Cortina d’Ampezzo est d’avantage connue pour ses manches de coupe du monde de ski alpin que pour ses arrivées du Tour d’Italie. Mais aujourd’hui, sur le Giro il faut savoir mêler ces deux sports pour pouvoir s’illustrer. En effet, la dix-septième étape se conclut au terme d’une descente vertigineuse vers la station de ski. Etre excellent grimpeur ne suffit pas, il faut aussi se distinguer dans l’exercice si périlleux de la descente. Prendre des trajectoires millimétrées, doser ses freinages à la perfection, mais aussi avoir confiance en soi, toutes ces aptitudes sont parfois plus difficiles à acquérir qu’un talent de grimpeur. C’est évident, l’étape du jour promet d’être spectaculaire.

Ce matin à Falzes, le soleil vient réchauffer les cœurs des cyclistes toujours en course sur ce Tour d’Italie. Et il faut avoir le cœur bien accroché quand on s’élance à l’assaut des 4500 mètres de dénivelé qui composent les 186 kilomètres du jour. Quatre cols sont au programme, deux de première catégorie et deux de deuxième catégorie. Pour les favoris de ce Giro, il va de soi qu’une défaillance aujourd’hui est synonyme de perte de toute ambition au classement général. Mais a contrario, gagner cette étape ne garantit pas le port du Maillot Rose à Milan puisqu’il reste encore deux étapes marathon dans les Dolomites, vendredi à l’Alpe di Pampeago, samedi au Stelvio.

Ces étapes marathon ont un double enjeu. D’une part, elles déterminent de façon indéniable le classement général, et d’autre part elles sont prisées par les coureurs qui souhaitent ramener le Maillot Azur de meilleur grimpeur à Milan. Voilà d’ailleurs l’objectif de Matteo Rabottini (Farnese Vini-Selle Italia) qui ne laisse pas passer l’occasion de « scorer ». On le retrouve donc logiquement dans le groupe d’échappés en compagnie de Kevin Seeldrayers (Astana), José Serpa (Androni Giocatolli), Matteo Montaguti (Ag2r La Mondiale) et Branislau Samoilau (Movistar Team).  Une échappée qui a du cachet, mais qui ne bénéficie pas des largesses d’un peloton emmené non pas par la Liquigas-Cannondale, chose suffisamment rare pour être soulignée, mais par la formation Euskaltel-Euskadi.

Les Basques ont sûrement en mémoire la victoire de Mikel Nieve à Val di Fassa l’an dernier, intervenue le lendemain de celle son équipier Igor Anton au Zoncolan. Alors étant donné qu’hier Jon Izagirre (Euskaltel-Euskadi) s’est imposé… En tout cas, les hommes oranges impriment un tempo élevé dans le premier col du jour, le Passo Valparola, puisque moins de cinquante hommes composent le peloton au sommet. L’échappée, quant à elle, possède moins de 4’30 » d’avance. Dans la longue descente, les équipiers de Mikel Nieve sont relayés par ceux d’Ivan Basso (Liquigas-Cannondale). Le grimpeur italien ne l’a pas caché, il compte beaucoup sur cette étape pour commencer à refaire son retard sur Joaquim Rodriguez (Team Katusha).

Dans la Forcella Stautanza Roman Kreuziger dit adieu à ses espoirs de podium.

Arrive alors le Passo Duran et ses 12 km à 8% de moyenne. Les échappés ne comptent plus que 3 minutes d’avance quand Mikel Nieve, accompagné de son équipier Amets Txurruka, passent à l’attaque. Pour l’effet de surprise on repassera, mais l’offensive est audacieuse. Nieve lâche rapidement Txurruka et part seul dans un exercice qu’il affectionne, à la poursuite des échappés mais surtout de la victoire d’étape. Mais la Liquigas-Cannondale connaît les capacités du Basque et réagit en accélérant. Une accélération qui est fatale à José Rujano (Androni Giocatolli) décidément à des années-lumière de son Giro 2011. Nieve reprend les échappés dans la descente du Passo Duran, mais son avance avec le peloton ne dépasse pas la minute. D’autant plus que celui-ci accélère sensiblement dès le pied de la Forcella Stautanza, avant-dernière difficulté du jour.

Le changement de rythme est violent. Le tempo de Valerio Agnoli (Liquigas-Cannondale) a deux conséquences. Il fait revenir le peloton sur les fuyards, mais surtout il fait exploser Roman Kreuziger (Astana) qui souffre à n’en plus pouvoir. La bouche grande ouverte, les traits marqués par la douleur, le Tchèque voit ses espoirs de podium s’envoler. Au sommet du Forcella Stautanza il a déjà plus d’1’30 » de retard. Impossible pour lui de revenir dans la descente, d’autant plus que Sylvester Szmyd (Liquigas-Cannondale) prend le relais dès les premières pentes du Passo Giau. Les 10 km à 10 % de ce col constituent le juge de paix de l’étape. Et déjà, Ivan Basso accélère. En quelques secondes, la tête de la course passe de vingt coureurs à six coureurs.

