
Avec ce titre de champion d’Europe Espoirs, j’ai passé un cap. Dimanche dernier, je suis resté concentré sur la course, sur la stratégie que nous avions établie. Je suis resté dans les roues pour m’économiser. J’ai eu relativement peu d’opportunités de me dégager. Je n’ai pas bougé une oreille quand il y a eu le regroupement et quand les deux de devant se sont retrouvés gênés, je ne me suis plus posé de question.

Quel a été ton rythme cardiaque moyen à Berne ?
Sur les compétitions, je n’aime pas avoir de cardio alors je n’en sais rien. Autant j’utilise un cardio à l’entraînement mais sur les compétions ça ne me sert pas.

A quoi a ressemblé ton après-course ?
Je suis rentré en famille dimanche soir après la course Elite. J’ai passé la journée de lundi à récupérer, à montrer mon nouveau maillot de champion à toute la famille. Ce maillot, je pense que je vais bientôt l’encadrer. Une fois que j’aurai eu l’occasion de le faire toucher à tout le monde !

Tu as assisté à la course Elite. Qu’en as-tu pensé ?
C’est un grand ouf de soulagement pour Julien Absalon. Il a été au-dessus du lot avec Nino Schurter, les deux ayant fait la course devant. Une victoire comme celle-là, ça va le rassurer pour le reste de la saison. J’étais placé là où on voyait la bosse la plus dure. J’ai vu à chaque passage que chacun cherchait à prendre l’ascendant sur l’autre et essayait d’épuiser son adversaire. Dans le cinquième tour, Absalon a fait la différence. Schurter a dû craquer un peu physiquement.

Tu n’es pas sans savoir que Julien Absalon avait lui aussi décroché le titre de champion d’Europe Espoirs en 2001 et 2002…
Oui, et c’est plutôt encourageant pour moi si je suis le parcours qu’il a réalisé derrière !

Tu as finalement vécu un mois de juin contrasté…
A Val di Sole, j’ai cassé ma chaîne et je suis reparti dernier. Puis j’ai coincé à Locminé alors que je sortais d’une grosse semaine d’entraînement avec énormément de volume. L’objectif était d’être au top de ma forme pour les Championnats d’Europe à Berne, c’est ce qui s’est passé.

En quoi vont consister les mois à venir ?
Dans un premier temps, il y aura les Championnats de France à Auron. Je veux garder le maillot tricolore mais je considère qu’avec la densité de pilotes de bon niveau qu’il y a chez les Espoirs, avec Victor Koretzky, Julien Trarieux et Hugo Dréchou, garder ce maillot va être presque aussi difficile que d’aller chercher celui de champion d’Europe Espoirs.

Connais-tu déjà le circuit d’Auron ?
Non, je n’ai jamais eu l’occasion de rouler sur ce parcours, faute de compétition. J’imagine que ça va être aride. A plus long terme, il y aura ensuite la manche de Coupe du Monde à Vallnord. Mon gros objectif va être de me rapprocher du podium en vue des Championnats du Monde Espoirs. D’ici là, cette semaine, la place a été à la récupération et au retour à la réalité, avant de repartir sur une nouvelle phase d’entraînement. Je travaille avec Yvan Clolus en qui j’ai confiance au niveau des programmes d’entraînement.

A quoi ressemble ta semaine d’entraînement ?
Tout dépend des semaines. Si un objectif important intervient le week-end, je fais des séances relativement intenses mais courtes et je laisse la place à davantage de récupération. Deux semaines avant un objectif, comme c’était le cas à Locminé, je réalise de grosses charges d’entraînement, avec beaucoup de volume. Je privilégie les grosses sorties sur routes en début de semaine, et je fais plutôt du VTT en fin de semaine pour continuer à travailler la technique. Je m’entraîne souvent seul, bien que ça puisse m’arriver de rouler avec quelques collègues. Je roule aux alentours de Chambéry en période scolaire, sinon du côté de Monistrol-sur-Loire, où résident mes parents.