Alexis, votre non-sélection pour les Jeux Olympiques de Londres, en VTT, a-t-elle été vécue comme une vraie déception ?
Forcément, ce fut une très grosse déception ! Prendre part aux JO de Londres était l’un de mes objectifs initiaux cette saison. A vrai dire, je m’y attendais un peu, car j’ai vite vu qu’en début de saison, je n’étais pas dans l’allure. Par la suite, j’ai aussi attrapé un virus et je me suis blessé à la cuisse… Par conséquent, quand on subit la course, forcément, on ne peut pas faire les résultats escomptés pour être aux Jeux ! C’est vraiment dommage…

Vous avez tout de même suivi les JO ?
Bien sûr, que j’ai suivi les JO, car ce n’est pas si souvent que l’on peut voir le VTT dans de grandes compétitions comme celles-ci ! Je l’avoue, j’ai pris plaisir à suivre les courses, même si j’étais forcément un peu déçu de ne pas y être. Je suis vraiment très heureux que Julie Bresset ait remporté le titre ! Elle a vraiment fait quelque chose d’exceptionnel là-bas ! Mine de rien, à seulement 23 ans, elle a déjà remporté les JO et les Championnats du Monde ! C’est impressionnant ce qu’elle a fait cette saison, et elle reste vraiment elle-même après tout cela. C’est peut-être cela qui fait sa force !

Est-ce cette déception qui vous a poussé à privilégier la route ?
Avant cette non-sélection, j’avais déjà un peu roulé sur la route, puisque j’avais eu la chance d’être appelé par Bernard Bourreau pour effectuer le Tour des Pays de Savoie avec l’équipe de France. Cette sélection était arrivée à point nommé car le Team Lapierre ne comptait pas sur moi pour certaines manches de Coupe du Monde. J’ai réussi à faire un bon résultat là-bas, puisque je fais 5ème du général. Cette performance a montré que la forme allait crescendo… mais je me suis blessé à la cuisse au début du mois de juillet. J’ai ensuite repris la route, fin juillet, avec une grande motivation ! Cette motivation a été décuplée quand j’ai appris que j’allais être stagiaire dans l’équipe Saur-Sojasun. J’étais vraiment heureux à l’idée de pouvoir courir avec une équipe professionnelle !

Comment s’est passé ce stage ?
Plutôt bien. J’ai effectué ma première course avec l’équipe au Grand Prix de Wallonie. J’avoue que courir à côté de coureurs comme Tom Boonen, c’est vraiment énorme ! Après, c’est vrai que cette course ne me convenait pas forcément, mais j’ai essayé de faire mon maximum pour aider l’équipe. Par la suite, j’ai fait le Tour du Gévaudan, et cela s’est beaucoup mieux passé car la forme était revenue, et aussi parce que le parcours me convenait plus (NDLR : Alexis Vuillermoz s’est classé 20ème au général).

Vous réalisez donc une belle « petite » saison sur la route. Nous pouvons donc dire que votre saison sur route est presque de même facture que celle sur VTT ?
Peut-être. Malgré tout, au niveau de la densité de travail, j’ai quand même fait beaucoup plus de VTT que de route. J’ai effectué une plus grosse saison VTT puisque j’ai fait quelques manches de Coupe du Monde, des stages avec l’équipe de France et de nombreuses autres courses comme le Red Bull Elements, par exemple (qu’il a remporté). Sur la route, je n’ai pas fait beaucoup de courses, mais sur celles-ci je ne m’en suis pas trop mal sorti, que ce soit avec Etupes, l’équipe de France ou Saur-Sojasun. Du côté de la route, c’est encourageant, mais pour moi ma saison VTT n’est pas vraiment réussie.

Vous qui connaissez très bien les deux disciplines, qu’est-ce qui diffère entre le monde du VTT et celui de la route ?
Pour moi, sur le plan physique, les deux disciplines peuvent se rapprocher, même si l’effort sur VTT est plus intense, mais beaucoup plus court (1h30 environ). Par contre, sur route, c’est différent. On retrouve des phases de course où il y a vraiment de l’intensité – en début et en fin de course – et d’autres où l’allure est moindre. En fait, ce qui est assez dur à gérer sur la route, pour un vététiste, c’est de réaliser un effort intense après quatre-cinq heures de course. Mais ceci est normal, il nous manque sûrement un peu d’endurance pour être plus efficace lors des arrivées. Le VTT est vraiment une bonne chose pour travailler l’intensité type-course de la route ! Et c’est pour cela qu’il m’est assez facile de faire la transition entre le VTT et la route.