En effet, seuls Joaquim Rodriguez, Ryder Hesjedal (Garmin-Barracuda), Domenico Pozzovivo (Colnago-CSF Bardiani), Michele Scarponi (Lampre-ISD) et Rigoberto Uran (Team Sky) peuvent suivre Basso. Derrière, c’est sauve qui peut. La sélection se fait à la régulière et il n’y a pas d’attaques en tête de la course. Mais une accélération de Pozzovivo à 400 mètres du sommet fait sauter Scarponi et Uran. Les deux parviennent toutefois à revenir dans la descente malgré le forcing de Ryder Hesjedal pour fausser compagnie à Basso, piètre descendeur. Ainsi, ce groupe de six se présente à Cortina d’Ampezzo pour la victoire d’étape. Hargneux comme jamais, Basso lance le sprint mais ne peut contenir le retour de Joaquim Rodriguez qui dédie sa deuxième victoire d’étape à Xavi Tondo, décédé il y a tout juste un an. Les bonifications n’étant pas distribuées sur les étapes de haute-montagne, Purito n’accroît pas son avance sur ses dauphins. Mais une chose est sûre, le Giro se jouera entre Rodriguez, Scarponi, Basso et Hesjedal.

Retour au calme demain avec une étape en faux-plat descendant entre San Vito di Cadore et Vedelago (149 km).

Classement 17ème étape :

1. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) les 186 km en 5h24’41 »
2. Ivan Basso (ITA, Liquigas-Cannondale) m.t.
3. Ryder Hesjedal (CAN, Garmin-Barracuda) m.t.
4. Rigoberto Uran (COL Team Sky) m.t.
5. Michele Scarponi (ITA, Lampre-ISD) m.t.
6. Domenico Pozzovivo (ITA, Colnago-CSF Bardiani) à 2 sec.
7. Benat Intxausti (ESP, Movistar Team) à 1’22 »
8. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) m.t.
9. Thomas De Gendt (BEL, Vacansoleil-DCM) m.t.
10. Johann Tschopp (SUI, BMC Racing Team) m.t.

Classement général :

1. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) en 74h46’46 »
2. Ryder Hesjedal (CAN, Garmin-Barracuda) à 30 sec.
3. Ivan Basso (ITA, Liquigas-Cannondale) à 1’22 »
4. Michele Scarponi (ITA, Lampre-ISD) à 1’36 »
5. Rigoberto Uran (COL Team Sky) à 2’56 »
6. Benat Intxausti (ESP, Movistar Team) à 3’04 »
7. Domenico Pozzovivo (ITA, Colnago-CSF Bardiani) à 3’19 »
8. Paolo Tiralongo (ITA, Astana) à 4’13 »
9. Thomas De Gendt (BEL, Vacansoleil-DCM) à 4’38 »
10. Sergio Henao (COL, Team Sky) à 4’42 »

Classement par points :

1. Mark Cavendish (GBR, Team Sky) 110 pt
2. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) 109 pt
3. Ryder Hesjedal (CAN, Garmin-Barracuda) 72 pt
4. Domenico Pozzovivo (ITA, Colnago-CSF Bardiani) 63 pt
5. Andrey Amador (CRC, Team Movistar) 52 pt
-. Michele Scarponi (ITA, Lampre-ISD) 52 pt
7. Alexander Kristoff (NOR, Team Katusha) 49 pt
8. Martijn Keizer (PBS, Vacansoleil-DCM) 48 pt
9. Paolo Tiralongo (ITA, Astana) 43 pt
-. Alessandro De Marchi (ITA, Androni Giocattoli) 43 pt

Classement de la montagne :

1. Matteo Rabottini (ITA, Farnese Vini-Selle Italia) 65 pt
2. Michal Golas (POL, Omega Pharma-Quick Step) 34 pt
3. Andrey Amador (CRC, Team Movistar) 28 pt
4. Domenico Pozzovivo (ITA, Colnago-CSF Bardiani) 24 pt
-. Jan Barta (TCH, Team NetApp) 24 pt
-.  Miguel-Angel Rubiano (COL, Androni Giocattoli) 24 pt
7. Alessandro De Marchi (ITA, Androni Giocatolli) 15 pt
8. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) 13 pt
9. Ryder Hesjedal (CAN, Garmin-Barracuda) 13 pt
10. Francesco Failli (ITA, Farnese Vini-Selle Italia) 12 pt

Classement des jeunes :

1. Rigoberto Uran (COL, Team Sky) en 74h49’42 »
2. Sergio-Luis Henao  (COL, Team Sky)  à 1’46 »
3. Gianluca Brambilla (ITA, Colnago-CSF Bardiani) à 3’33 »
4. Diego Ulissi (ITA, Lampre-ISD) à 13’24 »
5. Peter Stetina (USA, Garmin-Barracuda) à 28’37 »
6. Damiano Caruso (ITA, Liquigas-Cannondale) à 29’21 »
7. Tom-Jelte Slagter (PBS, Rabobank) à 31’03″ »
8. Tanel Kangert (EST, Astana) à 34’00 »
9. Stefano Pirazzi (ITA, Colnago-CSF Bardiani) à 53’16 »
10. Fabio Felline (ITA, Androni Giocatolli) à 1h08’03 »

Classement par équipes :

1. Team Movistar (ESP) en 223h11’25 »
2. Lampre-ISD (ITA) à 12’04 »
3. Astana (KAZ) à 29’28 »
4. Euskaltel-Euskadi (ESP) à 36’38 »
5. Vacansoleil-DCM (PBS) à 39’20 »
6. Liquigas-Cannondale (ITA) à 41’18 »
7. Team Sky (GBR) à 42’36 »
8. Garmin-Barracuda (USA) à 50’21 »
9. Team Katusha (RUS) à 50’28 »
10. Colnago-CSF Bardiani (ITA) à 52’35 »