Ils font partie de l’association toulousaine Media Pitchounes, du centre Social de la Bottière de Nantes, de l’association 2KZ à Decazeville ou du club de prévention Accent Jeunes à Aurillac. Eux, ce sont les vingt-cinq jeunes qui s’apprêtent à découvrir le Tour de France dans le cadre de l’opération, le Tour au pied des tours.

Pour la cinquième année consécutive, ces jeunes adolescents des quartiers dits sensibles s’apprêtent à en prendre plein les yeux sur le plus grand événement cycliste au monde. « Au départ, notre vocation était de créer un club de supporters pour l’équipe de football de Toulouse et de créer un atelier journalistique, explique Laurent Girard, fondateur de Media Pitchounes. Puis, le côté média a pris de plus en plus de place. Aujourd’hui, c’est une petite école de journalisme sportif pour jeunes en difficulté scolaire ou sociale. Nous les accompagnons sur leurs recherches et nous les aidons à l’élaboration des articles. »

Les quatre équipes de six apprentis journalistes encadrés par trois adultes vont se relayer pendant trois semaines pour mettre en place un véritable dispositif journalistique, comprenant cinq newsletters, vingt-et une émissions quotidiennes, cinq mille magazines distribués et un long métrage sur la popularité du Tour de France. Un deal gagnant-gagnant qui permet aux jeunes de découvrir l’un des événements sportifs les plus exaltants et qui permet au cyclisme de gagner en popularité dans les zones urbaines sensibles.

Mais pendant les neuf derniers mois, c’est un autre Tour qui les a préoccupés. Celui de 1914. L’équipe a ainsi décidé d’y consacrer son magazine avec un dossier complet sur ce dernier tour d’avant-guerre, mais aussi, plus globalement sur la Grande Guerre et les athlètes morts au combat comme Lucien Petit-Breton, François Faber ou Octave Lapize, tous vainqueurs du Tour. « Ils sont énormément impliqués dans ce projet, souligne encore Laurent Girard. On ne parle pas uniquement de l’histoire du Tour. On parle aussi de leurs origines. »

Qu’ils soient de Nantes, de Toulouse, de Decazeville ou d’Aurillac, ces jeunes n’ont pas forcément la culture du cyclisme. « Pour eux, c’est une découverte totale. Ils ne savent pas où ils vont, explique le fondateur de Media Pitchounes. S’ils se retrouvent devant Eddy Merckx ou Bernard Hinault, ils peuvent leur demander de se présenter. Le cyclisme, ce n’est pas leur culture : le Tour de France ne passe pas devant chez eux et leurs parents ne les emmènent pas sur le bord de la route. » S’ils ne peuvent se rendre sur le Tour, pourquoi le Tour ne pourrait-il pas se rendre chez eux ? « Les enfants se sont un jour demandé pourquoi le Tour de France ne passait pas chez eux, relate encore Laurent Girard. Ils ont posé la question à Christian Prudhomme qui leur a répondu qu’il fallait que ce soit une volonté des habitants. »

Alors, l’association a organisé une pétition signée par plus de 1200 personnes pour que le Tour de France parte du quartier Bagatelle-Faourette à Toulouse. Le projet a été validé par la mairie. Il ne reste qu’à surmonter une partie des obstacles, notamment ceux de nature financière, pour un éventuel départ en 2016. La ville met donc tous les atouts de son côté pour avoir le privilège d’accueillir une étape de la Grande Boucle. Le quartier Bagatelle-Faourette a d’ailleurs fêté le Tour comme il se devait il y a quelques semaines avec, là encore, une thématique sur la Grande Guerre et un décor d’époque. Bientôt, c’est peut-être la caravane du Tour qui s’y installera…