Pensez-vous que la passerelle VTT-route soit plus facile à effectuer que celle de la piste ou du BMX pour intégrer le monde professionnel sur la route ?
Non, je ne pense pas que ce soit la plus facile, mais je pense surtout que chaque discipline crée des types de coureurs différents… Par exemple, nous, vététistes, on a plutôt des profils de grimpeurs-puncheurs, alors que les pistards, eux, sont plus des sprinteurs. En fait, chaque discipline donne certaines capacités pour obtenir un certain profil sur route, donc il n’y a pas forcément une « passerelle » plus facile qu’une autre.

Dans le cas où vous dites que les pistards deviennent plutôt sprinteurs, Bradley Wiggins en est le parfait contre-exemple ?
Oui, effectivement, mais Wiggins est un sprinteur-rouleur qui est devenu rouleur-grimpeur ! Je pense aussi qu’après sa période sur la piste il s’est découvert un certain nombre de capacités que lui-même ne pensait pas forcément avoir… Il a alors travaillé à la perfection sur ces nouveaux points, et a de ce fait atteint un très gros niveau ! Mais à la base c’est plus un rouleur qu’un grimpeur, et il l’a bien démontré tout au long de la saison.

Le VTT à haut niveau est-il compatible avec une carrière de professionnel sur la route ?
Je pense que oui, car la période de haut niveau en VTT n’est pas très conséquente. Et donc, hormis sur ces périodes de course, effectuer de la route chez les professionnels en parallèle est tout à fait possible. Ceci a été démontré par Jean-Christophe Péraud cette année ou Yury Trofimov à son époque ! Les deux disciplines ne sont donc pas incompatibles !

Vous avez effectué un très beau Tour du Gévaudan avec Saur-Sojasun, cette performance peut-elle vous ouvrir d’autres perspectives pour 2013 ?
C’est officiel, j’ai signé un contrat de néo-pro chez Sojasun pour les deux prochaines saisons ! Je suis vraiment heureux de prendre ce nouveau virage et d’avoir de nouveaux défis à relever ! Comme je l’ai dit précédemment, jouer sur les deux tableaux est tout à fait possible et ceci pourrait vraiment m’intéresser, mais faudrait-il encore que je sois encore pro en VTT… Je voudrais essayer de cumuler les deux disciplines, dans un premier temps, car je pense qu’elles sont vraiment complémentaires et que chacune peut m’être bénéfique envers l’autre ! J’aimerais bien avoir un calendrier réunissant les deux disciplines, un peu comme celui de Jean-Christophe Péraud cette année, mais on verra tout ceci pendant l’hiver, si parfois je reste professionnel en VTT !

Vous courez au CC Etupes depuis 2010, une structure qui voit beaucoup de jeunes coureurs passer pros quelques années plus tard, quel est le petit secret de l’équipe ?
(Il rit) Un petit secret… Je ne sais pas s’il y en a un, mais cette équipe respire vraiment la bonne humeur ! C’est vrai que j’étais toujours content d’effectuer des courses avec elle, car c’est une très bonne petite équipe ! Je pense que ce qui fait la force de cette équipe c’est le sérieux et la décontraction, mais aussi la présence d’un très bon encadrement. C’est sûrement pour cela que bon nombre de coureurs viennent faire leurs formations ici.

L’année dernière vous avez connu une très lourde chute au Tour d’Alsace… Celle-ci ne vous hante pas un peu l’esprit lorsque vous accrochez à nouveau un dossard ?
Non, pas du tout, car en fait je n’ai aucun souvenir de la chute ! Je n’ai vraiment eu aucun problème pour remonter sur le vélo, quelques temps après ! Quand je suis en peloton je n’éprouve aucune appréhension. Cette chute ne m’a pas laissé beaucoup de séquelles, et tant mieux…

Quel est votre programme de courses jusqu’à la fin de saison avec Saur-Sojasun ? Allez-vous faire des courses de VTT en parallèle ?
Tout à fait, je vais faire les deux. Tout d’abord, j’ai effectué une course ce week-end à Barcelone en VTT que j’ai remportée. Ce jeudi je suis sur Paris-Bourges avec Saur-Sojasun. Et pour finir, je m’alignerai sur le Roc d’Azur le dimanche 14 octobre, la célèbre course de fin de saison pour le VTT.

Avez-vous des objectifs précis ?
En fait, je misais tout sur ma course de ce week-end, en Espagne, où je jouais le podium… J’ai finalement remporté la course, et c’est peut-être cette victoire qui a confirmé à l’équipe Sojasun que j’avais le potentiel pour passer pro ! En ce moment, ma forme est ascendante, donc je vais essayer de faire au mieux sur les deux courses restantes. Concernant Paris-Bourges, je vais essayer d’apporter mon maximum à l’équipe, car la course ne me convient pas forcément. Et puis, j’irai sur le Roc d’Azur dans l’idée de réaliser la meilleure course possible…

Propos recueillis par Alexis Rose.