Ça y est, nous y sommes dans cette troisième et dernière semaine du Tour ! Une semaine épique, grandiose qui promet un superbe spectacle et des images magnifiques à travers les cols alpestres avant la remontée sur Paris, et les Champs-Élysées de nuit. Tout un programme ! Mais cette dernière semaine débute tranquillement, comme une remise en jambes après le jour de repos organisé dans le Vaucluse. Une journée off qui tombe à pic, et qui permettra  aux rescapés du 100ème Tour de France de recharger les batteries avant ces six derniers jours de course. Cette 16ème étape suit de 48 heures le feu d’artifice attendu au Ventoux et devrait, selon toute vraisemblance, être un cadeau fait aux baroudeurs par l’organisation.

Le Ventoux sera encore dans toutes les têtes et servira de décor au départ de cette étape qui sera donnée de Vaison-la-Romaine. Que les coureurs se rassurent, ils s’éloigneront du Géant de Provence. Et ce, même si après une quinzaine de kilomètres, débute le Pas-du-Ventoux. Comme son nom l’indique, on est loin des pourcentages effrayants du Mont Chauve. Malgré tout, cette ascension permettra à l’échappée du jour de prendre ses distances avec le peloton. Le sommet de la difficulté marque le passage du Vaucluse dans la Drôme. Les fuyards auront tout intérêt à s’extirper en masse dans le Pas-du-Ventoux, car avec la suite du programme, mieux vaut ne pas être seul.

En entrant dans la Drôme, les coureurs fréquenteront la Vallée du Toulourenc où le vent peut souffler fort. Après un petit crochet dans le Vaucluse, le peloton prendra la direction d’un des plus beaux villages de France Montbrun-les-Bains, une station thermale qui propose même des forfaits pour les cyclistes ! En aucun cas les rescapés du Tour y poseront leurs valises. Derrière, ils devront escalader le col de Macuègne situé à 1068 mètres d’altitude. Passé Séderon, les coureurs traverseront les magnifiques gorges de la Méouge qui assurent la transition entre la Drôme et les Hautes-Alpes. L’image du peloton en file indienne avec les roches parfaitement découpées sera un vrai régal pour les yeux.

Après un passage à Laragne-Montéglin, village d’Albert Spaggiari, on saura si l’échappée fera le casse du siècle. Si leur avance n’est pas assurée, on pourrait rouler très fort sur les larges routes tracées dans toute la vallée du Buech avant d’entrer dans Gap. S’ils entrent dans la cité alpine avec suffisamment d’avance, les fuyards pourront se jouer la gagne. Les plus forts trouveront dans le col de Manse un tremplin idéal en vue de la victoire d’étape. C’est au pied de la dernière difficulté que la différence peut se créer. Au plus le sommet approche, au plus les pentes s’adoucissent pour ne ressembler qu’à un faux plat prononcé dans les derniers hectomètres. Les écarts au sommet pourraient bien être décisifs, en particulier si c’est un bon descendeur qui occupe la tête. En bas de la descente, il ne restera que quelques kilomètres pour rallier le centre de Gap.

On l’a dit, c’est typiquement l’étape faite pour couronner un baroudeur. Sur la même arrivée, en 2011, Thor Hushovd avait devancé son compatriote Edvald Boasson-Hagen. Le simple fait de voir les deux Norvégiens aux deux premières places montre la difficulté toute relative du col de Manse. En revanche, la descente est bien plus difficile à négocier. Retour dans le passé là encore, cette fois en 2003 pour l’une des images marquantes de l’histoire de la Grande Boucle. Dans la descente de la Rochette, et alors que Alexandre Vinokourov file vers la victoire à Gap, le goudron fondu provoque la chute de Joseba Beloki. Lance Armstrong évite de justesse l’Espagnol, se transforme en cyclocrossman et traverse le champ situé en face de lui pour rejoindre les autres concurrents.

Ceux qui auraient du temps à rattraper pourraient mettre à profit cette descente technique pour plonger vers Gap. C’est d’ailleurs un cas de figure que l’on a également connu en 2011. Alberto Contador n’avait pas hésité à tenter le tout pour le tout en direction de Gap et avait repris une minute à Andy Schleck. Si les conditions sont mauvaises, on pourrait même batailler davantage que dans la montée. La vulnérabilité actuelle de Bradley Wiggins sur le Tour d’Italie dès que les routes sont humides est là pour rappeler que les écarts peuvent également se créer sur ce type de terrain.