Du  haut de ses 2757 mètres d’altitude, le Stelvio domine le massif de l’Ortles dans les Alpes italiennes. Il domine aussi l’Histoire du cyclisme. Il est de ces cols qui écrivent une nouvelle page de la Petite Reine à chaque fois qu’ils sont empruntés par une course. Il n’y a pas besoin de scénario rocambolesque pour rendre ce col mythique, le Passo dello Stelvio et ses 48 lacets se suffit à lui-même. Gravi à neuf reprises par le Giro, il ne l’avait plus été depuis 2005 et la mémorable défaillance d’Ivan Basso perdant plus de 35 minutes ce jour là. Alors, pour fêter son retour, les organisateurs ont voulu frapper un grand coup. Le 29 septembre dernier, ils annoncent que le sommet du Stelvio accueillera l’arrivée de l’avant-dernière étape du Tour d’Italie 2012. Une arrivée à plus de 2750 mètres sur un grand tour, du jamais vu.

Aujourd’hui nous y sommes. Le grand jour est arrivé. Et nous ne pensons pas nous tromper en disant que ce 26 mai 2012 a occupé les esprits des favoris depuis le début de ce Giro. En voulant éviter de subir une défaillance la veille de l’arrivée finale, les favoris ont fait le choix d’une course plutôt timide et sans grandes offensives. C’est à se demander si à force de vouloir préserver le suspense, on ne tuerait pas le spectacle ! Quoi qu’il en soit, si Ivan Basso (Liquigas-Cannondale), Michele Scarponi (Lampre-ISD) et même Joaquim Rodriguez (Team Katusha) veulent gagner ce Giro, ils doivent passer à l’attaque et lâcher Ryder Hesjedal (Garmin-Barracuda) avant le contre-la-montre final. Tous les trois sont en effet moins bons rouleurs que le Canadien et une marge de 30 secondes d’avance au moins doit être nécessaire pour espérer l’emporter à Milan.

A Caldes ce matin, la tension est perceptible. C’est l’étape de tous les enjeux. Les premiers kilomètres de course confirment cette impression puisqu’une échappée de grande classe se forme. On y trouve une quinzaine de coureurs avec notamment Roman Kreuziger (Astana), Oliver Zaugg (RadioShack-Nissan), Christian Vandevelde (Garmin-Barracuda), Alberto Losada (Team Katusha), Damiano Caruso (Liquigas-Cannondale) ou encore Matteo Bono (Lampre-ISD). Les principaux leaders ont un équipier à l’avant de la course et on est donc en droit d’imaginer une offensive d’envergure dès le Mortirolo, le col le plus difficile de ce Tour d’Italie.

Entre le Mortirolo et le Stelvio, une partie de poker-menteur se joue au sein du groupe Maillot Rose.

Monter le Mortirolo, c’est ouvrir les portes de l’enfer. D’autant plus que cette année, le versant abordé par les coureurs est inédit : 11 kilomètres d’ascension pour 10,5 % de moyenne. Tandis qu’Oliver Zaugg lâche ses compagnons d’échappée, le Maillot Rose Joaquim Rodriguez attaque. Suivi comme son ombre par Ryder Hesjedal, le grimpeur espagnol se rassoit. Finalement, c’est Thomas De Gendt (Vacansoleil-DCM) qui place la plus forte attaque à 1,5 km du sommet, là où la route cabossée flirte avec les 22 %. Le Belge, 8ème du général ce matin, retrouve alors son équipier Matteo Carrara au sommet. Excellent descendeur, Damiano Cunego (Lampre-ISD) les rejoints dans la descente. On ne s’en rend pas encore bien compte, mais le Tour d’Italie 2012 vient de prendre un tournant considérable.

Le peloton Maillot Rose ne se soucie pas en effet de Thomas De Gendt, qui pointe tout de même à 5’40 » de Rodriguez. Alors, l’écart entre les deux groupes grandit. Une minute, puis deux minutes… Conscients que l’initiative du Belge est dangereuse, Mikel Nieve et Jon Izaguirre (Euskaltel-Euskadi) partent en contre et parviennent à revenir au prix d’un bel effort. Le Stelvio se profile alors et le groupe de tête possède plus de 4 minutes d’avance sur le peloton ! Panique à bord. La Garmin-Barracuda agit en capitaine et envoie Peter Stetina et Christian Vandevelde pour réduire l’écart. Mais rien n’y fait, De Gendt est dans un état de grâce et grignote encore du terrain. Il lâche Cunego et Nieve à 15 kilomètres de l’arrivée.

A 7 kilomètres de l’arrivée, Thomas De Gendt est Maillot Rose virtuel. Ryder Hesjedal prend alors la poursuite en main. Il parvient à réduire l’écart, mais dans des proportions limitées. Surtout, c’est l’attitude de Joaquim Rodriguez qui interpelle. Le Maillot Rose ne prend pas un relais et ne semble pas se soucier de l’épopée du belge qui cependant souffre dans les derniers lacets du Stelvio. Mais après 6h54 de course, Thomas De Gendt remporte une étape brillamment méritée et qui restera pour sûr dans l’histoire du Giro. Alors que De Gendt jubile, Scarponi passe à l’attaque. Puis à 800 mètres de l’arrivée, c’est au tour de Rodriguez de faire l’effort. Fort de son punch, Purito reprend Scarponi, limite la casse sur De Gendt et surtout reprend 14 secondes supplémentaires à Ryder Hesjedal. Le Catalan possède ce soir 31 secondes d’avance sur le Canadien et 2’18 » sur Thomas De Gendt qui s’avère être un redoutable rouleur de fin de grand tour. Rien n’est donc joué. C’était écrit, cette étape devait livrer une course exceptionnelle, elle a sacré un coureur exceptionnel.

