C’est parce qu’il avait porté assistance à un directeur sportif tombé en panne au Critérium du Dauphiné Libéré 1972 que Bruno Gormand a été traversé par une idée qui a fait bien du chemin : offrir avec la société Mavic le premier service d’assistance neutre en course. Testée d’abord sur Paris-Nice et au Dauphiné, c’est en 1977 que le Tour de France a adopté la formule. Présent sur l’épreuve depuis trente-six ans, Mavic est aujourd’hui le plus vieux partenaire du Tour après Kawasaki.

En vingt-sept Tours de France à bord de l’un des célèbres véhicules jaunes, Jacques Corteggiani a vu le cyclisme changer, évoluer, s’adapter au progrès technologique. Il a surtout acquis une formidable expérience du terrain qui lui permet d’anticiper, avec ses coéquipiers de l’assistance neutre, les dangers qui se présenteront au cours de l’étape du jour. « Depuis le temps qu’on tourne sur ces routes, on les connaît, admet-il. Nos interventions en course dépendent de nombreux paramètres. On peut très bien ne jamais intervenir de la journée comme devoir changer plusieurs roues. Néanmoins on intervient moins qu’il y a dix ans, les routes étant plus propres et les crevaisons moins fréquentes. Ça dépend des chutes, du vent, des conditions, et avant tout de la présence ou non du directeur sportif. »

Car c’est bien en l’absence du staff technique que l’assistance Mavic apporte une aide aux coureurs, sans distinction de marque, de nationalité, de classement… ou de partenariat (trois équipes du Tour roulent sur Mavic, Cofidis en porte le casque, douze coureurs sont chaussés par la marque). « Nous disposons de trois véhicules : deux à l’avant qui se placent derrière les échappées dès 30 secondes d’écart, contre une minute pour les directeurs sportifs, une en queue de peloton qui intervient en cas de cassure », précise Jacques Corteggiani. A bord, deux techniciens sont prêts à porter assistance au moindre coureur en détresse mécanique. Chaque véhicule possède trois vélos neutres, cinq roues avant et, en ces temps de transition technologique, quatre roues arrière Shimano/SRAM 10 vitesses et quatre roues arrière Campagnolo 11 vitesses. De quoi dépanner n’importe quel coureur du peloton. « Nos mécaniciens savent qui roule en 10 et en 11 pour une efficacité optimum », ajoute le responsable marketing Mavic.

Reste que pour réaliser un dépannage efficace – 15 secondes pour une roue avant (plus longue à changer depuis l’interdiction de limer les ergots), 20 pour une roue arrière – il faut que chacun y mette du sien. A commencer par le coureur, qui n’a pas toujours les bons réflexes. Jacques Corteggiani les rappelle : « pour bien dépanner un coureur, il faut déjà qu’il ait enlevé sa roue et descendu sa chaîne sur le 11 dents, ce qui n’est malheureusement pas systématique. » Gare aussi aux mouvements de panique, quand un équipier s’empresse à donner sa roue à son leader, parfois sans savoir-faire. « Dans ce cas on va directement sur le leader, on dépannera l’équipier en second plan. »

Présente chaque année sur plus de 200 événements, l’assistance Mavic a établi depuis longtemps une relation de confiance avec les coureurs et les directeurs sportifs, qui la considèrent comme son ange gardien. Sa longue expérience au cœur du vélo se veut rassurante. Elle a permis à bien des coureurs de renverser une situation compromise, comme Olaf Ludwig vainqueur à Montpellier en 1993… sur la roue Mavic qui lui avait sauvé la mise lorsque, à 10 kilomètres de l’arrivée, il s’était retrouvé dans une deuxième bordure après une crevaison. Rentré sur le peloton de tête à 2 kilomètres de l’arrivée, il était allé chercher sa première victoire d’étape dans le Tour de France.

Une parfaite illustration de la mission des hommes en jaune : « nous devons faire garder toutes leurs chances aux coureurs, estime Jacques Corteggiani. Pour nous, la mission est accomplie si nous avons été présents en course et bien présents, en étant toujours bien placés. Une journée réussie, c’est une journée durant laquelle on a pu porter assistance à un coureur en lui permettant de préserver ses chances. »