Philippe, de quelle manière avez-vous mis un terme à votre carrière ?
Nous étions en 1995. Ça a été la conséquence en fait d’une chute dont j’avais été victime aux Championnats du Monde 1993 à Oslo, ceux que Lance Armstrong a remportés. Suite à ça, j’avais déjà préparé ma reconversion avec une maison de presse dans le Lot, où je réside toujours. Et en parallèle, j’ai pris un bar. J’avais une maison de presse mais je recherchais avant tout un métier avec du relationnel. C’est ce que j’aimais. J’ai pensé qu’un bar, alors que j’avais la possibilité à l’époque d’en acquérir un, était une bonne idée. Et voilà comment je me suis engagé dans cette voie.

Comment a évolué votre commerce ?
J’ai travaillé dix ans dans mon bar avant d’effectuer mon retour sur le Tour de France en 2005 avec Antargaz. Mais je suis ensuite resté dans le même business en ouvrant un bar-restaurant dans le nord du Lot, à Saint-Céré près de Rocamadour et Padirac, des lieux forcément très touristiques. Je l’ai baptisé « L’Entre-Pots ».

Votre restaurant fait-il le lien avec votre carrière cycliste ?
Oui, nous avons beaucoup fait sur le thème du vélo. Le cyclisme a été pendant dix ans un métier formidable, c’est la réussite de ma vie ! J’avais envie de retracer mes images du vélo à travers mon établissement. Et je profite de ma présence sur le Tour de France en qualité de pilote RP pour compléter la collection avec des photos, des maillots, des dédicaces obtenues auprès de Sébastien Chabal, Denis Brogniart, des gens que j’ai côtoyés ou avec qui j’ai travaillé par le passé comme pilote pour Europe 1.

Tous ces objets se retrouvent donc exposés dans le restaurant ?
Exactement. Pour la 100ème édition du Tour de France, Teisseire avait sorti des bouteilles de sirop aux couleurs des maillots du Tour. J’en ai fait un petit podium dans le restaurant avec le maillot jaune citron, le maillot vert menthe et le maillot à pois grenadine ! Mes deux domaines étaient ici réunis, j’ai trouvé ça très original !

Que mange-t-on à L’Entre-Pots ?
Nous sommes le pays du foie gras, donc nous travaillons beaucoup le canard. Nous faisons du traditionnel, nous cuisinons, nous sommes un vrai restaurant qui travaille les produits. Rien à voir avec un fast-food ! Heureusement pour les clients, je n’interviens pas du tout en cuisine ! Moi, c’est le relationnel, le bar et le service. C’est une petite structure, je ne me voyais pas prendre une franchise, et c’est ce que je préfère gérer. J’ai une petite équipe de trois personnes et ça roule très bien pour nous.

Que vous a appris le vélo pour exercer aujourd’hui votre profession ?
Le vélo, c’est l’école de la vie. Quand on a fait du vélo, tout nous paraît facile ! Mon métier aujourd’hui me prend beaucoup de temps, c’est beaucoup d’heures, c’est du travail, et c’est aussi du relationnel. Le vélo, c’est pareil. Il ne s’agit pas que de pédaler. Quand on est au Tour de France il faut savoir répondre aux médias, serrer des mains, signer des autographes… C’était une continuité qui était toute destinée pour moi.

Les clients de L’Entre-Pots font-ils le lien avec votre carrière passée ?
Certains, oui. Ils voient les photos de vélo qui y sont exposées et s’interrogent. J’ai notamment une photo de mon titre de champion de France en 1990 et ils me demandent qui est sur la photo… parce que malheureusement j’ai changé ! Quand je leur dis que c’est moi, que je suis Philippe Louviot, c’est un nom qui revient dans l’esprit des gens. Et puis il y a aussi des gens qui s’arrêtent là par hasard, comme le conducteur d’une balayeuse du Tour de France qui m’a reconnu en s’arrêtant pour manger.

Quels souvenirs, au-delà de ceux exposés dans votre restaurant, gardez-vous de votre passage chez les pros ?
Je me rappelle de ma première course. Du jour où je me suis retrouvé au Tour de Catalogne à côté de Sean Kelly, Jan Raas, Gilbert Duclos-Lassalle avec qui j’ai fait équipe, des gens que j’avais en poster dans mon garage. Plus tard, il y a eu mon titre de champion de France bien sûr et puis le Tour de France qui est une épreuve magnifique. De mon bar, j’ai un visu sur toutes mes photos. Il m’arrive de m’arrêter dessus un instant et de me laisser aller à rêver de ce passé.

La pratique du vélo, elle fait aussi partie du passé ?
Je ne roule plus, il faut l’avouer. J’ai un métier qui me prend beaucoup de temps, je me suis plutôt axé sur la moto, mais j’ai très peu le temps d’en faire. Maintenant, j’aime bien revenir sur les courses et notamment le Tour de France auquel j’ai la chance de participer avec Antargaz. J’y retrouve des anciens de ma génération et ça me fait plaisir. Il n’y a que dans ces occasions que nous nous retrouvons.