Classement 20ème étape :

1. Thomas De Gendt (BEL, Vacansoleil-DCM) les 219 km en 6h54’41 »
2. Damiano Cunego (ITA, Lampre-ISD) à 56 sec.
3. Mikel Nieve (ESP, Euskaltel-Euskadi) à 2’50 »
4. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) à 3’22 »
5. Michele Scarponi (ITA, Lampre-ISD) à 3’34 »
6. Ryder Hesjedal (CAN, Garmin-Barracuda) à 3’36 »
7. John Gadret (FRA, Ag2r La Mondiale) à 4’29 »
8. Rigoberto Uran (COL, Team Sky) à 4’53 »
9. Sergio Henao (COL, Team Sky) à 4’55 »
10. Ivan Basso (ITA, Liquigas-Cannondale) m.t.

Classement général :

1. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) en 91h04’16 »
2. Ryder Hesjedal (CAN, Garmin-Barracuda) à 31 sec.
3. Michele Scarponi (ITA, Lampre-ISD) à 1’51 »
4. Thomas De Gendt (BEL, Vacansoleil-DCM) à 2’18 »
5. Ivan Basso (ITA, Liquigas-Cannondale) à 3’18 »
6. Damiano Cunego (ITA, Lampre-ISD) à 3’43 »
7. Rigoberto Uran (COL, Team Sky) à 4’52 »
8. Domenico Pozzovivo (ITA, Colnago-CSF Bardiani) à 5’47 »
9. Mikel Nieve (ESP, Euskaltel-Euskadi) à 5’56 »
10. John Gadret (FRA, Ag2r La Mondiale) à 6’43 »

Classement par points :

1. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) 139 pt
2. Mark Cavendish (GBR, Team Sky) 138 pt
3. Ryder Hesjedal (CAN, Garmin-Barracuda) 103 pt
4. Michele Scarponi (ITA, Lampre-ISD) 81 pt
5. Domenico Pozzovivo (ITA, Colnago-CSF Bardiani) 80 pt
6. Thomas De Gendt (BEL, Vacansoleil-DCM) 64 pt
7. Ivan Basso (ITA, Liquigas-Cannondale) 58 pt
-. Alexander Kristoff (NOR, Team Katusha) 58 pt
9. Andrey Amador (CRC, Team Movistar) 52 pt
-. John Gadret (FRA, Ag2r La Mondiale) 52 pt

Classement de la montagne :

1. Matteo Rabottini (ITA, Farnese Vini-Selle Italia) 84 pt
2. Stefano Pirazzi (ITA, Colnago-CSF Bardiani) 44 pt
3. Andrey Amador (CRC, Team Movistar) 43 pt
4. Michal Golas (POL, Omega Pharma-Quick Step) 34 pt
5. Domenico Pozzovivo (ITA, Colnago-CSF Bardiani) 26 pt
6. Jan Barta (TCH, Team NetApp) 24 pt
-.  Miguel-Angel Rubiano (COL, Androni Giocattoli) 24 pt
-. Ryder Hesjedal (CAN, Garmin-Barracuda) 24 pt
9. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) 23 pt
10. Thomas De Gendt (BEL, Vacansoleil-DCM) 21 pt

Classement des jeunes :

1. Rigoberto Uran (COL, Team Sky) en 91h09’08 »
2. Sergio Henao  (COL, Team Sky)  à 2’28 »
3. Gianluca Brambilla (ITA, Colnago-CSF Bardiani) à 8’36 »
4. Diego Ulissi (ITA, Lampre-ISD) à 31’07 »
5. Damiano Caruso (ITA, Liquigas-Cannondale) à 43’08 »
6. Tanel Kangert (EST, Astana) à 45’24 »
7. Peter Stetina (USA, Garmin-Barracuda) à 47’09 »
8. Tom-Jelte Slagter (PBS, Rabobank) à 52’01 »
9. Stefano Pirazzi (ITA, Colnago-CSF Bardiani) à 1h34’48 »
10. Jon Izaguirre (ESP, Euskaltel-Euskadi) à 1h42’29 »

Classement par équipes :

1. Lampre-ISD (ITA)en 272h34’29 »
2. Movistar Team (ESP) à 8’53 »
3. Team Sky (GBR) à 38’53 »
4. Astana (KAZ) à 41’53 »
5. Euskaltel-Euskadi (ESP) à 51’44 »
6. Garmin-Barracuda (USA) à 54’06 »
7. Liquigas-Cannondale (ITA) à 54’21 »
8. Colnago-CSF Bardiani (ITA) à 1h08’37 »
9. Ag2r La Mondiale (FRA) à 1h20’22 »
10. Team Katusha (RUS) à 1h30’55 »